« Oui, j’ai vu qu’elle avait une sacrée collection de peluches animaux. » - Je souris. Mia m’avait fait visiter sa chambre au début de la soirée, avant que l’ont aille prendre le dîner. Caleb avait apprit à sa fille à traiter les animaux avec respect, chose qu’elle semblait avoir très bien comprise. La conversation déviait sur la musique, parce que j’avais eu la chance d’entendre Caleb jouer quelques notes et chanter. Ce qui m’avait beaucoup plût, je ne le cache pas. Et puis, je proposais au journaliste d’aller faire un tour dehors, parce que quand on à la mer à proximité, c’est idiot de rester assis dans le salon. Je terminais mon café avant de le déposer sur la table basse alors que Caleb acceptait ma proposition – « Choueeeetttte » - Dis-je, d’un air enjoué, mais pas trop fort, parce que Mia dormait à l’étage. Comme quoi, il suffit d’un rien pour me donner le sourire. Je le suivais jusqu'à la baie vitrée et nous arrivions sur la terrasse. L’air était doux et léger tandis-ce que la nuit était déjà tombée. J’aime tellement le soir en été. Tout est plus calme et c’est tellement agréable. Je fermais les yeux un instant, accueillant la brise sur mon visage.

« Dans le sable. » - Répondis-je à la question de Caleb avant de retirer mes ballerines. Je les laissais sur la terrasse avant de rejoindre le sable. J’attendais que Caleb me rejoigne avant de reprendre la parole : « Alors, si je résume tu es un journaliste, un photographe, tu aimes chanter et jouer de la guitare. Tu semble être un très bon père aussi… est-ce qu’il y’a une chose que tu ne saches pas faire ? » - Je relevais les yeux vers lui et affichais un sourire. Après tout, cette soirée pouvait être l’occasion de mieux se connaître. Rien qu’aujourd’hui j’avais découvert de nouvelles choses sur lui. Petit un, c’est un père célibataire et petit deux, il aime la musique. Je me posais d’ailleurs des tas de questions sur la mère de Mia, mais les gardaient pour moi, pour l’instant. Que lui était t-il réellement arrivé ? C’est dramatique pour une enfant aussi jeune d’avoir déjà perdu sa mort. Ce n’est pas des choses auxquels les enfants sont censés être confrontés. L’enfance c’est souvent synonyme d’innocence et d’insouciance, du moins, dans la majorité des cas ou pour les plus chanceux.

Je venais poser ma tasse de café à présent vide sur la petite table en bambou de la terrasse avant de retirer les chaussures bateau que j'avais aux pieds. Je rejoignais ensuite Lussy qui s'était déjà installé sur le sable. Le sable était encore tiède. Je venais enfouir mes pieds dans les grains avant de lever mon visage sur la photographe qui avait repris la parole. Ces mots me firent sourire. « J'aime ce résumé. » Je souriais avant de poursuivre. « Oui bien sûr, il y a des tas de choses que je ne sais pas faire. » Je fis mine de chercher, plissant les yeux avant d'ajouter. « Je ne sais pas coudre. Je suis nul en jardinage. J'ai essayé de faire pousser des plantes aromatiques, sans résultat. Je ne crois pas avoir la main verte. » Je regardais la mer plus loin dont on entendait le ressac. Les vagues s'écrasaient à quelques mètres de nos pieds. « Merci pour le très bon père. » J'avouais sans mal que c'est ce compliment qui me faisait le plus plaisir. Je me fichais des récompenses que je pouvais obtenir avec mon boulot. Ce qui me tenait à cœur, c'était de savoir que Mia ne manquait de rien, qu'elle était heureuse même sans sa mère et pour moi, c'était le plus important. Je n'étais pas le père parfait mais je faisais en sorte de faire ce que je croyais juste. J'avais fais des erreurs et j'allais à nouveau en faire mais j'étais rassuré en voyant quelle belle petite fille heureuse et épanouie, elle était devenue.

Je restais silencieux un moment avant de dire, en portant mon regard sur Lussy. « Je ne m'attendais pas à te revoir ce soir. Mais cela me fait plaisir. C'est dommage de ne pas avoir eu le temps de se téléphoner ou de reprendre contact plus tôt. D'ailleurs je m'en excuse. Mais j'ai eu tellement de boulot que je n'ai pas eu une minute pour moi. » Je ne voulais pas que Lussy pense que j'avais délibérément couper contact avec elle, ce qui n'était pas le cas. Lussy était une femme sur laquelle j'avais envie d'en apprendre un peu plus et je crois que c'était la même chose pour elle. A vrai dire, on se connaissait si peu. Enfin on avait parlé mais pas vraiment de nos vies privées, ni même de nos autres passions, à part la photographie.

Je souris en écoutant Caleb énuméré les choses qu’il ne savait pas faire. Nous nous étions désormais installés dans le sable avec pour horizon, la mer. La belle vie quoi ! Très franchement, que demander de plus ? Un coin de paradis et un homme plus que charmant comme compagnie. Je ne vais pas me plaindre. Le journaliste semblait le plus touché par mon compliment sur le fait qu’il soit un bon père – « Mais c’est sincère. Tu as l’air de très bien t’en sortir et Mia semble être heureuse. » - C’est ce qui ressortait aux premiers abords. Je les avais trouvés très bien tous les deux.

Un silence s’installait entre nous et je portais mon regard sur l’horizon. C’est Caleb qui brisait ce silence le premier et mon attention se tournait de nouveau vers lui. Il s’excusait de ne pas avoir eu le temps de prendre contact avec moi depuis la dernière fois. Chose que je pouvais comprendre entre sa fille et son travail, il devait être bien occupé. J’avais moi-même été pas mal prise ces dernières semaines. C’est toujours la folie, je ne m’arrête jamais. A croire que j’ai peur de m’ennuyer si je prends trop de repos – « Vraiment ? Moi qui pensais que tu m’avais oubliée, me voilà rassurée. » - Répondis-je sur un ton plutôt léger, sourire aux lèvres. Quoi que je m’étais réellement demandée si il avait pensé à moi, si il ne m’avait pas oubliée. J’étais donc plutôt contente d’entendre ses paroles – « Je dois dire que j’ai eu très peu de temps pour moi aussi, alors les excuses sont acceptées. » - En fait, c’était plutôt à moi de m’excuser. J’avais insinué certaines choses quelques heures plus tôt, l’accusant d’avoir jouer avec moi – « Je suis contente de te revoir aussi. C’est vrai que c’est dommage de ne pas avoir repris le contact plus tôt ou de ne pas s’être vus, mais on peut toujours se rattraper. » - Ajoutais-je en lui souriant.

Non je ne l'avais pas oublié. Lussy n'était pas le genre de femmes qu'on pouvait oublier facilement. Je crois qu'on se souvenait d'elle facilement. Non seulement, parce qu'elle était une très belle femme mais aussi parce qu'elle avait un tempérament qui me plaisait. Elle profitait de la vie, elle respirait le bien être et ça, c'était ce qui me plaisait. Je déteste les gens qui se plaignent sans arrêt et qui regardent toujours chez le voisin pour voir si l'herbe est plus verte chez eux. Avec Lussy, on a pu partager un tas de choses sans se prendre la tête. On a juste profité du temps qu'on a passé ensemble. Et c'était ce qui me plaisait. J'aurais aimé pouvoir la recontacter plus tôt mais cela avait été impossible, malheureusement.

Aux mots de la photographe, je posais à nouveau mon regard sur elle. « Absolument pas. Je ne t'avais pas oublié. » J'esquissais un sourire avant de reprendre. « D'ailleurs, en parlant de ça... Explique-moi ta réaction de cet aprem? » Je fronçais un peu les sourcils en me souvenant des mots de la jolie blonde tout à l'heure, sur la plage. Elle avait semblé assez énervé à la plage. Elle avait même sous entendu que je l'avais prise pour une idiote. Ce que je n'avais absolument pas compris et surtout, ce qui n'était, bien sûr absolument pas le cas. Mais cela me rendait curieux et songeur et même perplexe, quant aux choses qui avaient pu lui faire penser que c'était le cas. « Je ne sais pas pourquoi tu as prononcé ces paroles, mais je ne t'ai jamais prise pour une idiote. »

Je ne pus m’empêcher de sourire lorsqu’il confirmait ne pas m’avoir oublié. Nous avions passé ensemble de très bons moments. J’avais adoré me retrouver en sa compagnie et regretté de devoir retourné à mon quotidien aussi vite. Quand Caleb poursuivit, mon sourire s’effaçait quelque peu. Il remettait sur le tapis ma réaction de plus tôt dans la journée, à l’instant où j’avais appris que Mia était sa fille. Parce qu’il n’avait pas compris ce que cela sous entendait ? Il ne comprenait pas pourquoi j’avais dit qu’il me prenait pour une idiote. Forcément, Caleb n’avait en réalité rien à se reprocher, mais je pensais qu’il avait saisi que je le croyais en couple. Devoir donner des explications ne m’enchantait pas, mais je ne suis pas du genre à contourner les conversations. Je suis franche et directe. Posant derechef mes yeux sur son visage, je passais aux aveux : « Ah oui, ça… » - Je marquais un silence de quelques secondes – « Je pensais que tu étais en couple. Quand tu m’as dit que Mia était ta fille, je me suis automatiquement mise dans la tête que tu étais avec sa mère. Cela me semblait... je ne sais pas... logique. J’ai pas pensé une seule seconde que tu étais tout seul avec ta fille. » - Je ne le quittais pas des yeux une seconde, malgré la honte que je ressentais – « J’ai honte d’avoir porté un jugement aussi hâtif en pensant que tu étais un mec en couple qui trompe sa femme. C’est pour ça que je t’ai dit que tu me prenais pour une idiote. Je suis contente de savoir que ce n’est pas le cas. » - Je me demandais si il allait m’en tenir rigueur – « Je suis désolée. » - Je le quittais des yeux un instant et baissais la tête, regardant mes pieds dans le sable – « Est-ce que tu m’en veux ? » - Demandais-je en le regardant de nouveau avec mon air de petite malheureuse.

J'observais Lussy quand elle commença à parler. J'étais curieux à ce moment là de connaître le fond de sa pensée. Savoir pourquoi elle m'avait parlé de cette façon. Je n'avais pas compris alors il était donc normal que je me pose des questions. Je l'observais, les sourcils encore légèrement froncés. Puis à ces premiers mots, je compris alors rapidement pourquoi elle avait réagi de cette façon. Elle pensait que j'étais en couple avec la mère de Mia. En y réfléchissant, ce n'était pas une réaction idiote. Elle était même totalement compréhensible. Je hochais donc doucement la tête au fur et à mesure qu'elle parlait. J'avais été complètement à côté de la plaque. J'avais encore du mal pour cerner les femmes. Nous n'avions décidément pas les mêmes choses en tête. Mais c'était naturel. Elle avait tout à fait le droit de se poser cette question en me voyant avec Mia. « Ah d'accord, je comprends mieux. Et tu n'as pas a être désolée. Je pense que ta réaction est tout à fait légitime. Peut-être que je m'aurais posé la même question si la situation était inversée. » En plus, pas une seule fois au cours des journées que nous avions passé ensemble, je n'avais abordé le sujet de ma vie privée et donc de Mia. Ce n'était pas quelque chose que je dévoilais facilement. Non pas que j'avais honte de ma fille, pas le moins du monde. Mia était ce qui m'étais arrivé de mieux dans la vie. Je ne regrettais pas du tout sa naissance. Mais ma vie privée restait ma vie privée. Il me fallait un peu de temps pour en parler. Mais Mia semblait déjà apprécier Lussy. Je ne l'avais jamais vu parler autant avec une personne qu'elle ne connaissait que depuis quelques heures. « Donc non, je ne t'en veux pas. » Je souriais un peu plus avant d'ajouter. « Je t'en veux encore moins quand tu me fais ce regard de petit chiot perdu. » Je regardais ensuite la mer devant moi. Je restais silencieux un instant, perdu dans mes souvenirs. « La mère de Mia est morte à sa naissance. Elle a eu un accident de voiture qui a provoqué l'accouchement. Les médecins n'ont pas réussi à la sauver... »

Caleb se montrait compréhensif par rapport à ma réaction de toute à l’heure. J’étais plutôt contente qu’il le prenne ainsi. Après tout, en le voyant avec sa fille, comment aurais-je pu ne pas imaginer qu’il était en couple ? On ne fait pas les enfants seuls, alors c’est normal que je me sois demandé si il était avec quelqu’un. Je n’avais compris que plus tard que la mère de Mia était décédée. J’esquissais un sourire quand il me dit qu’il ne m’en voulait pas, surtout quand je lui faisais mon regard de « chiot perdu »

« Hum… c’est bon à savoir. Je retiens qu’il me suffit de prendre cet air de chien battu pour t’attendrir. » - Dis-je pour plaisanté, le sourire toujours gravé sur mes lèvres. Un moment de silence s’installait entre nous. Je posais mon regard sur Caleb qui me semblait bien pensif. Un instant plus tard, il me racontait ce qui était arrivé à la mère de sa fille. C’était terrible ! Mia n’avait même pas eu le temps de connaître sa mère puisque cette dernière était morte le jour de sa naissance. Caleb s’était donc retrouvé seul pour élever la petite – « Je suis désolée pour Mia et toi. Ça n’a pas du être quelque chose de facile à vivre... » - Je marquais un courte pause avant de reprendre la parole : « En tout cas, c’est une petite fille géniale. Jamais on pourrait imaginer ce qu’elle a eut à traverser en la voyant. » - Mia avait l’air d’être une petite fille heureuse et épanouie. Pourtant, elle n’avait jamais connu sa mère. J’imagine qu’à l’école, elle remarque que tous ces petits camarades en ont une et qu’elle est la seule à ne pas en avoir. Une mère, c’est très important dans la vie d’une fille que ce soit quand on est fillette, mais aussi plus tard à l’adolescence et au début de la vie de femme.

« J'espère que tu ne vas pas trop en profiter. » Je plaisantais tout comme Lussy pouvait le faire à cet instant. J'appréciais sa compagnie et je n'avais pas envie qu'elle change. Elle me plaisait comme elle était. Et c'était ce genre de moment qui me faisait encore plus apprécier sa présence à mes côtés. Cela faisait longtemps que cela ne m'était pas arrivé. Une éternité même. Je reportais mon visage devant moi alors que la brise s'était un peu levée, faisant bouger nos cheveux.

Mon sourire s'estompa quand je me plongeais dans mes souvenirs. Cela faisait une éternité également que je n'avais pas parlé d'Abigaëlle. La mère de Mia était morte il y a quatre ans. Nous nous étions connus à la fin de la fac. J'avais 22 ans et je n'étais pas prêt à m'engager. Je venais de signer un contrat pour un grand journal. Je n'avais pas envie de complications dans ma vie. J'avais été idiot à l'époque. Et il n'y avait pas un jour qui passait, encore aujourd'hui, sans que je me maudisse pour mon attitude. Je reportais mon regard sur Lussy. Oui Mia était une petite fille géniale. Elle était un réelle cadeau. Ma vie avait pris un sens avec elle. « J'essaie de faire mon possible pour qu'elle ne soit pas malheureuse à cause de l'absence de sa mère. Mais parfois elle me pose des questions. Elle veut savoir comment était sa mère, ce qu'elle aimait faire, si elle aimait les mêmes choses qu'elle... » Je savais bien que malgré ses sourires, parfois elle était triste de ne pas avoir de maman. Je ne pouvais rien y faire. « Mais je crois que la présence d'une femme lui manque. J'ai beau avoir appris à faire des tresses, des couettes, à lui mettre des barrettes dans les cheveux ou des chouchous, je ne pourrais jamais remplacer sa mère. » Cela m'attristait. J'avais beau tout faire pour qu'elle ne manque de rien. Je ne pourrais jamais changer ce point. « Aujourd'hui, elle ne t'a pas lâché une minute. Je crois, enfin non j'en suis sûre, qu'elle t'apprécie beaucoup. D'ordinaire, elle n'est pas si bavarde avec des personnes qu'elle connait à peine. »

« C’est pas mon genre, voyons. » - Dis-je avec un air des plus angélique. J’aimais beaucoup plaisanter, taquiner, rire et heureusement pour moi, Caleb semblait apprécier cela. Ce serait très agaçant d’avoir à faire à quelqu’un qui n’apprécie par la plaisanterie ou qui n’a aucun humour. Ce n’était évidemment pas le cas de Caleb. C’est très agréable de passer du temps en sa compagnie.

Nous avions passés des journées ensemble, mais pas une fois Caleb n’avait évoqué l’existence de Mia. Alors évidement, quand je l’ai vue, j’étais très surprise. Je sais qu’il y’a beaucoup de choses qu’on ignore l’un sur l’autre. Qu’au final, on à pas beaucoup parler, mais être père, ce n’est pas rien. Pourquoi ne me l’a-t-il pas dit ? Peut-être parce qu’il ne pensait plus me revoir après ce petit séjour ? Cette question me fit réfléchir un instant, mais je reportais mon attention sur Caleb quand il reprit la parole. Évidemment que Mia posait des questions sur sa mère. Elle n’avait pas eu la chance de la connaître. Elle ne peut la connaître qu’à travers les récits de son père – « C’est sûr que tu ne pourras jamais remplacer sa mère. Je sais que c’est très important pour une fille d’avoir une mère près d’elle pour des tas de raisons. Mais, tu es son père et je suis persuadée que tu lui apportes beaucoup. C'est difficile de grandir sans mère, de ne même pas la connaître. » - Je marquais un temps de silence – « Je connais ma mère et j’ai grandis près d’elle, sauf qu’elle n’avait pas vraiment l’attitude d’une mère. Elle était beaucoup préoccupée par le travail, son argent et régenter ma vie, mais elle ne m’a jamais apporté d’affection ou même de l’intérêt. Elle ne m’a rien apprit de particulier et on a rien partagé ensemble. Elle était là sans l’être vraiment, tu vois ce que je veux dire ? Et je dois dire que j’aurai aimé avoir une vraie mère. Ça m’a manqué. » - Pourquoi est-ce que je lui racontais cela ? Je parle très rarement de ma famille. Je détestais tellement mes parents de ne jamais avoir été ceux que j'aurai aimé qu'ils soient. En fait, je les déteste pour des tas de choses – « Alors disons que je peux comprendre en quelque sorte ce que c’est de manquer d’une mère, même si mon histoire ne ressemble pas à celle de Mia. Elle aura peut-être toujours un manque, mais ça ne veut pas dire qu'elle ne pourra pas être heureuse quand même. »

Caleb me dit de nouveau que Mia semblait m’apprécier, parce qu’elle ne m’avait pas lâchée aujourd’hui. Je souris – « Ah oui ? C’est vrai qu’elle s’est montrée rapidement à l’aise avec moi. J’étais surprise parce qu’elle ne me connaît pas. Je pense que c’est aussi parce qu’elle me voit comme une sauveuse des animaux. »

J'écoutais avec attention Lussy parler de sa propre expérience. Apparemment, elle n'avait pas eu une mère très présente. Ce qui fait, qu'elle avait toujours ressenti un manque. Je savais bien que la présence d'une mère était importante. C'était pour cette façon que j'essayais de compenser comme je le pouvais cette absence. Je crois que Mia ne s'en formaliser pas trop. Bien sûr, sa mère lui manquait. Elle était curieuse de connaître la femme qu'elle était. Mais je lui parlais de temps en temps d'Abigaëlle. Je lui racontais certains souvenirs. Je voyais à ces moments là, ces yeux briller d'intérêt. Mais malgré tous mes efforts, je savais très bien que je ne pourrais jamais combler ce manque. J'espérais juste le rendre supportable. Afin que cela ne l'empêche pas de vivre. Je ne voulais pas qu'elle se mine pour des choses qu'elle ne pouvait pas changer. Mia était une petite fille intelligente, très intuitive. Elle ressemblait sa mère de ce côté là. Abi avait toujours eu le chic pour cerner les gens.

J'observais Lussy. J'étais surpris qu'elle me confie ce genre de choses. Je suppose que ce n'était pas des choses faciles à dire. Mais j'étais flatté qu'elle le fasse avec moi. Cela voulait dire qu'elle me faisait assez confiance pour me raconter une part de sa vie, comme je venais de le faire moi même quelques minutes plus tôt. « Oui je suppose que comme toi, elle aurait toujours un manque à combler. J'espère simplement qu'elle ne va pas s'en rendre malheureuse plus tard... » Je la regardais à nouveau après un silence pour ajouter. « Cela n'a pas l'air d'avoir été facile pour toi. Mais tu as réussi à aller de l'avant, c'est le principal. » Je me détendais un peu, passant une main sur ma nuque. Contrairement à elle, j'avais eu des parents très présents. Et je n'avais manqué de rien étant plus jeune. Alors je ne pouvais pas savoir ce qu'elle pouvait ressentir mais je comprenais très bien, ce qu'une absence représentée. Abi était morte il y a quatre ans et elle me manquait chaque jour. Peut-être parce que j'avais encore des regrets et surtout, parce que je m'en voulais de ma réaction. Peut-être alors que tout serait différent à présent. Mia aurait peut-être encore sa mère... Je me redressais à nouveau avant de sourire aux paroles de la jolie blonde. « Peut-être. D'ailleurs... » Je me passais une main dans les cheveux avant de dire: « … je me demandais... est-ce que cela te dérangerai si Mia venait parfois te voir au refuge? Je crois que parler avec une femme lui ferait du bien. Elle aime faire les boutiques aussi, mais je suis sure qu'elle apprécierai encore plus de les faire avec une personne qui s'y connait. » J'étais un peu gêné de lui demander ça mais j'avais confiance en Lussy et Mia semblait s'être vraiment attachée à elle. « La dernière fois j'ai confondu Dora et Pucca et je me suis retrouvé à aller échanger tout ce que j'avais acheté. » Je souriais.

C’est vrai que ça avait été loin d’être facile de vivre avec une famille comme la mienne. J’avais des parents sans en avoir vraiment. Je crois que je suis en réalité née dans la mauvaise famille. Enfin, on dit qu’on ne choisi pas sa famille, n’est-ce pas ? Il est clair que j’aurai choisi différemment si j’avais pu le faire. J’aurais tellement aimé avoir des parents qui s’intéressent vraiment à moi, des parents qui m’aiment comme je suis. J’aurai voulu qu’il me soutienne quelque soit mes choix et qu’ils m’encourage à suivre mes rêves au lieu de vouloir régenté ma vie. J’avais effectivement réussit à aller de l’avant malgré tout, mais on m’avait aidée – « Oui, ça n’a pas été facile, mais heureusement pour moi j’avais d’autres personnes extraordinaire à mes côtés. Mes amis m’ont beaucoup aidé et je dois dire qu’aujourd’hui, c’est eux ma famille. » - Lui avouais-je. Je me sentais bien en sa compagnie, c’est peut-être pour ça qu’il m’était naturellement venu l’envie de me confier – « J’espère aussi que cela ne la rendra pas trop malheureuse plus tard. Il y aura forcément des moments où elle y pensera, mais je pense qu’elle s’en sortira. Et puis, elle pourra toujours compter sur le soutien et l’amour inconditionnel de son père. » - Ajoutais-je.

Je posais mes prunelles sur Caleb qui semblait avoir une demande à me faire. Je l’écoutais avec attention, d’abord étonnée. Cette demande me surprenait, parce qu’on ne se connaissait pas beaucoup, mais il n’hésitais pas à me confier sa fille. Mia est certainement la personne la plus chère à ses yeux, alors je suis touchée de la confiance qu’il me fait. Je répondis à son sourire avant de prendre la parole : « Non ça ne me dérangerait pas du tout et d’ailleurs, ça me ferait même très plaisir. Je l’aime beaucoup, Mia. Elle pourra voir les animaux et on fera aussi des tas de trucs de filles. J’aime bien faire les boutiques aussi, ça tombe bien ! On va bien s’amuser. » - Je terminais ma réplique avec un autre sourire, puis laissait passer un petit instant de silence – « Je suis touchée de la confiance que tu as en moi. » - Avouais-je, parce que je l’étais réellement.

C'était ce que j'espérais pour Mia. Je ne voulais pas qu'elle s'attarde sur ce qui lui manquait mais plutôt sur ce qu'elle avait. Je serais toujours là pour elle, tout comme ses petites copines et ses amies plus tard. Alors j'espérais que cela allait en faire une jeune fille puis une femme épanouie comme pouvait l'être Lussy. Pour l'instant, le fait de ne pas avoir de mère ne semblait pas la perturber plus que nécessaire. Elle savait qu'elle n'avait pas de maman mais elle ne s'attristait pas pour ce fait. Bien sûr, parfois elle posait des questions sur sa mère et c'était normal. Je lui répondais alors et elle se faisait ses propres souvenirs. Je n'avais pas envie non plus qu'elle ne connaisse pas Abigaëlle. Elle avait eu une mère même si cette dernière n'était plus là. Elle avait une maman et cela ne changera jamais. Aux paroles de Lussy, je reportais mon attention sur elle. « J'espère que Mia le prendra ainsi. Et puis elle a hérité de ma facilité à aller vers les gens alors elle est déjà la reine de sa classe. » Cela me fit sourire. Être la princesse, être le centre d'intérêt, ma fille adorait ça. Elle n'était pas timide, c'était bien le cas. Puis mon sourire s'estompa un peu. « Seul l'avenir nous le dira. Mais je serais toujours là pour elle en tout cas. »

Je ne savais pas ce que l'avenir nous réservait mais j'avais envie de croire que l'absence de la mère de Mia ne sera pas un frein dans sa vie. J'allais ajouter quelque chose quand j'entendis du bruit derrière nous. Je tournais la tête et je vis ma petite princesse, les yeux à demi clos. « Mia, tu es censée être dans ton lit. » Elle fit une moue tout en nous observant, restant à l'intérieur de la maison, la baie vitrée toujours entrouverte. Je regardais Lussy. « On accepte de la compagnie? » A l'acquiescement de cette dernière, je dis alors à ma fille. « C'est bon princesse, tu peux venir, mais retire tes chaussons. » Mia obtempéra. Elle n'arrivait apparemment pas à dormir. Et comme elle était comme moi, plus elle essayait de dormir et moins cela marchait, alors autant qu'elle reste un peu avec nous. Mia retira ses pantoufles à tête de moutons puis elle marcha vers nous, s'enfonçant un peu dans le sable. Elle arriva jusqu'à moi et je la prenais contre moi, son dos contre mon torse. Je l'embrassais sur la tête. « Alors, tu n'arrives pas à dormir? » Mia acquiessa de la tête. Elle s'était blotti contre moi, sa tête contre mon torse, observant Lussy, la mine fatiguée.

C’était une bonne chose que Mia ne soit pas timide et ait de la facilité à aller vers les autres. Il n’y à rien de pire que de voir un enfant s’isoler du reste du groupe. En effet, seul l’avenir nous dirait comment Mia vivrait l’absence d’une mère, de sa mère. Mais Caleb serait toujours à ses côtés. Il a l’air d’être un père très protecteur, pas le genre à laisser tomber sa propre fille. Instinctivement, je posais ma main sur la sienne avant de répondre, comme un signe de soutien. On espérait tous les deux que les choses se passeraient bien pour Mia et qu’elle ne souffrirait pas trop de l’absence de sa mère. J’ai beau ne pas beaucoup connaître la fillette, ça me ferait mal au cœur de la voir malheureuse. Je retirais ma main de celle de Caleb et me tournais au son d’un bruit derrière nous. C’était Mia qui s’était – apparemment – réveiller. Naturellement qu’on acceptait de la compagnie. Je hochais la tête en signe d’approbation à Caleb et Mia vint nous rejoindre dans le sable. Elle trouva rapidement une place, blottie dans les bras de son père. Ils avaient l’air très proches tous les deux. En même temps, il était son seul parent. La fillette semblait fatiguée et avouait ne pas réussir à dormir.

Je regardais le père et la fille assez attendrie par cette image. Ils étaient tellement mignons tous les deux. Je réfléchissais à nouveau à ce que Caleb m’avait demandé, passer un peu de temps avec Mia. Une idée que j’avais approuvée et acceptée avec plaisir. Je posais mes yeux sur la fillette – « Mia, ça te dirait de passer du temps au refuge avec moi ? Tu pourrais venir quelques fois et m’aider un peu ? En plus, tu pourras aussi voir Dora plus souvent. » - Je la quittais des yeux un instant pour relever le regard vers Caleb, lui adressant un sourire. Voilà une nouvelle qui plairait certainement à la fillette. D’après son père, Dora était déjà devenue sa meilleure amie et j’avais pu constater qu’elle avait aimé passer du temps au refuge.

Mia s'était donc blotti contre moi. Elle était très fatiguée mais n'arrivait pas à s'endormir de nouveau. Elle posa son regard ensommeillé sur Lussy qui l'observait. Je ne savais pas si Mia voudrait aller au refuge avec Lussy ou même passer un peu plus de temps avec elle. Mais je savais qu'elle manquait de présence féminine et que Lussy allait pouvoir lui apporter ce que je ne pouvais pas. Et puis, oui j'avais confiance dans la journaliste. Je n'aurais pas demandé cela à n'importe qui. Je connaissais assez la photographe pour savoir que je n'aurais pas à m'inquiéter quand Mia sera avec elle. C'était une femme épanouie, responsable qui prendrait très bien soin d'elle. Je n'en doutais pas.

Je reportais d'ailleurs mon attention sur elle quand Lussy lui proposa de venir de temps en temps au refuge pour l'aider et voir également Dora. Mia se redressa alors comme je m'y attendais, me jetant un œil même si elle paraissait toujours aussi endormie. « Je peux papa? » Je jetais un œil à Lussy qui avait porté son regard sur moi avant de répondre en posant mon regard sur celui semblable au mien. « Oui mais tu ne négliges pas tes leçons. » La petite acquiesça de la tête et j'ajoutais alors: « Tu peux dire merci à Lussy. » Mia me jeta un œil avant de se relever et d'aller faire un câlin à Lussy ce qui me surpris un peu mais cela me fit sourire en même temps. « Merci Lussy... » Elle sourit timidement avant de revenir vers moi pour se laisser tomber dans mes bras. Elle se mit à sourire à son tour avant de poser sa tête contre mon torse. « J'ai l'impression que tu vas encore mieux travailler à présent. » Mia sourit, se cachant le visage par timidité.

Mia acceptait mon idée après avoir bien sûr, demandé l’autorisation de son père. Je souris, contente que cela lui plaise. Après tout, elle ne me connaissait que depuis aujourd’hui, alors elle aurait pu refusé par timidité. Mais j’ai toujours su plus ou moins mettre les gens qui m’entourent à l’aise avec moi. Je ferai de mon mieux pour que Mia se sente bien en ma présence et que les moments que l’on passerait au refuge soient agréables pour elle. Mia se redressa et vint vers moi pour me faire un câlin, chose qui m’étonnait. A en voir l’air sur le visage de Caleb, il était aussi surprit que moi. Je passais mes bras autour de la fillette pour la serrer dans mes bras un instant – « Mais ça me fait plaisir. Tu vas voir, ça va être cool. » - Dis-je avec douceur. Mia reprenait place dans les bras de son papa.

En voyant l’air fatigué de la fillette, je me disais qu’il ne lui faudrait que quelques minutes pour se rendormir dans les bras, sûrement rassurants, de son père. Le silence s’installait un instant entre nous trois, tandis-ce que je tournais mon regard vers la mer – « Tu as déjà emmené Mia à l’oceanaruim ? Elle qui aime les animaux, ça pourrait peut-être lui plaire. C’est un beau parc et ils sont pour la sauvegarde des animaux marins. » - Demandais-je comme ça à tout hasard, parce que j’avais visité le Sea World à plusieurs reprises et j’avais aimé. Je n’aime pas voir les animaux enfermés ou utilisés, mais ce n’était pas le cas à Sea World. A mes yeux, c’était un lieu qu’il fallait visité au moins une fois dans sa vie, si on aime les animaux marins bien entendu. En posant de nouveau mes yeux sur Mia, je remarquais que celle-ci avait déjà fermé les yeux de nouveau – « On dirait qu’elle a retrouvé le sommeil. »

« Nous y allons une fois par mois. C'est un petit rituel entre nous. Elle apprécie cette sortie et elle passe pas mal de temps ensuite à retranscrire sa visite en dessins. » Je souriais à ces mots. Mia était une artiste en herbe. Elle pouvait passer de longs moments à dessiner dans le silence le plus complet. Déjà quand elle était bébé. Il suffisait de lui mettre un crayon de couleur dans la main, de lui donner une feuille blanche et elle devenait silencieuse. C'était la bonne solution quand je voulais travailler tranquillement sur un dossier. D'ailleurs la petite fresque qui était sur l'un des murs de sa chambre était une de ces créations. Je me souviens que l'on avait peint des après midi durant, mangeant un sandwich entre deux poses de couches. Cela amusait Mia et pour ma part, j'appréciais profiter de ma fille de cette façon.

Aux paroles de Lussy, je jetais un œil à Mia. Elle s'était finalement endormie. Je remettais correctement une mèche de ses cheveux, semblables à ceux de sa mère, qui tombait devant ces yeux, derrière son oreille. « On dirait oui... » Je l'observais dormir un instant avant de reposer mes yeux sur Lussy. « Merci de l'accueillir au refuge. Je crois que cela va bien lui plaire. » J'en étais même certain. Mia allait passer des moments agréables avec la photographe. Elles pourront parler de «trucs » de filles. « Et puis, cela nous permettra de nous voir de temps en temps... d'ailleurs, il y a une exposition d'estampes japonaises au musée du Mart', ça te dirait d'y aller avec moi? » Je me disais que ce serait dommage de ne pas poursuivre ce qui s'était passé quelques semaines plus tôt. J'avais à nouveau envie d'en apprendre un peu plus sur elle. Et puis je crois que la curiosité était réciproque.

« Une future artiste dans l’âme… » - Commentais-je lorsque Caleb me dit que Mia retranscrivait leurs visites à l’oceanarium en dessin. Je souriais à ma réplique, puis remarquai que la fillette avait retrouvé Morphée. Derechef, un sourire se fendillait sur mon visage. Elle était si mignonne, endormie paisiblement dans les bras protecteurs de son père. Ce dernier me remerciait d’accepter d’accueillir Mia au refuge – « Je te l’ai dit, c’est avec plaisir, ça ne me dérange pas du tout. » - Le journaliste ajoutait que cela nous permettrait aussi de nous voir de temps en temps avant de me proposer de l’accompagner à une exposition – « Je dois dire que l’idée de se voir de temps en temps est loin de me déplaire. » - Je souris. Bien au contraire d’ailleurs. J’aime sa compagnie et je n’ai ni honte de le montrer, ni de le dire. Nous avions passé de très bons moments ensemble, il savait très certainement que j’avais apprécié tout cela. Tout comme il devait bien avoir remarqué qu’il me plaisait. A moins d’être aveugle. Bref. La perspective de le voir de temps à autre me plaisait, tout comme le fait d’aller à l’exposition ensemble – « Et ouais, je suis partante pour l’exposition. J’en avais entendu parlé et j’avais très envie de la voir d’ailleurs. » - Je sais apprécier l’art en tout genre, bien que je ne sois pas douée pour toutes les formes d’arts.

J’étais bien contente d’avoir recroisé Caleb aujourd’hui. Je regrettais de ne pas avoir pu avoir de contact avec lui avant, car après les quelques jours que nous avions passé ensemble, j’avais ressentie cette envie de le revoir, de le connaître davantage. Désormais – il me semble – j’en aurai l’opportunité. Nous aurions tout le temps d’apprendre à nous découvrir et nous connaître un peu plus. La conversation et la soirée se poursuivaient tranquillement. Puis, je décidais de regagner mon domicile. J’aurai très bien pu rester toute la nuit à poursuivre la conversation, mais bon, il avait certainement du travail demain et moi aussi d’ailleurs. Je ne voulais pas trop le déranger (quoi que je n’avais pas l’impression de le déranger) et perturber son sommeil. Je laissais Caleb avait regret, mais nous aurions tout le temps de nous retrouver et de discuter ensemble. Je laissais le père célibataire aller remettre sa fille endormie dans son lit, avant de m’accompagner jusqu'à la porte d’entrée - « Alors, à demain. » - Il avait promit à sa fille de venir prendre des nouvelles de Dora au refuge dès le lendemain. J’approchais mon visage du sien pour déposer un baisé au coin de ses lèvres. J’affichais un dernier sourire avant de tourner les talons.

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