Another Day in Paradise (Pv Lussy)

La journée avait été assez éprouvante. Elles le sont toutes quand ont décide de s’engager dans la défense animale. Aujourd’hui, une dame nous avait appelé parce qu’elle entendait des aboiements et des hurlements dans l’appartement voisin. Il s’est avéré que six chiens y avaient été enfermés sans eau, sans nourriture. Ils étaient à l’abandon. Aucune trace des maîtres qui, apparemment avait déserté la maison. Nous sommes en pleine période estivale et beaucoup de gens préfèrent abandonner leurs animaux et partir en vacances, plutôt que de les confier à quelqu’un. Je ne comprendrais jamais ce genre de comportement. Vous ne laisseriez jamais votre enfant sur le bord de la route pour aller en vacances ? Alors pourquoi le faire avec un chien ? Parfois, c’est vraiment découragent, parce que j’ai l’impression que toutes les campagnes qu’on mène ne changent rien. Il y aura toujours des cons pour maltraiter les animaux ou pour les abandonner. Mais à chaque fois que je me mets à penser à ça, je me dis qu’il faut justement qu’il y ait des associations comme la mienne pour sauver les animaux. Je n’abandonnerais donc jamais mon combat. Je vois et j’entends des choses affreuses tous les jours, mais je ne regrette pas mon choix. Quand je sauve un pauvre petit animal, je me sens utile au moins.

Il était seize heures passé quand je décidais de faire une pause et de me rendre à la plage. J’avais travaillé depuis ce matin, entre m’occuper des animaux et faire la paperasse, car oui, il y’en à énormément. Je n’avais pris une pause qu’a midi afin de manger un peu. Je pris la mustang direction la plage. Arrivée sur les lieux, je me garais sur le parking. La plage de Gold Coast était immense et comme j’ai toujours vécu ici, je sais qu’il y’a des côtés un peu moins bondés de monde. Je retirais mes ballerines afin de pouvoirs marcher pieds nus dans le sable chaud. Je portais un mini short en jean, ainsi qu’un débardeur blanc. Mes cheveux étaient relevés en queue de cheval. Lunettes de soleil sur le nez. Mes chaussures dans les mains, je marchais tranquillement. J’ai beau aimé être entourée, j’aime aussi m’accorder des moments à moi toute seule comme maintenant.

Après plusieurs minutes de balade, je décidais d’aller me poser tranquillement sur un banc. Je remarquais que celui-ci était déjà occupé, mais je continuais d’avancer, car plus je m’avançais, plus je me rendais compte que cette personne ne m’était pas inconnue. Derrière ses lunettes noires, il semblait surveiller la petite fille qui jouait non loin de lui, dans le sable. – « Caleb ? » - Dis-je, un peu étonnée de le trouvé ici à Gold Coast. Je l’avais rencontré à l’extérieur de la ville, lors d’un reportage photo. Je lui adressais un de mes grands sourires. Je m’asseyais près de lui, après lui avoir demandé si cela ne le dérangeait pas – « Ça t’arrive souvent de venir sur la plage de Gold Coast ? » - demandais-je. Mon regard quittait Caleb un instant et je regardais devant moi. La petite fille jouait toujours dans le sable, seule. Il n’y avait aucun adulte aux alentours, sauf Caleb. Je me demandais si elle était donc avec lui où si elle était l’enfant de parents très négligents – « Elle est trop mignonne. » - Dis-je en parlant de la fillette – « C’est ta sœur ou ta nièce ? » - Ajoutais-je, il me paraissait peut probable que ce soit sa fille. Du moins, c’est une idée qui ne m’effleurait pas l’esprit une seconde.

J'étais perdu dans mes pensées quand Lussy était venu jusqu'à moi. Je ne l'avais pas vu arriver. Je savais qu'elle vivait ici mais nous n'avions pas pu nous reparler depuis notre dernière rencontre. Nous avions eu une liaison il y a quelques semaines mais à vrai dire nous nous connaissions à peine. Ce qui s'était passé entre nous, n'était pas calculé. Nous avions juste écouté l'alchimie qu'il y avait entre nous. Et c'était tout. Maintenant je me rendais compte que nous ne savions quasiment rien l'un de l'autre. Il y a des tas de choses que Lussy ne savait pas, et pas des moindres. Et c'était la même chose, inversement. Cette après midi là, elle pouvait voir une autre facette de ma personnalité. Ici, avec Mia, je n'étais pas le journaliste mais simplement le père. Je faisais toujours attention pour différencier ces deux parties de ma vie. Je voulais garder un peu de temps pour mon boulot mais aussi pour ma fille. Elle passait même avant tout autre chose et dès que j'avais un peu de temps, je lui consacrais. Je ne voulais pas rater le moindre instant de sa vie. Elle grandissait tellement vite. Il me semblait que c'était hier que je l'avais prise pour la première fois dans mes bras. Maintenant, elle avait bientôt quatre ans et elle avait fait sa première rentrée à l'école cette année.

Je relevais mon visage sur elle. Elle s'installa ensuite sur le banc quand je l'invitais à le faire. Je l'observais alors qu'elle me posais une première question. « Je viens quasiment tous les jours. » Ce serait idiot de ne pas profiter de la mer alors qu'elle était juste là. Et puis, j'avais toujours aimé la mer depuis que j'étais gosse. Je crois que je n'aurais pas aimé une autre ville pour vivre que GoldCoast. Et c'était aussi parfois pour Mia. Elle avait besoin d'une atmosphère plus détendue, davantage que celle d'une ville bruyante, stressante et polluée comme l'était Sydney. J'observais Lussy avant de demander: « Et toi? Je ne t'avais encore jamais croisé ici. » Je ne me souvenais pas l'avoir déjà vu sur la plage. A moins que nous n'avions pas les mêmes horaires de passage, ce qui expliquait bien des choses. Je reportais ensuite mon regard sur Mia à ses paroles. Un fin sourire se dessina sur mes lèvres alors que ma princesse s'amusait à construire un château. Elle prenait du sable dans les mains pour en faire des petits tas réguliers. Elle n'avait pourtant aucun jouet à sa portée mais cela ne semblait pas l'ennuyer. Ce qui me fit sourire encore plus. Mia se redressa un peu avant de passer une main dans ses cheveux qui volaient un peu trop à cause du vent. Puis à la question de Lussy, je tournais mon visage sur elle. Je me redressais un peu avant de répondre: « Mia est ma fille. »

Cette dernière finit par revenir vers nous. Elle se grattait l’œil. « Papa, mon œil pique. » Je fronçais les sourcils tout en retirant les lunettes de mon nez pour les mettre sur mon crane. J'observais son oeil, légèrement rougie. « C'est rien ma puce. » Je lui retirais le petit grain qui causait l'irritation. « Voilà princesse. » Elle allait se mettre à gratter à nouveau son œil. Je l'en empêchais. « Non non, ne touche plus. Sinon cela va te faire pleurer à nouveau. » Je retirais la larme qui avait coulé sur sa joue avec mes doigts. C'est là qu'elle remarqua la présence de Lussy. La petite fille l'observa. « Mia, je te présente Lussy, une amie. Lussy, je te présente Mia. » Cette dernière se mit à rougir avant de murmurer un « bonjour » assez gêne. Cela me fit sourire.

Caleb venait donc tous les jours sur la plage de Gold Coast et je ne l’avais encore jamais croisé là. Il faut dire que la plage est assez grande et que si on ne s’y donne pas rendez-vous, c’est vraiment rare d’y croiser quelqu’un par hasard. Pourtant, c’était bien par hasard que je rencontrais Caleb aujourd’hui – « Je viens assez souvent aussi, mais rarement aux mêmes heures. » - Cela dépendait de mon emploi du temps, de mon humeur, de mes envies. Généralement, je me rendais à la plage plus tard en soirée lorsqu’il y avait le moins de monde possible. La plage est aussi très agréable la nuit. Enfin bref. La petite fille qui accompagnait Caleb attirait mon attention. Je me demandais quel était le lien qui les unissait tous les deux. Je supposais petite sœur ou nièce, mais la réponse qu’il me donna me laissa sans voix. Je croisais le regard de Caleb qui m’annonçait qu’elle était sa fille. Caleb avait une fille. Je ne dis pas un seul mot, trop perturbée par cette révélation et en pleine réflexion. Caleb était donc un père de famille. Qui dit père de famille, dit aussi souvent femme. Je suis quelqu’un d’assez impulsif aussi bien dans mes actions que dans mes pensées. Alors, je ne pu m’empêcher de penser qu’il s’était bien fichu de moi. On avait eu une aventure ensemble, certes, assez courte, mais quand même ! C’est pas le comportement qu’est censé avoir un homme en couple. J’avais perdu mon sourire face à lui. Mia avait bien une mère et mon esprit se mettait automatiquement à croire que Caleb formait un couple avec la mère de Mia. Logique non ? Ce serait trop triste et dramatique qu’il soit déjà séparé de la mère d’une enfant si jeune.

Je voulu répondre quelque chose à Caleb, mais Mia revenait vers nous. Il allait donc falloir que je prenne sur moi devant la fillette. Je regardais sa façon de prendre soin d’elle. Si attentionnée et doux. Loin de l’image paternelle que j’ai toujours eu. Mon père à moi se fichait royalement de moi. Il n’était jamais attentionné avec moi. Je pense que mon père n’était pas fait pour l’être. En fait, mes parents sont sûrement devenus parents par erreur, mais ils étaient loin d’être faits pour ça. Caleb me présenta à Mia et j’affichais un sourire. La fillette me saluait d’un air gêné. On est toujours un peu timide à cet âge là – « Bonjour. » - lui répondis je avec douceur – « Tu es encore plus jolie que ton père le disait. » - Ajoutais-je. Son père ne m’avait rien dit. Peut-être étais-ce le moyen d’envoyer un message dissimulé à Caleb. A quoi rimais cette petite aventure qu’on avait eu, puisqu’il avait une famille ? Je n’aime pas qu’on me prenne pour une idiote. Je me félicitais cependant de ma réaction, car j’arrivais à ne pas « péter un câble », sans doute grâce à la présence de Mia. C’est vrai qu’elle était jolie – « Elle a tes yeux. » - dis-je à l’adresse de Caleb. Je ne reconnaissais que les yeux de Caleb chez Mia et je supposais qu’elle devait beaucoup ressembler à sa mère pour le reste. J’étais bloquée, ne sachant trop quoi dire d’autre. Le tout était que je garde ma bonne humeur devant Mia. J’ai toujours un mal fou à prendre sur moi, parce que je suis trop franche et que je prend trop les choses à cœur.

J'étais étonné de ne pas avoir croisé Lussy avant cette après midi là. Elle venait de me confier qu'elle passait souvent par ici mais à des heures irrégulières. En même temps, il y a tellement de monde sur la plage que je pouvais facilement passer à côté de sa silhouette. C'est pour cette raison que je sélectionnais un peu les horaires où j'y venais, surtout quand Mia m'accompagnait. Je n'aimais pas devoir l'empêcher de courir un peu partout à cause du monde alentour. Elle avait besoin de place, besoin de se dépenser. Et en général, nous allions toujours dans un coin tranquille de la plage. Pour l'instant, cela marchait bien. Depuis que nous étions à GoldCoast, nous passions souvent ici. Mia adorait l'océan. Elle aimait se retrouver dans l'eau même si elle ne savait pas encore très bien nager. Et ce qu'elle aimait le plus, c'était de prendre son saut et son épuisette pour ramasser les petits crabes ou les coquillages. Elle pouvait passer un temps fou les yeux rivés sur le sable mouillé. Je reportais mon attention sur Lussy qui venait de reprendre la parole. C'était quand même un peu étrange de la retrouver ici après ce que l'on avait vécu tous les deux. Ni elle, ni moi ne pouvions faire comme si rien ne s'était passé. C'était impossible. Mais nos « retrouvailles » furent interrompu par Mia. Avec le temps, j'avais appris à m'occuper d'elle. J'avais appris quels étaient les gestes à faire en cas de blessures, de coupures, de saignement, de chutes, de fièvre etc. A présent, je savais garder mon calme. Ce qui n'avait pas été toujours le cas. C'est fou comme l'on pouvait s'inquiéter rapidement pour un enfant, surtout quand c'était le nôtre. Je ne m'en pensais pas capable. Et cela n'avait rien à voir avec l'amour que je lui portais. Bien sûr que j'aimais ma fille, cela ne faisait aucun doute. Mais je pensais être capable de supporter le stresse. Je me pensais au dessus de tout cela. Mais je peux vous assurer en fin de compte, que tous les pères de famille s'en font toujours un peu trop pour leurs enfants.

Je posais mes yeux sur Mia. Elle avait les joues rouge d'avoir trop joué. Je remettais une mèche blonde derrière son oreille alors que Lussy reprenait la parole. A ces paroles, je sentais un léger malaise sans comprendre pourquoi. Je ne lui avais jamais parlé de Mia. Ah! Ok, je me rendais que c'était en fait ça dont elle voulait parler. Non je ne lui avais jamais parlé de ma fille. Pourquoi l'aurais-je fais? Je veux dire que la conversation n'était pas venu sur le tapis. Alors pourquoi aurais-dit que j'étais père? Je regardais Mia qui s'était blotti contre moi tout en observant Lussy, silencieusement. Mia n'était pas très bavarde quand elle ne connaissait pas les gens. Elle rougit toutefois aux paroles de la jeune femme. Elle finit ensuite par repartir sur la plage, probablement plus intéressée par le jeu que par la discussion. Cela me fit sourire. Je la regardais reprendre son jeu alors que Lussy ajoutait qu'elle avait mes yeux. Oui, c'était ce qui était le plus frappant chez Mia. Après, son petit nez, son sourire et ses jolis cheveux blonds, elle les tenait de sa mère. Elle avait de la chance de ne pas avoir hérité de ma chevelure hirsute. « Elle n'a pas hérité du pire. » J'esquissais un leger sourire, sentant toujours que Lussy était assez... bizarre.

Je me sentais très mal à l’aise. Un malaise qui s’était instauré à la minute où Caleb m’avait dit que Mia était sa fille. Je me retrouvais quelque peu « sonnée » par cette révélation, ne sachant désormais plus trop quoi penser. Autrement dit : Dans mon esprit, c’était le bazar. J’étais perdue. Pourquoi ? A cause de se qu’il s’était passé entre nous lors de notre rencontre et les jours qui ont suivis. J’ai beau ignorer des tas de choses sur Caleb (ça c’est sur !), je ne pensais pas du tout qu’il était ce type d’homme. Je n’arrive pas à croire que je fais encore ce genre d’erreurs et que je me suis encore faite avoir. Une belle idiote ! Caleb m’a juste prise pour passer du bon temps, mais il à une famille. J’ai tout inventé, même le feeling qui a pu passer entre nous. En fait, j’étais sûrement la seule à le ressentir. Caleb avait juste besoin de s’amuser un peu et il m’avait rencontré. Cette histoire me rappelait étrangement Killian. Nous avons eu une relation, le hic, c’est qu’il a oublié de me dire au passage qu’il était déjà en couple. Heureusement, la copine de Killian avait tout compris et après s’être insultées comme jamais, on a compris qu’il s’était foutu de nous. Pourquoi est-ce que les hommes me prennent pour jouer leurs maîtresses ? Caleb avait une fille et donc à mes yeux, forcément une femme ! Il était là le problème. Le souci n’était pas qu’il soit père, c’était seulement que ça voulait dire qu’il était probablement en couple. Toutes ces pensées me donnaient mal à la tête, alors je tâchais de les balayer. De toute façon, il fallait que je me ressaisisse pour Mia. La petite n’avait pas besoin d’apprendre que son père trompait sa mère. Ce n’est pas des histoires qu’on raconte aux enfants. Je ne vais donc pas faire un scandale devant elle. Caleb à bien de la chance, car sinon, je ne me serais pas gênée pour lui dire ma façon de penser.

J’observais Mia se blottir dans les bras de son père. Je dois l’avouer, c’était une image plutôt attendrissante. Le pire, c’est que je le trouvais attirant dans son rôle de père attentionné, va savoir pourquoi. A le voir comme ça, il avait l’air tellement… je sais pas… disons bien. Mais il ne faut pas se fier aux apparences, forcément qu’il agissait comme le meilleur des pères avec sa fille. Heureusement pour elle d’ailleurs. C’est assez difficile de vivre avec un père indigne, j’en sais quelque chose. Mia laissait les bras de son père pour retourner jouer dans le sable, nous laissant Caleb et moi à notre conversation. L’atmosphère était plus tendue. Est-ce que Caleb le ressentait ? Si ce n’était pas le cas, il allait bientôt le savoir. Incapable de me contenir plus longtemps, je lui dévoilait mes pensées : « Tu aurais pu me le dire. » - Je posais mes yeux quelques secondes sur Caleb, avant de regarder de nouveau Mia qui jouait – « J’ai du mal à comprendre à quoi est-ce que as joué avec moi. Mais je déteste qu’on me prenne pour une idiote. » - Ajoutais-je. Mon ton était plutôt calme malgré mon sentiment de colère et de déception. Mia n’était pas loin, je devais donc faire attention.

J'appréciais ces après midi. Ces moments juste après avoir bossé pour mon article, avoir bu un bon café et venir chercher Mia pour ensuite aller à la plage. J'avoue que c'était une vie que j'appréciais. J'aimais cette ville même si après presque quatre ans ici, je ne connaissais pas encore tout. J'aimais passer du moment hors de la maison, pour aller à la plage, au parc, en ville. Depuis que Mia était dans ma vie, j'avais changé pas mal de chose dans mon existence. J'avais appris à m'occuper d'elle et même à faire les boutiques de « filles » pour lui trouver des vêtements, chercher un t-shirt avec Raiponce en sérigraphie, acheter les bonnes barrettes, les bons nœuds avec les étoiles ou les cornets de glace. Parfois cela me faisait rire. Je me retrouvais bien souvent au milieu de mamans qui me regardaient comme une bête de foire. J'étais devenu aussi bon expert en fringue et en matière de tissu qu'elles pouvaient l'être. Bref, cette vie, je l'appréciais chaque jour. Il y avait une bonne atmosphère ici à Goldcoast. Je me sentais à nouveau bien et je me rendais compte que c'était ce qu'il fallait à Mia. Elle n'avait aucun problème de santé, à part un rhume de temps en temps et un petit virus en fin d'année. Et puis elle débordait d'énergie. Elle avait appris à supporter la chaleur de la ville. J'avais bien sûr adapté ses tenues avec le temps. C'était un peu plus problématique quand elle était bébé. Parce qu'elle n'arrivait pas toujours à trouver le sommeil. Maintenant, cela allait mieux. Elle s'était adaptée à la ville comme je l'avais fait. Et pour rien au monde, je ne voudrais changer quoique ce soit à ce qui faisait ma vie.

J'observais Mia qui s'amusait sur le sable. Elle s'amusait à retirer du sable pour faire un trou et y déposer des coquillages. Les yeux sur elle, j'entendais Lussy qui avait repris la parole. A ces paroles, je levais mon visage sur elle. Oui j'aurais pu lui dire pour Mia mais le sujet n'était pas venu sur le tapis. Et je n'avais pas l'habitude de parler de moi de façon général. Avec Lussy, nous avions surtout agi par gestes et la plupart du temps, nous parlions de nos boulots respectifs et de notre passion commune pour la photo. Puis à ces secondes paroles, je fronçais les sourcils. « En quoi j'ai joué avec toi? » Je ne comprenais pas pourquoi elle me disait ces mots. J'avais le droit de garder ma vie privée, privé. En quoi cela remettait en cause ce qu'elle était, elle? J'avais du mal à suivre son raisonnement. J'allais lui dire quand Mia se fit entendre. « Papaaa! Viens voir, vite!! » Je me relevais du banc pour venir vers ma princesse. Elle observait le trou de sable qu'elle avait fait. Elle avait quelques choses dans la main. En m'approchant, je me rendis compte que c'était une petite tortue. « Ooh Mimi... » Je tentais de reprendre doucement le bébé tortue dans la main. « Tu ne peux pas t'amuser avec. Les bébés tortues sont très fragiles. » Mia me regarda remettre la tortue sur le sable. Elle semblait assez fragile et ne bougeait pas vraiment. « Papa, la tortue est malade? » Je tentais de la pousser avec mon pousse et elle réagissait très peu. Je songeais même à la mener dans un centre de soins pour animaux. « Je lui ai fais mal? » La princesse avait les larmes aux yeux. « Mais non mon cœur. » Par contre, je ne savais pas pourquoi elle était seule ici et dans cet état? Peut-être que d'autres bébés tortues étaient encore sous le sable.

En quoi est-ce qu’il avait joué avec moi ? C’est ce qu’il me demandait, l’air innocent. Les hommes et leur lâcheté, on ne les changera jamais, n’est-ce pas ? Pourquoi faut t-il qu’il fasse comme si il ne comprenait pas ? Cela me paraissait pourtant très clair, mais apparemment, il n’y avait que moi qui me comprenais. J’aurais aimé que Caleb assume un peu ce qui s’était passé entre nous et le fait de m’avoir pris pour une conne, parce qu’il était en couple. Je soupirais, car j’étais profondément agacée par sa réponse. J’avais l’impression d’être paranoïaque à ses yeux, en pensant qu’il avait joué avec moi.

Mia nous interrompit, ce qui mit fin à notre petite conversation. Du moins, pour le moment. Je le laissais la rejoindre, hésitant un instant à partir. Puisqu’il me prenait pour une débile, autant éviter de perdre mon temps, non ? Seulement, je tenais à avoir une explication, alors c’est ce qui me poussait à ne pas fuir. Et puis, depuis quand je fuis moi ? Ce n’est pas du tout mon genre. J’observais de mon banc le père et sa fille. Ils semblaient avoir trouvé quelque chose dans le sable. Je m’approchais d’eux quand je réalisais qu’ils avaient trouvé un bébé tortue et quand j’entendis Mia demandé si la tortue était malade. Je m’accroupis dans le sable, le regard rivé sur le petit animal, qui en effet, semblait plutôt mal en point. Elle ne réagissait pas quand je la poussais délicatement avec mes doigts. Que faisait cette petite tortue au beau milieu de la plage, toute seule ? Mia avait l’air inquiète pour la tortue, elle avait peur de lui avoir fait mal. Son père lui assurait le contraire, ce après quoi j’ajoutais : « Non, tu ne lui as pas fait mal, Mia, mais grâce à toi, on l’a trouvée et on va pouvoir essayer de la soigner. » - Je lui adressais un léger sourire – « C’est mon métier d’aider les animaux et on pourrait l’emmener pour prendre soin d’elle. » - Ajoutais-je avec douceur. Hors de question que je laisse un animal en détresse. Je veux prendre soin de tous les animaux quels qu’ils soient. Le refuge dispose de vétérinaires qualifiés qui pourront sûrement prendre soin de la tortue. Je commençais à creuser dans le sable afin de vérifier si il n’y avait pas d’autre bébés tortus, mais celle-ci semblait s’être égarée toute seule – « A mon avis, elle est là depuis un petit moment. C’est pour ça qu’elle est faible, mais si on l’emmène au refuge, les vétérinaires devraient pouvoir faire quelque chose. » - Je relevais les yeux sur Caleb, mettant de côté notre conversation de tout à l’heure. Pour l’instant, tout ce que j’avais à l’esprit, c’était ce bébé tortu – « Tu veux venir avec Mia ? » - Lui proposais-je, non pas parce que je le souhaitais spécialement, mais parce que la petite semblait toujours inquiète et que venir la rassurerai peut-être. En plus, il y avait pleins d’animaux au refuge, peut-être qu’elle aimerait.

Je ne m'y connaissais pas en bestiole de ce genre. Je ne savais pas quels étaient les premiers gestes de soins à faire quand elles étaient blessées. J'avais déjà eu des animaux chez moi, avec mes parents quand j'étais encore un gosse. Mais cela s'était arrêté aux chiens ou aux chats. Pour moi, le reste des animaux ne pouvaient pas devenir domestiques. D'ailleurs je détestais cette mode des « N.A.C ». Je trouvais cela totalement stupide. Un animal était un être vivant et il devait être dans son milieu naturel et non servir de faire valoir à quelqu'un, encore moins pour amuser la compagnie. Je crois que j'avais essayé d'inculquer cette façon de voir les choses à Mia. Elle ne m'avait jamais demandé un animal de compagnie. Elle appréciait trop les animaux pour les voir enfermer et risquer de les rendre malheureux.

Je tentais d'ailleurs de la rassurer en lui expliquer qu'elle ne lui avait pas fait mal. Mia était curieuse. Elle avait voulu voir cette petite bête minuscule de plus près. Je ne pouvais pas la gronder pour cela. C'était encore une enfant. Elle avait encore beaucoup à apprendre. Et je n'avais pas pensé à lui parler des bébés tortues. Heureusement, Lussy était là aussi pour la rassurer. Aux mots de cette dernières je l'observais. Je ne savais pas que son boulot était de soigner les animaux. Elle m'avait dit qu'elle était photographe. Je ne savais donc pas qu'elle avait une autre activité. Je la laissais s'occuper de la tortue, vérifiant dans le sol sableux s'il n'avait pas d'autres congénères enfouis. Mia observait Lussy totalement fasciné par la jeune femme, regardant ses gestes surs. Elle s'était posée contre moi quand la photographe nous posa une question. Mia répondit avant moi. « Oh oui papa! S'il-te-plait. On va s'occuper du bébé tortue! » Elle posa ses yeux sur moi et je ne pouvais qu'accepter. « D'accord. Amenons ce bébé au refuge. » Mia me fit un gros smack sur la joue avant de se redresser. Je fis la même chose. En retournant près du banc, je remettais les sandales aux pieds de Mia avant de lui redonner de lui donner sa boite à goûter. Je prenais son cartable de cours avant de dire à Lussy. « J'ai ma voiture juste à côté. Je dois avoir de quoi lui confectionner un petit nid. » J'arrivais près de la Mustang, je la déverrouillais, Mia sur les talons avant d'ouvrir le coffre. Je poussais mes affaires, ma besace et mon pieds d'appareil photo. Je fouillais et je trouvais un carton où il y avait quelques photos. Je les retirais pour les mettre dans la besace puis je prenais un de mes t-shirt de rechange que je mettais au fond. Je le donnais à Mia qui le tenais dans ses mains. « Tu penses que ça peut faire l'affaire jusqu'au refuge? » Je refermais ensuite le coffre, laissant Lussy installer l'animal dans son nid de secours. « Nous pouvons y aller ». Je venais installer Mia sur son siège enfant qui se trouvait sur la banquette arrière, près de la vitre. Je mettais la ceinture. « Je peux tenir le bébé tortue? » Je jetais un œil à Lussy. C'était elle, l'experte.

L’idée d’emmener le bébé tortu de refuge semblait séduire Mia. Elle avait envie de venir avec moi et c’est donc tout naturellement que Caleb acceptait de m’accompagner. Comment refuser une telle chose à une fillette aussi adorable ? J’attrapais délicatement la tortue dans mes mains avant de me redresser. Je me dirigeais vers le petit parking en compagnie de Caleb et de sa fille, tandis-ce qu’il m’annonçait qu’il avait de quoi confectionner un petit nid – « D’accord. » - Au pire, j’avais certainement de quoi en faire un aussi dans ma voiture. On arrivait près du véhicule de Caleb qui était aussi un ancien modèle de mustang. C’était assez amusant. Il ouvrit le coffre de sa voiture avant de dégoter un petit carton et d’y placer un tee shirt – « Oui, ça sera très bien jusqu'à ce qu’on arrive. » - Je plaçais le bébé tortu à l’intérieur du nid et prenais le carton, alors que Caleb s’occupait d’installer sa fille sur son siège auto. Une fois confortablement installée, Mia me demandait si elle pouvait tenir le bébé tortu pendant le trajet – « D’accord. Je te fais confiance pour la surveiller. » - Dis-je avec un léger sourire. Je posais le petit carton sur les genoux de Mia qui plaça ses mains de chaque côté de celui-ci. Si cela pouvait lui faire plaisir, je ne vois pas pourquoi je m’y opposerai. La tortue était bien calée dans son nid et Mia ne la ferait pas tomber. Je laissais ma voiture sur le parking de la plage. Au pire, je reviendrais la chercher ici en transports plus tard dans la soirée. Je fermais la porte arrière et me dirigeais vers le côté passager, à l’avant. Il faudrait que j’indique le chemin à Caleb. Je ne me souvenais pas lui avoir mentionné que je possédais un refuge et que j’avais créé ma fondation de défense animale. C’est vrai que nous n’avions pas tellement parlé de nos vies. Nous avions surtout échangé sur notre passion commune pour la photographie. Et puis, on avait aussi agit par les gestes. Chose qu’on n’aurait pas du faire si Caleb est en couple. Il aurait du me repousser et être fidèle à sa compagne. Avait t-il l’habitude de la tromper ou étais-je juste la petite erreur de parcours ? Dans tous les cas, je n’ai pas vraiment le beau rôle. Quoi que Caleb serait toujours pire. Après tout, moi je n’ai trahi personne et je n’ai joué avec personne. J’aurais dû me méfier. Si il est en couple, cela n’a rien d’étonnant. Il est bel homme, il à un charme fou, mais j’ai aussi apprécié ce que j’ai pu entrevoir de sa personnalité. Parce que oui, la personnalité, c’est important. Le physique à beau être ce qu’ont voit du premier coup d’œil, si la personne est belle, mais qu’elle n’a rien dans le cerveau, ça gâche vraiment tout. Je dois dire qu’imaginer Caleb comme le type infidèle gâche aussi les choses.

Installée à l’avant, je donnais mes premières indications à Caleb. Le refuge se trouvait à l’extérieur de la ville, mais le chemin ne serait pas très long. Je fait cette route chaque jours, parfois même plusieurs fois par jours. Cela ne me dérange pas. Et puis, j’aime bien conduire au volant de ma mustang. Parfois, je la prends même sans raison particulière, juste parce que j’ai envie de rouler et de voir du paysage – « Tout va bien Mia ? » - Lui demandais-je en me tournant vers elle. Un sourire aux lèvres. Après plusieurs minutes passées sur la route, nous arrivions au refuge. Le parking était presque vide, il avait l’embarras du choix pour se garer. Caleb allait découvrir une partie de mon univers. Ce refuge, j’y passe la plus grande partie de ma vie. Une fois arrêté, je descendais du véhicule. Je récupérais le carton avec la tortue le temps que Caleb s’occupe de détacher Mia et de la faire sortir de la voiture. On se dirigeait ensuite tous les trois vers l’entrée du parc. Parce que oui, le refuge avait plutôt l’air d’un parc. Il ne ressemblait en rien aux refuges qu’on voit dans les reportages. Ici, les espaces étaient grands et très bien entretenus. Je nous dirigeais vers le bâtiment principal ou se trouvais les bureaux, l’accueil, mais surtout le cabinet vétérinaire – « Lussy ? Déjà de retour ? » - Me demandais Thomas, l’assistant du vétérinaire avant de saluer Caleb et Mia – « Oui, on a trouvé ce bébé tortue échoué sur la plage. Elle est plutôt mal en point, apparemment. Elle était enterrée sous sable, depuis un bon moment je pense. » - Thomas s’approchait pour observer la tortue dans son nid, tandis-ce que Jack, le vétérinaire sortait de son bureau. Il nous saluait avant de s’intéresser au bébé tortu. On entrait dans le bureau et je posais la tortue sur la table située au milieu de la pièce. C’est là que Jack effectuait la plupart des consultations, sauf pour les animaux trop grands. Il ne perdait pas de temps pour examiner l’animal. Je me tournais vers Caleb et Mia. Ce n’était pas des choses très marrantes pour une enfant – « Pendant que Jack s’occupe de la petite tortue, est-ce que tu veux aller faire un tour dans le parc ? Il y’a pleins d’animaux ici, ça te ferais plaisir d’aller les voir ? » - Demandais-je à Mia, jetant un petit coup d’œil à Caleb au passage.

Mia avait toujours été attiré par les animaux. Depuis qu'elle était petite. Je crois que c'était comme tous les enfants. Dans sa chambre, elle avait des tas de peluches d'animaux. Et son doudou était un lapin à grandes oreilles. Je lui avais offert quand elle était bébé et depuis, elle ne s'en séparait plus. Et bien sûr, dès qu'elle voyait un animal, il fallait qu'elle aille vers elle, qu'elle prenne soin de lui. Qui sait, peut-être que plus tard, elle sera vétérinaire. J'avais donc confectionné un nid de fortune pour ce bébé tortue avec ce que j'avais trouvé dans le coffre de ma voiture. Au moins je savais que l'animal n'allait pas avoir de problème durant le transport. Enfin je l'espérais. S'il venait à mourir dans les bras de Mia, je ne sais pas ce qu'elle ressentirait. Avec l'accord de Lussy, je la laissais donc prendre la boite en carton alors qu'elle était parfaitement bien assise dans son siège. Je venais mettre la ceinture avant de refermer la portière. Je me mettais ensuite derrière le volant. Je ne connaissais pas le refuge dont parlait Lussy mais j'avais le meilleur guide avec moi alors je ne devrais pas avoir trop de mal à trouver le bâtiment. Je jetais un œil à Mia à travers le rétroviseur et je remarquais qu'elle parlait à la tortue, prenant son rôle de protectrice très à cœur. Cela me fit sourire. Puis la Mustang emprunta l'avenue principal de la ville. Comme prévu, Lussy m'indiqua le chemin et nous ne mettions pas longtemps à arriver devant le refuge animalier. Je laissais Lussy descendre du véhicule alors que je venais ouvrir la portière à Mia, retirant ensuite la ceinture de son siège. Lussy lui redonna la boite avec le bébé tortue. Ensemble, nous nous sommes dirigés vers l'un des bâtiments. J'étais surpris de découvrir un refuge de cette sorte. Je ne me souvenais pas avoir déjà vu une publicité ou un encart sur ce refuge animalier. J'avais posé une main sur l'épaule de Mia, la guidant dans le refuge qui me semblait assez grand.

Lussy nous conduisit rapidement dans le bâtiment principal. Le parc était grand et bien entretenu. Cela ne ressemblait pas à un refuge mais plutôt à un grand parc. Les animaux n'étaient pas entassés dans des cages. C'était peut-être pour ça que je n'aimais pas vraiment les zoo. Je n'aimais pas l'idée de contraindre ses animaux sauvages à vivre enfermés et à oublier leur instinct animal. Mais ici, ils semblaient bien choyés même s'ils restaient des animaux sauvages. Une fois dans l'un des local du refuge, nous avons rencontré l'assistant vétérinaire qui nous salua avant de s'occuper de l'animal que lui donna Mia. La petite observa les premiers gestes du vétérinaire. « Elle non plus, n'a plus sa maman. » Je jetais un œil à Mia avant de lui dire. « Mais on va bien s'occuper d'elle ici. » Mia leva ensuite les yeux sur la jeune femme quand elle prit la parole. Je trouvais aussi qu'il était inutile que Mia reste ici. Elle ne comprendrait rien au charabia médical et ce n'était pas vraiment un endroit pour elle, surtout si le bébé tortue finissait par mourir. Quand Mia me regarda, je hochais de la tête, sachant que ma fille n'attendait que ça. Mia acquiesça alors aux paroles de la photographe. Et quelques minutes plus tard, nous étions dans le parc. J'avais pris Mia sur mes épaules afin qu'elle puisse davantage voir tout ce qui se passait autour d'elle. Cette visite semblait lui faire plaisir. Elle s'émerveillait sur tous les animaux qu'elle croisait. Elle appréciait surtout les singes qui s'amusaient sur leurs cordages. La tenant par les jambes, je la laissais nous expliquer tout ce qu'elle voyait. « Papa regarde l'ours! Il mange une glace! » La petite fille sourit. En effet, l'un des ours mangeait des fruits emprisonnées dans la glace. C'était une façon de les rafraichir. « C'est pour qu'il a moins chaud. » Mia en profita pour dire. « J'ai chaud aussi. » Cela me fit sourire. La petite était vêtue d'un t-shirt rose et blanc et d'un short en jean. Même vêtue légèrement, je devais avouer qu'il faisait encore chaud mais je savais aussi que c'était surtout par gourmandise que Mimi disait ces mots. Je voyais justement un marchand ambulant à l'entrée du refuge. Mia semblait avoir entendu la musique du camion parce qu'elle regardait dans cette direction. « Qui veut une glace? » « Mooooiii! » Je souris, laissant Mia remettre pieds à terre. Je jetais un œil à Lussy. « Je t'invite? »

« Elle non plus, n'a plus sa maman. » - Je posais mes yeux sur la fillette lorsqu’elle prononçait cette phrase. Comment ça « Elle aussi ? ». Je me posais des questions sur la signification de cette phrase. Mia n’avait plus sa mère auprès d’elle ? C’est en tout cas ce que ça phrase me laissait penser. Si c’était le cas, je trouvais cela bien triste. Toutes les petites filles ont besoin d’une mère et j’en sais quelque chose. Dans mon enfance, j’ai souffert, parce que ma mère ne s’occupait pas vraiment de moi. Du moins, pas comme les vraies mères aimantes le fond. L’amour d’une maman, j’ignore vraiment ce que c’est, mais quand on n’en a pas, on en ressent un manque. C’est encore plus triste pour Mia, elle est si jeune. Je ne relevais pas cette phrase, parce que je n’avais aucune envie de faire une gaffe ou d’aborder un sujet délicat. Il semblait en tout cas que je me sois trompée sur Caleb. Il ne partageait pas sa vie avec la mère de Mia, puisqu’elle disait ne plus en avoir.

Nous quittions le cabinet du vétérinaire pour aller faire un tour dans le parc. L’idée de cette balade semblait vraiment ravir la petite fille. Apparemment, elle aimait les animaux. Tout comme moi à son âge. Lorsque j’étais haute comme trois pommes, j’aimais déjà les animaux. Si je voyais un chat ou un chien dans la rue, vous pouviez être sûr que j’allais vers l’animal à coup sur. Mes parents par contre, détestaient les animaux, d’ailleurs ils n’ont jamais voulu m’offrir un chien, un chat, même pas un poisson rouge. Enfin bref. Caleb prit sa fille sur ses épaules et nous commencions notre marche. On passait devant les singes qui s’amusaient à grimper partout. Ils avaient de quoi faire dans l’espace qui leur avait été aménagé. Nous avions bien plus loin un bébé ours. Ce dernier semblait d’ailleurs beaucoup intéresser Mia. Il était en effet entrain de manger des fruits dans la glace. Avec cette chaleur de plombs, certains animaux avaient vraiment du mal à le supporter. Il faut dire qu’il faisait très chaud, comme de coutume au mois d’Août à Gold Coast. Mia ne tarda pas à déclarer qu’elle avait elle aussi chaud et le mélodie d’un marchant de glace ambulant attira son attention. Le marchant de glace s’arrêtait toujours près du refuge à cette heure là les mois d’été. Caleb proposait alors une glace, chose qu’il ne fallait apparemment pas dire deux fois à Mia. Je souris – « Oula, faut surtout pas me demander ça à moi. » - Je souris. En temps que grande gourmande, je n’allais pas refuser une glace. Surtout que le marchant en faisait de très bonnes. Nous nous dirigions alors vers la sortie du refuge pour rejoindre le marchant. Nous continuerions notre balade après, si ils le voulaient. Alors que Mia marchait devant nous, fascinée par les animaux qu’elle pouvait voir, je m’adressais à Caleb : « Ce que je t’ai dit tout à l’heure à la plage. Oublie, s'il te plait. » - Je l’avais accusé à tort d’avoir joué un jeu avec moi, alors que je m’étais vraisemblablement trompée, puisque Mia n’avait plus de mère. Nous arrivions près du marchant de glace. Je laissais Mia commander la première avant de choisir à mon tour. J’optais pour un cornet au caramel beurre salé. La gourmandise est un péché…

Mia a toujours été attiré par les animaux. Et nous avions la chance de vivre dans un pays où la faune et la flore étaient uniques. Ici, elle pouvait découvrir des animaux qu'elle n'aurait pu voir qu'à la télévision. Je crois que c'était cela aussi qui m'attirait à GoldCoast. Nous étions proche de la mer, proche des animaux. Il y avait même un parc aquatique. Parc où je n'avais jamais fait parce que je détestais voir des animaux enfermés dans un espace qui n'était pas le leur. Mais il y avait aussi le refuge. Et là, je savais que les animaux étaient entre de bonnes mains. Mia allait probablement demander pour revenir ici. J'espère que Lussy allait le lui permettre. Je ne savais pas si les visites régulières étaient permises. Mais si c'était le cas, Mia allait prendre un abonnement. Et puis, elle s'était prise d'affection pour cette petite tortue. Et j'étais déjà certain qu'elle lui avait trouvé un prénom. C'était tout son genre. D'ailleurs, je crois que dans un sens, elle se sentait « responsable » de cette petite bête. Parce qu'elle n'avait plus sa maman comme Mia.

Bien que je faisais tout pour être un très bon père, je crois que la présence d'une mère lui manquait quand même de temps en temps. Je ne pouvais pas la remplacer et je n'en avais pas envie. Je voulais simplement qu'elle vive bien et que ce manque ne se fasse pas trop cruel. Mais chaque jour, je faisais en sorte qu'elle se sache aimé et qu'elle ne manque de rien. Je n'en faisais pas une petite fille capricieuse mais quand je pouvais lui faire plaisir je le faisais. J'attendais juste qu'elle se comporte bien, qu'elle a de bonnes manières. Après elle était une enfant. Elle pouvait faire des erreurs, elle pouvait être triste ou être heureuse. Elle avait le droit de vivre sa vie. Je souhaitais en faire une petite fille heureuse de vivre qui sache qu'elle était aimé. Et c'était tout ce qui m'importait. Je regardais Mia courir devant nous. Puis je posais mes yeux sur Lussy quand cette dernière repris la parole. Que j'oublie ce qu'elle avait dit? Je fronçais les sourcils. Je n'avais toujours pas compris pourquoi elle avait dit ces mots mais pour l'instant, je crois qu'il était inutile d'en parler, surtout que Mia avait les oreilles qui trainaient. « Papa, dépêche-toi j'ai faim! » « Oui oui j'arrive. » Je pressais le pas. Finalement, j'avais moi aussi envie de me désaltérer un peu et Lussy semblait du même avis. Nos glaces en main, la balade reprit dans le refuge. Nous nous étions arrêtés devant l'enclos des koalas. Mia mangeait sa glace à la pistache avec appétit. D'ailleurs je crois que l'heure du diner n'était pas très loin. Nous n'allions pas pouvoir rester très longtemps ici. Je m'adressais ensuite à Lussy « Cela fait longtemps que tu travailles ici? ». Elle ne m'avait pas parlé de ce « passe-temps » qu'elle avait pour les animaux et leur sauvegarde. J'étais donc curieux à ce sujet. Je jetais ensuite un oeil à Mia qui se mettait de la glace sur les doigts avant de les lécher avec gourmandise. Puis je demandais un peu plus bas pour que Mia n'entende pas. « Tu penses que la tortue va se rétablir? Je crois que Mia s'est déjà attachée à elle. » Et cela me gênait un peu, surtout qu'il arrivait quelque chose à la bestiole. Et je savais que ma fille allait vouloir prendre des nouvelles de l'animal avant notre départ.

Caleb ne répondit pas quand je lui demandais d’oublier ce que j’avais dit un peu plus tôt. Sûrement parce qu’il ne voulait pas parler de ça alors que Mia pouvait entendre. Je me doutais bien qu’il n’allait pas « oublier ». Mais bon, si on pouvait ne pas en parler, ce n’était pas plus mal. Je ne suis pas du genre à me défiler, cependant ce cas là me mettait plutôt mal à l’aise. Je l’avais accusé à tort de jouer avec moi. Ce n’est pas très glorieux, n’est-ce pas ? J’ai insinué ça juste parce que j’ai vu sa fille. Je me suis emballée, comme souvent à vrai dire. Quel vilain défaut. Je parle souvent trop vite avant même d’avoir tous les éléments en main.

Je remerciais Caleb pour m’avoir offert une glace et nous reprenions notre chemin dans le refuge – « Depuis six ans. J’ai fondé ce refuge avec une amie. Lorsqu’on était encore au collège on pensait déjà à sauver les animaux. » - Répondis-je à la question du journaliste – « Je jongle entre ma vie ici et ma profession de photographe indépendant. Mais ça me plait. » - Ajoutais-je – « Mia sera peut-être elle aussi un jour une protectrice des animaux. Elle à l’air des les adorer. » - Je remarquais la fascination de Mia devant les différents animaux qui lui était donné de voir ici. On quittait les Koalas pour poursuivre notre promenade. Il y avait un peu plus loin un pensionnaire qui allait certainement tout autant plaire à Mia – « Lui, c’est Perseus. » - commentais-je lorsqu’on arrivait devant le kangourou. Il avait été blessé plusieurs semaines auparavant. Un automobiliste l’avait percuté et nous l’avais emmené. Depuis, on prenait grand soin de lui, le temps qu’il puisse se rétablir complètement de ses blessures. Tandis-ce que Mia observait en mangeant sa glace, Caleb m’adressait de nouveau la parole. Il semblait s’inquiéter du sort de la tortue, certainement parce que Mia c’était déjà attaché au petit animal – « Oui, je pense qu’elle va s’en sortir. Elle n’avait pas de blessure grave, c’est le manque d’eau et de nourriture qui l’affaiblit. Mais on va bien s’occuper d’elle ici, Mia et toi n’avez pas à vous inquiéter. »

J'écoutais le récit de Lussy avec attention. Je trouvais cela admirable qu'elle se soit occupée ainsi des animaux et cela depuis quelques années maintenant. J'appréciais la nature et les animaux et j'étais du genre à œuvrer pour qu'ils puissent vivre paisiblement et dans l'espace qui leur convenait. Ici, ils semblaient être bien pris en charge. Et la photographe semblait aimer ce qu'elle faisait donc elle devait être douée dans son domaine. Une nouvelle chose que j'apprenais sur elle. Et cela me faisait sourire. Apparemment, je ne connaissais pas encore très bien Lussy, enfin pas dans ce sens. Je crois que c'était plutôt son corps qui n'avait plus de secret pour moi. Et cette pensée me soutira un nouveau sourire. Je reportais mon regard sur la photographe quand elle répondit à ma question. « Tant mieux alors, parce que je crois que cette tortue est devenue sa nouvelle meilleure amie. » Je jetais un œil à Mia qui venait de finir sa glace, se léchant à nouveau les doigts. Je l'aidais à se laver les mains à la fontaine toute proche. Mia observait Lussy avec un sourire.

Une fois ses mains propres, je regardais à nouveau Lussy. « Tu penses qu'on peut voir la tortue avant de rentrer? » Mia se fit tout de suite entendre. « Ohh papa... » Je l'observais tout en me redressant. « Tu as école demain. » Mia fit une moue dépitée. Elle voulait surement rester plus longtemps mais il était déjà tard. Elle n'avait pas encore pris sa douche, ni son diner. « On peut revenir demain, svp? » Mia leva ses yeux sur Lussy qui avait gagné à cet instant, toute son attention. Quelques minutes plus tard, nous étions dans la salle de soin. Comme Lussy l'avait prédit, la tortue se portait mieux. Ce qui rassura Mia qui ne cessait de lui parler de tout et de rien alors que l'assistant vétérinaire nous faisait une récap' sur les soins qu'il lui avait prodigué. A notre sortie, alors que Mia me tenait la main, je posais à nouveau mon regard sur Lussy. « Je crois que tu dois avoir des tas de choses à faire mais si tu en as envie, Mia et moi on t'invite à diner. » « Ouiiiii. Papa fait les meilleures pâtes du moooonde. » « Oui enfin, je ne fais pas que des pâtes... » Je ne voulais pas l'ennuyer. Après tout, elle avait probablement autre chose à faire. Mais Mia semblait l'apprécier et puis j'avais moi même envie d'en apprendre un peu plus sur elle. Alors quoi de mieux, que de l'inviter à la maison pour partager un bon repas?

Je terminais ma glace. Nous regagnons la salle de soin, afin de revoir la tortue avant que Caleb et Mia ne quitte le refuge. Comme il y avait école le lendemain le père et sa fille n’allaient pas pouvoir tarder. Ils n’avaient pas eu le temps de voir tout le parc et Mia me demandait d’ailleurs si ils pouvaient revenir demain. Apparemment, l’endroit lui plaisait – « Oui, bien sûr, vous pouvez revenir quand vous voulez. » - Répondis-je avec un sourire en regardant la fillette, puis posant mon regard un instant sur son père. Le vétérinaire nous fit un rapide topo des soins qui avaient été donné au bébé tortue. Mia semblait rassurée d’apprendre que sa nouvelle amie irait bien. Je crois que la fillette aurait été inconsolable si on lui avait annoncé le contraire. Le pire avait été évité. Heureusement que Mia l’avais trouvée, car la tortue serait probablement morte.

Nous quittions le cabinet du vétérinaire pour regagner le parking où était garée la mustang de Caleb. Le journaliste me proposait gentiment de venir dîner avec eux. Mia tentait même de me convaincre en affirmant que son père faisait les meilleures pâtes du monde. Je souris, amusée quand Caleb ajoutait qu’il savait aussi cuisiner autre chose que les pâtes. La fillette ne semblait pas sauvage, puisque l’idée de m’avoir avec elle et son père pour manger ne semblait pas la déranger. Je marquais un court temps de réflexion avant d’apporter ma réponse – « Comment est-ce que je pourrais refuser de goûter aux meilleures pâtes du monde ? » - Je souris. J’acceptais donc l’invitation. Ce serait une occasion de passer un peu plus de temps avec Mia et Caleb. Puis de discuter avec ce dernier. Nous ne nous connaissions que très peu. Alors, peut-être que je pourrais le découvrir ? Caleb m’avait déjà surprise aujourd’hui, en se révélant être un parfait père de famille. Je ne m’étais pas imaginée cela lors de notre rencontre. En fait, je n’avais pas imaginé grand-chose. J’avais juste profité de l’instant présent. Je ne pus m’empêcher de sourire en repensant aux moments qu’ont avait passés ensemble. J’avais apprécié. Cependant, mon comportement m’avait moi-même étonnée. Je lui avais offert mon corps alors qu’on n’était presque étrangers. Ce n’est pas une chose que je fais tous les jours. Je prends habituellement le temps de connaître la personne et après, j’envisage ou pas de passer à l’étape supérieure. Les choses avaient été différentes avec le journaliste. Il y avait eu entre nous un feeling particulier et cette attirance, ce désir mutuel. Bref. Je sortais de mes rêveries alors qu’il installait sa fille sur son siège enfant. Je me plaçais sur le côté passager. J’envoyais rapidement un sms à Elyna, afin de lui annoncer que je ne mangerai pas à la maison ce soir. J’étais certaine qu’elle me couvrirait des questions à mon retour. Elyna aime tout savoir sur ma vie, comme « j’exige » de tout savoir sur la sienne. Il faut toujours qu’on se mêle de la vie de l’autre. Je rangeais mon téléphone dans ma poche et lançais un regard à Caleb, à présent concentré sur la route - « Alors, vous avez des animaux à la maison ? » - Demandais-je à Mia et Caleb. Elle semblait tellement les adoré que je me demandais si son père lui avait offert la possibilité de prendre soin d'une petite bête ?

Mia avait réussi à convaincre Lussy de venir manger chez nous. Je crois que c'est le sourire de la petite qui a davantage conquis la photographe que mes pâtes. Et puis, elle semblait m'en vouloir pour quelque chose. Bien qu'elle m'avait dit d'oublier. Je n'avais pas vraiment compris mais j'étais curieux quant à ces paroles prononcées quelques minutes plus tôt. Nous montions ensemble dans la voiture alors que Mia semblait sentir la fatigue s'accumuler sur ses petites épaules. J'installais la petite demoiselle sur son siège auto, verrouillant bien la ceinture de sécurité. Puis j'ouvrais la portière de Lussy pour que cette dernière puisse s'installer à son tour. Enfin, je me mettais au volant. La route n'était pas très longue jusqu'à Currumbin. J'y avais acheté une maison il y a deux ans. Nous avions échangé un appartement dans le centre pour une maison en bord de plage. Mes revenus m'avaient permis de donner à Mia, une autre vue de la fenêtre de sa chambre. Et puis nous pouvions passer nos soirées à observer les étoiles, les pieds dans le sable et le mélodie des vagues dans nos oreilles.

A la question de Lussy, je jetais un œil à ma fille. « Ouiiiii. On a Globule! Il fait... » Elle pinça ses lèvres comme pour faire des bulles. Je souris, regardant ensuite Lussy et d'ajouter: « C'est un poisson rouge. » « Le plus gentil et le plus rigolo. Il fait toujours des bubulles. » Elle se mit à rire. J'avais flanché pour le poisson quand elle l'avait vu chez l'animalier. Mais je refusais que nous adoptions un autre animal. Je la trouvais encore trop jeune pour cela. Elle n'avait que trois ans et l'adoption d'un animal engendrait des responsabilités qui seraient difficiles à tenir à son âge. Alors pour l'instant, elle se contentait de Globule et cela lui convenait. La suite du chemin fut animée. Mia racontant à Lussy, comment elle avait « sauvé » Globule de son minuscule aquarium pour le ramener chez nous et lui offrir toute la nourriture qu'il voulait. Nous arrivions enfin devant la maison. Je me garais dans l'allée puis je faisais descendre Mia. Elle fila ensuite devant avec Lussy pour lui faire visiter la maison à peine la porte d'entrée ouverte. « Bonne visite » lui lançais-je alors que je refermais derrière moi. La maison était d'un style moderne, mais sans être impersonnel. Quand nous entrons dans la maison, juste devant, se trouve un grand salon/salle à manger avec une baie vitrée qui donne accès à une terrasse basse et la mer juste devant, à quelques mètres. A droite de l'entrée se trouvait une cuisine américaine. Puis un coin lecture/bureau à gauche où je travaillais sur mes articles ainsi qu'une salle de bain. A l'étage, où l'on accédait par un escalier, se trouvaient deux chambres et une seconde salle de bain. Ce n'était pas très grand mais cela l'était assez pour nous. Je venais préparer le diner, laissant les filles faire le tour de la maison.

Je regardais Mia à travers le miroir du pare soleil intérieur. La fillette imitait son poisson Globule lorsqu’il faisait des bulles. Cela me fit sourire. Je l’écoutais ensuite me raconter comment elle avait secouru le poisson. C’est vrai que les poissons sont souvent coincés dans des petits aquariums ronds dans les animaleries. Ça fait vraiment mal au cœur – « Bah dis donc, Globule a vraiment eu de la chance que tu le ramènes avec toi. » - Lui répondis-je. La petite fille semblait attachée à son poisson. J’esquissais un sourire.

Après plusieurs minutes de trajets, nous arrivions dans le quartier de Currumbin. C’était donc là que vivaient Caleb et Mia. J’observais de l’extérieur la maisonnette située à proximité de la plage. Un petit coin de paradis ! Qui ne rêve pas de se réveiller avec le bruit des vagues et la vue de l’océan ? A peine Caleb avait t-il ouvert la porte d’entrée, que Mia m’entraînait avec elle pour une visite des lieux. Je la suivais avec plaisir tandis-ce que Caleb me souhaitait une « bonne visite ». Mia était une enfant très vive et éveillée. Si elle avait été plutôt timide à la plage en me découvrant, il n’en étais désormais plus rien. Elle n’hésitait pas à m’adresser la parole, me raconter des petites anecdotes. A chaque pièce, la fillette m’apportait des explications. La maison était plutôt moderne et la décoration assez sobre, mais elle restait accueillante. Un lieu de vie plutôt agréable en somme. Mia me guidait jusqu'à sa chambre, sa pièce à elle. Il s’agissait d’une belle chambre de petite fille, joliment décorée – « Whaou… une vraie chambre de princesse ! » - Commentais-je. Elle avait de sa chambre, une très belle vue sur la mer. Je remarquais aussi son étonnante collection de peluches en forme d’animaux. Mia n’avait l’air de manqué de rien, bien que son père soit seul à l’élever. J’imagine que cela n’a rien de facile de se retrouver pour subvenir aux besoins de son enfant. Mais, du peu que j’ai vu, Caleb semble plutôt bien s’en sortir. A observer Mia, elle à l’air d’une enfant toute a fait normale et équilibrée. Mia me présenta aussi Globule, le poisson rouge dont elle m’avait parlé dans la voiture. La fillette adressait quelques mots à son poisson, chose que je faisais moi-même très souvent avec les animaux. Puis, elle me demanda si j’avais moi aussi un animal chez moi – « Oui, j’ai un chien. Enfin, c’est une fille. Elle s’appelle Muse. » - Je sortais mon portable de ma poche pour lui montrer une photo de Muse. Celle-ci avait des allures de louve et Mia semblait fascinée par la beauté de l’animal.

Une fois qu’on eu fait le tour, on rejoignait le père de la fillette dans la cuisine – « C’est très sympa chez toi. » - Lui dis-je avec un sourire – « Et cette vue est vraiment magnifique. » - Ajoutais-je en parlant de la plage. En fait, Caleb n’avait pas besoin d’aller vraiment loin pour emmener sa fille à la mer, puisqu’il y avait accès depuis chez lui – « Tu as besoin d’aide ? » - Je n’allais pas restée là à le regarder en me tournant les pousses. Si je pouvais l’aider à préparer le dîner ou dresser la table, c’était avec grand plaisir.

J'avais donc laissé les deux demoiselles faire le tour de la maison. Je savais que je n'avais pas à m'inquiéter quant à leur entente. Bien que Mia ne soit pas du genre à se familiariser tout de suite avec des inconnus, il semblerait que Lussy avait gagné son attention. Ce qui était un bon point parce que je n'avais pas envie que ma fille se fâche avec des personnes que j'appréciais. Bref, elles étaient montés à l'étage pour visiter le reste de la maison alors que je commençais tout doucement à préparer le diner du soir. Je n'étais pas un cordon bleu mais j'aimais bien cuisiner. Parfois je m'en sortais, à d'autres moments, c'était plus difficiles et les restes finissaient souvent à la poubelle. Je commençais donc à sortit les pâtes pour les mettre dans l'eau. Je salais un peu cette dernière avant de jeter un œil dans le frigo. Je me souvenais que Lussy était végétarienne alors j'optais pour des spaghettis à la tomate avec des boulettes de soja. Parfois je me disais que ce serait mieux pour Mia et moi de devenir végétariens. Mais Mia avait des besoins en énergie qu'une alimentation végétarienne ne pourrait pas lui offrir. Et moi... j'aimais trop la viande pour m'en passer. Bien sûr, je faisais des efforts. Je ne mangeais de la viande qu'une fois par semaine. Et le reste du temps, je tentais d'équilibrer les choses avec des céréales et des légumineux. Je crois que c'était quand même bien pour un début. Je savais que je pourrais faire mieux mais au moins là, je pensais ne pas trop gaspiller les ressources de notre planète.

J'étais entrain de préparer les boulettes de soja quand Lussy et Mia descendirent du premier étage. Aux mots de Lussy, je répondais. « Oui merci. Je crois qu'on a bien choisi. Mia peut avoir la mer à proximité. » Mia venait dans la cuisine à son tour. Elle tenait Pinou dans ses mains, son doudou depuis qu'elle était petite. C'était un lapin en peluche avec des oreilles aussi grandes que lui. Elle en prenait soin et ne le quittait que pour aller à l'école. Maintenant qu'elle était une grande fille, elle laissait Pinou à la maison. Puis à la question de la photographe, j'expliquais. « Oui, tu peux surveiller la cuisson stp? Mia doit prendre sa douche. On en a pour dix minutes. » Mia fit la moue avant que j'ajoute avec un sourire. « Tu penses t'en sortir? ». Quelques secondes plus tard, j'aidais Mia à se shampooiner les cheveux. « Elle est jolie Lussy... » Je l'observais tout en massant son cuir chevelu. « Tu l'aimes bien? » Elle hocha la tête avec un sourire et je répondais: « Moi aussi. » Une fois douchée, Je mettais un pyjashort rose et blanc avec des petites fleurs roses foncés. Je posais Mia sur le meuble de la salle de bain puis je commençais à lui coiffer les cheveux. « Demain, on ira voir Dora au refuge?» « Dora? » Mia esquissa un sourire. Je me doutais qu'elle allait lui trouver un nom... « Oui, on ira la voir après l'école. ». « Youpppiiiii! » Elle s'accrocha à mon cou avant de me faire un bisou sonore sur la joue. Je souriais avant de la mettre par terre. « Allons aider Lussy. » « Ouuiiii ». Nous allions ensuite rejoindre Lussy.

En effet, Caleb avait plutôt bien choisi son lieu de résidence. La maison en elle-même était plutôt pas mal. Ni trop, ni pas assez pour les besoin de deux personnes et surtout, d’une petite fille. De plus, elle était très bien située, près de la plage. Tout le monde ne peut pas se permettre d’offrir ce genre de luxe à ces enfants. Bien que j’aimais le quartier Currumbin, j’avais choisi Paradise Island. La tranquillité qui régnait dans le quartier me plaisait, bien que la plupart des riverains soient de riches personnes. Je disposais aussi de la mer à proximité puisque le quartier se situe sur une île, au milieu de l’eau. Il n’y à qu’une route qui permets d’accéder à ce quartier résidentiel. Le paradis. C’est comme ça que je vois cette ville. Gold Coast est un petit coin de paradis sur terre. Le climat est tempéré et les décors magnifique. Il y’a d’ailleurs pour un photographe beaucoup de paysages à immortalisé. Je m’en donne à cœur joie quand je décide de faire quelques photos pour mon propre plaisir. Gold Coast est plein de richesse pour nos yeux. Je comprends que les gens viennent passer leurs vacances ici. Je me dis que j’ai de la chance, car je vis dans cette ville à l’année. Je dois dire aussi que c’est encore mieux depuis que mes parents se sont exportés aux États-Unis. La ville est grande, mais plus ma famille est loin de moi et mieux je me porte.

« Oui, bien sûr. » - Répondis-je quand Caleb me demandait de surveiller la cuisson des pâtes pendant qu’il faisait prendre sa douche à Mia. Je me dirigeais vers l’évier pour me laver les mains avant de les essuyer – « Je pense que surveiller la cuisson est dans mes cordes, ne t’inquiètes pas. » - Dis-je sur le ton de l’humour, ajoutant un sourire. Le père et sa fille quittaient donc la cuisine pour rejoindre la salle de bain. En attendant, je faisais attention à la cuisson des pâtes. Je remarquais que Caleb avait préparé des boulettes de soja à la place des boulettes de viande qu’on met habituellement dans les spaghettis. Je souris. Il se souvenait donc que j’étais végétarienne ? Il était déjà plus attentionné que certaines personnes qui ont pu m’entourer. Mes parents par exemple. Je suis végétarienne depuis l’adolescence, mais mes parents croyaient que c’était justement une lubie d’adolescente. Ils ne me prenaient pas au sérieux et cherchait toujours à me faire manger de la viande. Je pris l’initiative de nettoyer la table avant de vouloir la mettre. Je cherchais dans les placards les couverts et les assiettes tout en n’oubliant pas de surveiller les pâtes sur le feu. Si ce n’est que j’ignorai ce qui ce trouvait dans les placards, on aurait presque pu croire que je me trouvais chez moi. J’espérais que Caleb ne le prenne pas mal. Je voulais juste aider en mettant la table et non pas fouiller les placards. J’entendais Caleb et Mia revenir vers la cuisine au bout d’une dizaine de minutes. A cette instant là, je plaçais les assiettes sur la table – « Je me suis permise de mettre la table aussi et j’ai pas fait de dégât avec la cuisson des pâtes, je suis fière de moi ! » - Déclarais-je lorsqu’il arrivait, toujours sur un ton humoristique pour la fin de la phrase. Je savais bien faire la cuisine, enfin disons les trucs de bases. Je pouvais me faire à manger et faire à manger aux autres sans les mettre en danger de mort. C’est déjà ça !

En revenant dans la cuisine avec Mimi, je remarquais que la table avait été installé. Je ne pouvais m'empêcher de sourire à cette initiative. Lussy semblait se repérer facilement chez moi et surtout, à trouver tout ce qu'il fallait pour pouvoir diner. « Tu as très bien fait. Et je suis fier de toi aussi. » Je lui souriais alors que Mia s'installait à la table, déjà prête à manger. Je ne savais pas si la photographe avait l'habitude de faire la cuisine. A vrai dire, je ne me souvenais plus si nous avions abordé ce sujet. Quoiqu'il en soit, nous allions partager un bon repas tous les trois. Je venais mettre ensuite les boissons sur la table, versant un peu de lait de soja à Mia qui s'empressa d'en boire une gorgée. Mia était allergique au lait de vache depuis qu'elle était bébé. A trois semaines, elle s'était retrouvée avec des rougeurs sur tout le corps et des difficultés respiratoires. Je l'avais emmené directement aux urgences et les médecins lui avaient diagnostiqué une intolérance au lait ordinaire. On m'avait donc conseillé de lui prendre du lait de soja et tout était rentré dans l'ordre. Je versais ensuite un peu de vin rouge dans le verre de Lussy et dans le mien. Une fois les pâtes prêtes, nous passions enfin à table. La conversation fut animée. Mia raconta notamment toute sa journée à Lussy, ce qui me fit sourire à plusieurs reprises. A croire qu'elle avait totalement adoptée la nouvelle venue.

A la fin du repas, je laissais Mia s'amuser un peu dans le salon alors que Lussy et moi débarrassions la table et faisions ensemble la vaisselle. Puis je mettais Mia au lit, la laissant avant, dire bonjour à Lussy. Une fois dans sa chambre, je la bordais avant de lui jouer une chanson comme je le faisais souvent. C'était un rituel qui s'était mis en place depuis que Mia était bébé. Elle avait toujours aimé les chansons et cela la calmait quand elle était en pleurs. Je prenais donc ma guitare avant de jouer les premières notes.