J'ignorais totalement ce qui avait guidé mes pas jusqu'ici. Les jours s'écoulaient lentement vers l'automne. Le Wall faisait parler de lui et des messages de plus en plus incendiaires me faisaient tressaillir. Et si quelqu'un savait pour la taule ? Ou pire ? J'étais vraiment un crétin, pour mon nouveau départ, j'étais parvenu à choisir la seule ville d'Australie où mon secret risquait d'être dévoilé au grand jour. Et vite. Je passais parfois là-bas, juste pour me remémorer que ma nouvelle vie ne tenait qu'à un fil. Une nuit, agité de cauchemar et perdu, j'avais pensé à détruire ces briques, à exploser tout ce qu'il représentait. J'avais fini par me raisonner : ça recommencerait ailleurs et puis il n'était pas uniquement un symbole de douleur. On voyait souvent des enfants y déposer des dessins, des ados des mots d'amour et des poèmes... Au milieu de la haine et des intrigues, l'insouciance de ces phrases-là me faisait sourire à tous les coups. Mais, toujours revenait la peur. J'étais stupide de croire qu'on pouvait porter un tel fardeau seul. Par moment, j'avais envie de quitter la ville, laisser derrière moi cette histoire et mes remords. Malheureusement, c'était impossible : j'avais un mec à mes basques pour veiller au bon déroulement de ma libération conditionnelle. Ce matin, il m'avait assommé de conseils vaseux et d'encouragements obscures. Il n'y comprenait rien. Comme le pourrait-il ? Lui n'avait pas tué son meilleur ami et en quelques sortes son frère... Alors, il avait beau discourir sur la chance qu'il avait d'être libre et les efforts qu'il devait encore faire pour conserver cet état des choses, il avait beau essayer de l'aider en dégotant des travaux d'intérêts généraux en dehors de la ville ou avec la plus grande discrétion : ce gars n'était pas un ami. Il ne le serait jamais.

Il n'y avait que deux choses qui me libéraient de mes idées noires et grises. Étonnante était la première : quand j’étais en cuisine au resto, les mains occupées, l'esprit obnubilé par cette passion qui me dévorait chaque jour un peu plus, la concentration me vidait complètement l'esprit. C'était comme une thérapie éclaire. Seulement quand le coup de feu s'éteignait, l'effet cessait immédiatement. La seconde était inavouable. Un souvenir. Des rires, quelques baisers, une attitude d'ado prépubert, une silhouette que j'apercevais encore chaque matin au petit jour, sur la plage où je surfais... Ce souvenir me brûlait l'esprit, m'empêchait d'être en contact avec autre chose que lui-même. Les images, les parfums étaient réels. Je me retrouvais souvent sur cette dune avec elle et je tentais de changer ma décision, de rester là. Mais inlassablement, le moi de ce jour-là s'en allait. En soupirant, je contemplais le numéro sur l'écran de mon portable. Je l'avais nommé "ELLE". Comme si dans des années, je saurais encore qui ELLE était. Ava. Je secouais la tête et envoyais mon texto. Advienne que pourra.

Salut. Si ça te dit, je passe l'aprem au SWResort avec quelques potes. J'aimerais que tu viennes, on s'éclipsera si ils deviennent trop lourd... F.

Il glissa son portable dans sa poche. Il était seul dans le métro. Si elle ne venait pas, il irait voir les otaries en ermite.

Ce matin elle n'était pas motivée pour aller courir. Allongée dans son lit, le regard au plafond : le soleil n'était toujours pas lever. Complètement déréglée par ses entraînements, elle se rendait compte qu'elle ne profitait même plus de ses amis ne voyant que Lussy. Hormis sa meilleure amie, son esprit était tourné vers ce Félix, elle ne pensait qu'à lui, à ses lèvres... Ava se sentait idiote de réagir comme ça mais bon. Elle ne pouvait même pas lui envoyer de message parce qu'elle n'avait pas son numéro. Comme une gourde, elle ne lui avait pas demandé ! Du coup elle se retrouvait comme une conne, si au début elle regardait son portable toutes les deux minutes, ce n'était plus le cas... Enfin maintenant elle le regarde toutes les dix minutes : même la nuit elle ne le mettait pas en silencieux. Finalement, Ava décida de faire une grâce matinée et tenta par tous les moyens de retourner dans son rêve où Felix lui parlait de choses incompréhensible mais elle s'en moquait. En entendant sonner son portable, elle s'empressa comme à chaque fois de le prendre et lu le message d'une de ses amies qui lui disait qu'un nouveau message avait été coller sur le Wall de la part d'Anonym. Rapidement, Ava s'habilla avec une robe rayé bleue marine avec des chaussures à talons compensés du même motif. Elle mit ses lunettes de soleil et partit dans son cabriolet. Une fois sur place, elle se gara rapidement et alla vers le mur :



The Wall a écrit:




Attention à vous habitant de Gold Coast : parmi vous se cachent un tas de névrosés, de faibles et d'assassins... Personne n'est à l’abri ! - Anonyyyym





Ava resta longtemps à regarder le mur, elle y passait souvent pour voir si quelqu'un avait balancé sur elle mais surtout si quelqu'un se souvenait de ce terrible jour... Effrayée à l'idée qu'on la juge, qu'on l'accuse, elle n'avait jamais rien dit à personne mais n'importe qui aurait pût comprendre... C'est dans bouchée bée qu'elle relue encore et encore le message comme si ce dernier allait s'effacer ou bien disparaître. Elle s'installa sur le banc en face et tenta de regarder les autres papiers. Assise là, elle se sentait inactive, déjà fatiguée alors que la journée ne faisait que commencer pour elle. Dans sa tête elle répétait les mots de l'annonce. Elle avait peur. Oui Ava ne voulait pas que son secret se sache : qui le voudrait.
Son portable sonna, un numéro inconnu : son cœur s'emballa.


Salut. Si ça te dit, je passe l'aprem au SWResort avec quelques potes. J'aimerais que tu viennes, on s'éclipsera si ils deviennent trop lourd... F.


Un sourire s'afficha sur son visage, elle répondit dans les secondes qui suivirent :


Un peu mon neveu que je veux ! A quelle heure ?
A.


Ava se leva, enjouée et ravie. Peut-être que sa journée allait finalement bien ce passer. Elle était au rendez-vous et même en avance. Cela lui permit de se remaquiller un peu alors qu'elle ne le faisait jamais. On était bien loin de la joggeuse : ses cheveux étaient détachés et elle faisait clairement plus féminine. En le voyant au loin, son cœur manqua un battement, ce n'est qu'une fois en face d'elle qu'elle arriva à le saluer :

« Hey... »

Devait-elle lui faire la bise, l'embrasser, le prendre dans ses bras ? Ava ne sachant pas quoi faire va se contenter de sourire :

« Merci de m'avoir invité. »

C'était idiot, complètement idiot mais Ava était une personne comme ça. Elle remerciait tout et tous le monde alors il ne fallait pas s'inquiéter.

« Comment tu vas ? »

Le soleil brillait comme toujours sur cette foutue côte australienne. 360 jours de bonheur, c'est ce que promettent la plupart des agences de tourismes. Le pire, c'est qu'ils mentent à peine. L'Australie est vraiment un pays paradisiaque. Son âme, son histoire... Pourtant à y regarder de plus près, les habitants y sont tout aussi dingues et contrastés qu'ailleurs. Le soleil ne fait pas en sorte que la vie soit plus belle. Il est vrai qu'il apaise mais un homme reste seul, une mère perdue reste perdue, un père absent ou violent reste ce qu'il est également. Les gens qui voyagent ont tord de croire que la vie est plus belle là où ils vont en vacances. Ici comme partout ailleurs, les humains sont méchants et assassins. Ici comme partout les langues se délient pour le pire et le Wall en est un bel exemple. Et pourtant, quelques personnes essayent encore de croire qu'en souriant, en vivant pleinement chaque minute, on peut enjoliver cet endroit. Felix ne doutait pas qu'Ava jouait dans cette catégorie. Il avait senti sa souffrance mais aussi sa joie de vivre débordante. Il lui enviait cette insouciance qu’elle avait sans doute acquise avec une force incroyable. Lui n'était pas capable de voir le bien par lui-même, était-ce égoïste de croire que la jolie joggeuse pouvait l'aider ? Il soupira, appuyé nonchalamment à la barrière devant le parc aquatique. Sa réponse avait été courte, juste un chiffre pm. Il se sentait avare d'attendre d'elle qu’elle soit une sauveuse alors que lui ne comptait rien lui donner. Que pourrait-il bien lui apporter, lui le jeune des quartiers assez fous pour se retrouver impliqués dans deux meurtres et une histoire de protection de témoins. Cette idée n'était peut-être pas la meilleure qu'il ait eue, mais depuis qu'ils avaient parlé, il ne pouvait se sortir son sourire de l'esprit. Devant ses yeux dansaient les reflets rouges de ses mèches folles. Il se souvenait particulièrement de leur baiser sur le sable, de ses lèvres, de son corps contre le sien. Il secoua la tête sentant une étrange chaleur l'envahir. Dire qu'il y avait de l'amour là-dessous serait prématuré mais une chose était certaine, il la désirait ardemment. Pas seulement physiquement. La seule présence d'Ava était capable de le rendre amnésique. Et c'était exactement ce dont il avait besoin.

Quand il la reconnu parmi quelques personnes qui remontaient l'allée, il se redressa et lui rendit son sourire, ne répondant que par un clin d'oeil. "Bien. Et toi ? Je ne t'ai pas vue ce matin..." Il sourit, l'attrapa par la taille et déposa un chaste baiser sur ses lèvres. Il n'était pas certains de ses propres intentions mais il était clair pour lui qu'à la fin de cette journée, ils seraient tous deux fixés. Felix détestait jouer au chat et à la souris. Quoique... Bref. Ce soir, peut-être ne serait-il plus "seul". C'était théorique parce que au bout du compte il serait toujours seul face à ses démons.

Un chiffre, pm après : la réponse de Felix était claire, nette, précise. Pas de roman, pas d mots inutiles ou bien de smiley. Cela stressait un peu Ava qui ne savait donc pas l'état d'esprit qu'avait celui qui l'avait invité. Ne pas contrôler la situation la stressait, pour se protéger elle avait toujours eut cette manie de toujours trouver une solution pour arriver à ses fins, pour diriger les choses. Elle n'avait pas du tout prévu cette excursions à Sea World mais cela ne pourrait pas lui faire de mal. Cela lui changerait les idées et lui empêcherait de penser au mur et à ce qu'il y avait marqué dessus. Qui voulait avoir son secret affiché après tout ? Personne. Certaines choses devaient rester secrète, devait ne pas se savoir. Ava stressait à l'idée de revoir Felix, surtout que là elle n'était pas du tout dans l'esprit de la dernière fois. On ne peut pas oublier un baiser sur une plage même si il avait été court. Idem pour les caresses et cette sensation que le temps s'arrête. Ava n'arrivait pas à se sortir la scène de sa tête, elle l'obsédait or être sous la coupe de quelqu'un, ne serait-ce que par un souvenir la perturbait et la dérangeait. Était-ce pour cela qu'elle n'était pas allée courir ce matin ? Par peur de croiser Felix et de ne pas savoir quoi dire ? De se sentir gêné ? De quoi c'était une autre question mais je crois qu'il y en à assez alors gardons cette dernière pour plus tard.
Ava le remarqua tout de suite parmi la populace, il était appuyé contre la rambarde à l'attendre : pas de traces de ses potes... Ce n'était pas Ava qui allait se plaindre mais bon... Peut-être allaient-ils les rejoindre plus tard ou bien Felix avait annulé avec les autres pour être avec celle ? La rousse devait arrêter de se poser toutes ces questions et profiter de l'instant présent. De toute façon son cerveau se mit en position off à la seconde où elle se retrouva en face de lui.

« Oui c'est vrai... Je t'ai manqué ? »

Un sourire malicieux, Ava ne s'attendait pas du tout à ce que le brun l'attire contre lui pour l'embrasser. Oh il ne fallut pas longtemps à l'étudiante pour y répondre mais elle était surprise... Genre sur la plage oui, dans l'euphorie du moment mais là pourquoi il l'embrassait ? Son cœur s'emballa plus qu'elle ne l'aurait voulut. S'attacher à quelqu'un était sa pire peur et inévitablement, même si elle ne le connaissait pas, elle s'attachait à lui. Ava ne pourrait pas dire pourquoi mais les faits étaient là. Tandis qu'elle répondait à son baiser, ses mains s'étaient glissés sur les côtes de Felix. Elle s'éloigna mais garda ses mains sur lui. Un sourire  :

« J'aurai peut-être du venir ce matin finalement... »

Un rire, elle s'écarta rompant le contact physique et remit son sac sur son épaule :

« Tu veux commencer par aller voir quoi ? »

Felix avait toujours eu l'habitude d'avoir ce qu'il voulait quand il voulait. Il suffisait de le voler ou de vendre un peu de daube pour parvenir à ses fins. Aujourd'hui, les choses étaient différentes et surtout, il avait compris que ça ne pouvait pas durer, que la vraie vie était bien différente et que les types comme lui n'arrangeaient rien à la situation. Changer était difficile mais il y croyait. Depuis la mort de Josh et de son frère, il était persuadé de pouvoir y arriver. Après tout, son ainé était parti en fac et s'en était sorti, jusqu'à cette fameuse nuit dans cette ruelle. Son monde avait alors implosé. N'empêche que sans ça, jamais son petit frère n'en serait là, jamais il ne lui serait venu à l'idée d'offrir un rencard à une fille simplement parce qu'elle lui plaisait et qu'elle avait une influence un peu positive sur lui. Ava était l'optimisme même, malgré la souffrance cachée dans ses grands yeux et elle serrait celle qui le sortirait de là. Quoique... Peut-être mettait-il trop d'idéaux dans leur relation. Peut-être pas. Dans tous les cas, il savait combien il pensait à elle et penser à elle, c'était oublier ses envies de came et de conneries. Passer du temps avec elle l'éloignerais de Chris... Un peu. Suffisamment pour ne pas sombrer avec lui quand cela arriverait.

Quand il posa ses lèvres sur les siennes, Felix pensait juste à un petit baiser de bienvenue mais elle se cola contre lui, prolongeant leur étreinte. Le souffle coupé, il ferma les yeux et entoura sa taille de ses bras avec un peu trop de force. Elle ne sembla pas le remarquer et il se dit que peut-être elle aussi n'avait cessé de penser à lui et à cet instant sur la plage. "Oui, tu aurais peut-être dû..." Leur regard se croisèrent un instant puis il la libéra au moment même où elle laissait couler ses mains de ses côtes. Elle était incroyablement belle avec le rouge aux joues et les reflets du soleil dans ses boucles incendiaires. Pendant une seconde, il sourit puis parvint à se sortir de ses pensées. "J'ai prévu un programme de dingues..." Alors là, c'était vraiment du baratin parce qu'il n'avait aucune idée de quoi faire. N'empêche qu'il entoura les épaules de la jeune femme d'un bras et l'entraina vers le sud. D'après les panneaux, il y avait le centre aquatique de ce côté, ça devait être chouette de voir des otaries et des dauphins... Le genre de truc qu'on fait à un rencard... Mouai. Il n'en savait rien mais il voulait avoir l'air normal pour une fois. La maladresse sociale était l'un de ses plus grands défauts. Où qu'il soit, on le repérait toujours comme le mec pas à sa place.

Après quelques minutes, il s'arrêta. "Au fait, j'ai un petit cadeau pour toi..." Il sortis de sa poche un protège dents de rugby jaune avec un chat vert dessiné dessus. Il sourit avec une petite moue ridicule puis se remit en marche après avoir poser le bout de plastique dans la paume de Ava. Cadeau stupide sans doute, mais c'ets l'intention qui compte non ?

Ava regardait ce jeune homme, ce jeune homme qu'elle ne connaissait pas et qui pourtant à réussit à la toucher. L'alchimie qu'il y avait entre eux était indéniable. Elle n'arrivait pas à sortir de sa tête Felix qui s'insinuait comme un doux poison pour torturer son esprit entre raison et désir. Sa raison lui disait qu'il ne fallait pas s'attacher à lui alors qu'elle ne le connaissait pas, son désir lui disait de se jeter dans ses bras et d'enlever l'espace insupportable qu'il y avait entre leurs lèvres. Ava se sentait complète à côté de lui, là dans ses bras, elle se sentait femme. Aller savoir pourquoi, on était bien loin de la rousse guerrière sur le terrain prête à mordre tous ceux qui l'empêcherait de passer. Déjà elle était en robe : chose exceptionnelle quand on la connaît. Felix la serrait contre lui et ce n'était pas pour lui déplaire, c'était tellement... Agréable.

« Je n'avais pas ton numéro... Je ne pouvais pas te dire que je viendrai pas... »

Souffla-t-elle pour reprendre ses esprits. Son regard fit rougir Ava, elle avait envie de s'y noyer, son regard était un tout, passer des heures à le regarder ne serait pas suffisant pour assouvir son envie de le comprendre et lire en lui grâce à son regard. Son sourire valait tous les sourires du monde. Felix -au de là d'être beau- dégageait quelque chose qui ne laissait pas indifférent la demoiselle. Ava haussa ses sourcils lorsqu'il affirma qu'il avait prévu un programme de fou : cela la fit sourire bien évidemment. Elle le laissa passer son bras autour d'elle avant de faire de même, profitant de la situation pour se coller à lui. Ava était tactile et Felix allait rapidement le comprendre.

« Eh bien je te laisse me guider alors. »

Au bout de quelques minutes, Felix s'arrêta ce qui fit froncer les sourcils à Ava qui se mit à se poser mille et une question : il voulait partir, elle avait fait quelque chose de mal, il regrettait... Bref du grand Ava ! Lorsqu'il affirma qu'il avait un cadeau, le froncement de sourcil laissa place à un haussement de surprise. Lorsqu'elle vit le protège dent, ses yeux s'illuminèrent parce qu'il faut savoir qu'un rien la satisfait. Sa petite moue, le cadeau ne pouvait que faire sourire Ava qui ne s'en remettrait probablement que demain et encore. Alors qu'il se remettait en marche, elle resta un peu scotché : gros sourire niais sur son visage. Ava le rattrapa pour l'enlacer dans le dos :

« Merci... Merci beaucoup. »

Ava était touchée, on ne peut plus touchée. Elle se mit sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa nuque nue et resta ainsi pour s'imprégner de son odeur :

« Le mien c'est cassé ça tombe bien, puis c'est au couleur de l'équipe. Merci encore. »

Ava fit glisser -sans le vouloir vraiment- ses mains sur son torse avant de se décoller de lui pour marcher de nouveau en le prenant par la main : parce qu'elle en avait envie, parce qu'elle en avait le besoin.

« Je me sens gênée... Je n'ai rien pour toi... »

Ce qui était vrai : Ava ne supportait pas qu'on lui offre quelque chose et qu'elle n'ait rien sur elle. Soudain elle pensa à quelque chose. Elle lâcha la main de Felix et sortit de son sac des places pour le match de l'équipe national, elle sortie deux tickets :

« Mon frère est capitaine, si tu veux venir avec moi... »

Un grand sourire appuya ses paroles :

« Ca me ferait plaisir... »

Ava où la maladresse incarnée.

Il y a certains instants comme ceux-ci où plus rien ne semble exister. Félix n'avait plus de passé, pas d'avenir, plus de nom ni d'envies... Il essayait juste de profiter de ce vide sidéral, de cet sensation sans nom qui l'étreignait : l'impression folle qu'il connaissait cette fille depuis toujours, qu'il avait toujours vécu ici et que tout était tout à fait normal. Et pourtant, il y avait matière à discuter : un type avec un casier long comme le bras, une joueuse de rugby, deux inconnus avec strictement rien en commun. Finalement le prof de sciences avait peut-être raison, tout ça n'était qu'une question de nuage d'hormones et d'attirance physique... Bizarrement, voir les choses sous cet angle embêta le natif de Perth. Même s'il venait d'un sale quartier, il avait entendu les filles parler de princes charmants et entendu le mal que peu faire des commentaires de mecs insensibles. Il avait aussi vu les ravages des viols... Tout ça ne pouvait pas être qu'une question de phéromones pas vrai ? Il avait aimé Beck comme un dingue... Du moins le croyait-il. Parce que si ça avait été le cas, ne seraient-ils pas mariés à l'heure qu'il est ? Bref. Stop aux fantasmes et aux "si".

Quand il offrit son ridicule cadeau à Ava, il fut réellement surpris de la voir aux anges. A la base, il avait hésité, tellement il trouvait ça stupide. Disons que n'importe quelle fille seine d'esprit l'aurait envoyé promené lui et son protège-dent. Il sourit quand elle l'embrassa dans le cou mais la laissa filer quand elle s'écarta, provoquant un frisson perturbant le long de ses bras. Le manque le submergea soudain et il du se mordre la langue pour ne pas lui sauter dessus. Les gens ne s'imagine pas à quel point la vie en prison vous laisse aussi démuni qu'un drogué sans sa coke à la sortie. Hum, tu m'en avais déjà parlé mais ne te sens pas obligée... Tu sais, ce n'est qu'un bout de plastique alors qu'un match... Enfin bref. Leurs regards se croisèrent un long moment mais il détourna vivement le sien, refoulant l'envie de l'embrasser. En s'appuyant sur une rambarde, il jeta un coup d’œil au bassin un peu plus bas. Il ne réalisa qu'une minute plus tard qu'il avait glisser un bras autour de la jeune femme et qu'ils observaient tous deux les otaries. De loin, ils devaient ressembler à un vrai couple. Des jeunes adultes normaux qui se promènent... Avec Rebecca, ça n'avait jamais été comme ça... Leur spectacle comme dans une heure, tu veux qu'on aille voir les requins en attendant ? Resserrant son étreinte, il souffla sur une des mèches de la jeune femme pour la repousser de son visage.

Ava respira tranquillement l'odeur de Felix, un petit vent frais se faisait sentir. Elle se sentait bien, presque complète. Cette sensation d'être heureuse, son venter qui se serrait en pensant que le temps filait déjà entre ses doigts la laissant impuissante ? Le petit cadeau qu'il lui avait fait, transportait de joie la demoiselle. Genre il lui faisait un cadeau alors qu'elle n'était rien pour lui, elle n'était qu'une fille parmi tant d'autres, une rousse qui traînait par là. Pourtant avec ce cadeau, Ava avait l'impression d'avoir un peu d'importance... Après tout on ne fait pas de cadeau à une personne inconnue, à une personne qui ne marquait pas. L'étudiante en médecine allait garder précieusement ce protège-dent et le garderait seulement pour les matchs. Il lui porterait peut-être chance après tout. En s'éloignant de lui, elle résistait à ses envies : son corps voulait rester coller au sien... Allez savoir pourquoi, il était comme la lumière et elle le papillon : elle devait aller vers lui. Ava sortit de son sac deux places pour aller voir le match de son frère, un échange : il lui fait un cadeau, elle lui en fait un.

« Je ne m'oblige jamais à rien, si je veux d'offrir ces places c'est par envie et non par obligation. »

Ava souriait, que pouvait-elle faire d'autre ? Elle était heureuse et elle voulait le montrer même si elle pouvait sembler folle. Elle se plongea dans son regard, ne se lassant pas de regarder ces pupilles si envoûtantes. Se noyer dans ses yeux ? Oui, pas de soucis. Ils ressemblaient à un vrai petit couple, c'était étrange comme sensation, il n'y avait rien de définit et ça la perturbait même si c'était agréable au fond. Felix parla de requin, elle releva la tête en souriant :

« Mais en voilà une idée qu'elle est bonne ! Tu sais que c'est mon surnom de surf ? Sharky the mad Shark. C'est marqué sur ma planche et sur ma combinaison. »

Felix souffla dans ses cheveux, elle tourna sa tête pour regarder les moindres traits de son visage avant de remettre sa tête droite pour se diriger vers les bassins où les grands requins étaient. Elle se décolla de lui pour aller s'installer dans les gradins. C'était une pièce avec une immense vitre où quatre requins nageaient. Elle tourna sa tête, attendit que Felix soit assit pour se coller à lui.

« Je pensais que tu ne m'enverrai jamais de sms. »

Elle va avoir un petit sourire :

« Je suis contente que tu l'es fait... »

Avant de se laisser tenter par l'envie de lui prendre la main étant une personne assez tactile...