La soirée à l'Underground avait été plutôt longue. Même si j'étais monté sur scène pour accompagner l'un des groupes qui était prévu et qui manquait d'un guitariste à leurs côtés. La guitare n'est pas mon instrument de prédilection mais j'aime bien en jouer de temps en temps. Cela me change de ma basse. Mais j'avais surtout passé une bonne partie de mon temps à faire la comptabilité du club. C'était la chose que je détestais le plus. J'avais l'impression de me retrouver à l'école et que le comptable allait me donner un bon ou un mauvais point. C'était très chiant et je songeais même à engager un comptable à temps complet pour s'occuper de tout ça. Je n'aurais plus qu'à profiter de tous les côtés positifs de l'Underground. D'ailleurs, je songeais aussi à réinvestir de l'argent dans une autre bâtisse que j'avais repéré du côté de la plage. Elle me semblait parfaite pour y installer un second club. Parce que j'appréciais toujours autant de découvrir de nouveaux artistes en devenir. D'ailleurs, au niveau des employés de l'Und', il y avait de bonnes surprises, Jay mais aussi Lyssa qui essayait de mettre de côté son trac pour monter de temps à autre sur la scène. Je ne regrettais pas de la pousser à aller changer, de prendre la micro. Lyss' avec une belle voix, différente des monocordes qu'on entend sans cesse à la radio ou qu'on voit à la télévision.

D'ailleurs, la jolie brunette m'avait demandé de passer chez elle. Elle écrivait et elle souhaitait que je jette un oeil à ce qu'elle faisait. Pourquoi pas. Je n'avais rien de prévu ce soir là et à ma sortie de l'Underground, je m'étais donc dirigé vers son quartier. Je le connaissais à présent pour l'avoir déjà déposé devant chez elle. Je passais derrière l'immeuble et j'y garais ma Kawasaki, dans un coin reculé. Je mis pied à terre après avoir coupé le contact puis j'inspectais le bâtiment. Je remarquais l'escalier de secours et décidais d'y monter. J'avais la flemme de faire le tour. J'arrivais directement à son étage. Une fois dans le couloir, je passais une main dans mes cheveux, les remettant correctement. Ils commençaient à devenir un peu trop long. Et une visite chez le coiffeur allait devoir s'imposer. Je frappais ensuite deux coups secs à la porte. Je connaissais le numéro de son appartement pour l'avoir vu sur sa feuille d'embauche. J'avais une bonne mémoire. C'était surement cela qui m'avait aidé à l'école. Bref, la porte s'ouvrit et Lyssa vint contre moi. J'étais un peu surpris par par son geste. Mais j'avais appris à ne plus m'en occuper. Je savais qu'elle était du genre tactile comme toutes les femmes. Même si elle, elle n'était pas toutes ces femmes. Et heureusement. « Pas vraiment, jsuis passé par l'escalier de secours. » En entrant dans l'appartement, je sentis une succulente odeur. « Tu as préparé à diner? » J'avais soudain une faim de loup. Et je me souvenais alors que je n'avais pas déjeuner. Je retirais ma veste en cuir et je remarquais alors la bouteille de vin. « Tu as mis les petits plats dans les grands. Ou alors, c'est que tu attends quelqu'un ? » Je l'observais avant de poser ma veste sur le porte manteaux tout proche.

En le voyant sur le pas de la porte, je retrouvais un semblant de calme. Mon souffle redevint normal et je pus enfin me rassurer : rien n'était bizarre ici... C'était juste moi qui me faisait un film. Si j'avais cuisiné, c'était parce que je savais combien le job au bar l'ennuyait quand il n'était question que de paperasse. Si une bouteille de vin était ouverte, c'était juste parce que j'aimais boire un verre avec un ami en travaillant. Les tanins du rouge épicés que j'avais choisi m'aidait à réfléchir. Je souris et le tirais à l'intérieur pendant qu'il retirait sa veste. C'est une drôle d'idées, mais tu as bien fait. Ces gars sont juste jeunes et cons mais très lourds quand ils s'y mettent. Je haussais les épaules. Il fut un tant où moi aussi je squattais les bas d'immeuble de Jackson avec une bande d'amis, secouant un peu les gens qui passaient. Nous n'avions jamais dépassé les limites de l'acceptable. Du moins selon nos propres critères. Et aujourd'hui, mon petit frère faisait pareil. Sauf que lui n'avait pas le moindre sens des restrictions. Ma mère et moi l'avions trop couvé depuis sa maladie. Nous ne pouvions nous en prendre qu'à nous même... Parfois, je me demandais ce qui le sortirais de ses emmerdes et de sa vie dissolue. Une rechute ? Cela me mortifiait. J'aimais mieux imaginer qu'il se trouverait une passion comme la musique et l'écriture qui m'avait libérée... Mais il ne semblait trouver de qualité à rien hormis jouer au con.

Je secouais la tête pour l'oublier, surtout quand je vis que Reed tournait la tête, attiré par le parfum de la cuisine puis désignais la bouteille de vin. Oui j'attends quelqu'un. Un type sympa que j'ai rencontré il y a presque deux ans maintenant. Il m'a un peu sauver la mise... Je lui souris. Aucun doute qu'il comprendrait que c'était de lui que je parlais. Lui qui m'avait donner ma chance puis poussée sur scène. Sans lui, j'en serais encore à chantonner timidement sous la douche comme une gamine. Sans lui, je n'aurais pas le courage de regarder l'Underground plein à craquer sans me liquéfier. Enfin, si tu veux, je veux bien sacrifier un verre de vin pour toi... J'espère que tu as faim, au fait. En m'installant sur le canapé, je lui désignais la place à côté de moi et lui tendit mon cahier de partitions : mon enfer une fois que j'avais le texte était d’adapter les derniers accords... ça te dérange pas de jeter un oeil pendant que les pâtes finissent de cuire ? J'étais à la fois heureuse et angoissée qu'il voit mon travail. Je n'avais chanter que quelques compositions personnelles au bar. Je préférais ne pas me dévoiler et ces chansons, elles représentaient tout ce qu'il y avait en moi. De la furie que j'étais enfant à la bête terrifiée par la faute d'un seul homme. Je levais les yeux vers Reed, croisé son regard d'acier bleu était presque douloureux. Il était presque le meilleur ami que j'avais dans cette ville et à n'en pas douter l'homme qui m'attirait le plus depuis ma naissance. Mais quelque chose en lui m'effrayait, ce quelque chose était aussi ce que j'aimais chez lui... Et il m'était impossible de savoir de quoi il s'agissait.

En entrant dans l'appartement de Lyssa, je m'étais souvenu que je n'avais pas manger de la journée et que j'avais donc une faim de loup. J'avais l'estomac qui jouait au yoyo. Mon attention fut toutefois occupée par la jolie brune qui se tenait devant moi. A ses paroles, je ne pouvais m'empêcher d'étirer mes lèvres en un leger sourire. « Ah mais ce n'est pas pour ces gosses, juste que c'était plus pratique pour moi. J'ai laissé ma moto derrière. » D'ailleurs, je me demandais si elle ne craignais rien dehors. Quoique le quartier était tranquille donc je ne me faisais pas trop de soucis. « Je crois en plus que j'étais pire étant plus jeune. » Donc ces gamins n'étaient pas un problème. Bref, je la suivais jusqu'au salon avant de m'installer sur le canapé, près de la jeune femme. Aux nouvelles paroles de Lyssa, je l'observais, amusé. « Il en a de la chance ce type. Il va profiter d'un bon diner et d'une superbe femme pour lui tout seul.» Lyssa, je la connaissais depuis deux ans. J'avais tout de suite été charmée non seulement par sa voix mais aussi par la personne qu'elle était. C'était une femme attachante, gentille et généreuse. Cela me changeait des filles capricieuses et chieuses qui remplissaient ma vie, de façon voulue ou surtout imposées. Elle était une bouffée de fraicheur que j'appréciais.

Lyssa chantait. Elle m'en avait fais la confidence quand je l'avais embauché à l'Underground. Mais elle avait refusé les premiers temps de monter sur scène. Malgré tout, à force de persuasion, j'avais réussi à a la persuader d'affronter le public et j'avais bien fait. Lyssa avait une superbe voix. Elle était faite pour chanter et non pour passer tout son temps à servir au bar du club. « Je veux bien me sacrifier. Et oui, j'ai une faim de loup. » Je fronçais ensuite les sourcils à ses paroles. Je regardais le cahier qu'elle me donnait avant de répondre. « Du tout. Montre moi ça. » Je prenais le cahier en main, l'ouvrant à la première page. Je regardais attentivement ce qui y était écris. Des portées à l'encre noire, des partitions et des mélodies au crayon. « Ce n'est pas mauvais... » Je lisais la musique avant d'ajouter. « Par contre là, il te manque un accord... et là aussi. » Je levais mon visage sur elle, posant mes yeux bleus sur son visage. « Tu écris depuis longtemps? » Je savais qu'elle écrivait de temps en temps mais elle semblait s'y être mis sérieusement ces derniers temps. Ce qui n'était pas plus mal. Lyssa avait une bonne inspiration. Et elle semblait avoir une facilité pour trouver des mélodies.

J'avalais le compliment avec un ronronnement. Donc, il me trouvait belle. Et surtout, il venait de parler de moi en "femme", j'en avais perdu l'habitude tant on me traitait comme une enfant. Enfin, c'était peut-être un peu aussi à cause de moi, de tous ces enfants que je gardais et de ma manie de m'échapper par une petite langue dés que les choses tournent mal. Aujourd'hui, j'espérais que tout se passerait bien et que quelque chose, enfin, me donnerait la réponse au sujet de ce que je ressentais pour mon boss. Un baiser, un rejet, une gifle... N'importe quoi. Même l'envie qu'il me parle d'une petite amie sérieuse m'effleura. Puis je réalisais combien je serais jalouse s'il me parlait jamais d'une autre femme. Et la jalousie n'était définitivement pas mon genre. Reedan Carson était en train de me rendre dingue. Quoique en y réfléchissant bien, ce ne serait pas vraiment de la jalousie, juste une envie furieuse d'être celle qu'il désirerait. L'amour ? C'était une chose secondaire loin d'être désagréable mais loin d'être indispensable dans un premier temps. Stupides pensées adieux. La musique revenait au premier plan et ça, c'était un domaine où elle ne pouvait pas se laisser déstabiliser.

Déposant deux verres de vins sur la table basse, je me penchais vers lui pour suivre le mouvement de son doigts sur mes partitions et mes paroles. Dans ma tête, je me mis à fredonner et ce qu'il disait était évident. Difficile de croire que j'étais passée à côté de ça. Oui, tu as raison, je devrais peut-être essayer de placer un accord grave par là pour faire un contraste... En tortillant une mèche de cheveux autour de mon doigts je me mordillais la lèvre inférieure. C'était un peu atypique mais ça pourrait marcher. Battant un tempo sur ma cuisse, j'essayais d'imaginer ce que ça donnerait avec la guitare. Je n'avais pas vraiment envie d'en jouer à cet instant. Tout ce passait dans ma tête. Merci... Mais j'aimerais un peu mieux que du "pas mauvais", un peu comme la numéro 3 de ton album d'y a deux ans... Je sais que c'est toi qui la composée... Ok, là ça faisiat peut-être un peu fan hystérique mais à la base, je ne m'intéressait qu'à la musique et lui et son groupe étaient vraiment incroyables, c'est en rencontrant Reed que mon côté groupies était un peu ressorti. Je souris. J'écris des textes depuis toujours... Mais ça ne fait que quatre ans que j'essaie de les coller sur de la musique pas trop mauvaise... Je haussais les épaules avec une moue timide. J'aurais pu parler de mon bouquin, mais je n'en avais pas envie... Si jamais il s'y intéressais et le lisait, je me sentirais bien trop fragile face à lui... Et puis, c'était vraiment pitoyable... Les gens l'adoraient mais moi, je savais qu'il n'existait pas pour les bonnes raisons... Ces lignes étaient basées sur une nuit que j'aurais dû oublier... Sauf que ma mère ne cessait de vouloir que j'en parle...

Reed ? Je déglutis en entendant ma petite voix de souris puis me dégonflais comme toujours... On les mange ces pâtes ?

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu du mal avec les femmes. Non pas pour les approcher ou les séduire mais j'avais plutôt des difficultés à les comprendre. Elles étaient la plupart du temps, des femmes impossibles à comprendre. Un jour elles voyaient la vie en rose et le jour d'après, elles voyaient rouge. Je m'y perdais alors j'avais abandonné l'envie de les déchiffrer depuis longtemps. Mais parfois, le feeling passait un peu mieux avec certaines femmes. Et c'était ce qui se passait avec Lyssa. Déjà nous avions le point commun d'aimer la musique. Elle avait une bonne oreille musicale et une très belle voix, ce qui fait qu'elle avait attiré mon attention, en dehors du fait qu'elle était une femme très belle. Et c'était ainsi, qu'on s'était rapproché. Nous parlions souvent de musique, des nouveaux albums qui sortaient où même parfois de mon propre groupe. J'avais su dès le départ qu'elle était fan des Dark Shines mais cela ne m'avait pas ennuyé. Du moment, qu'elle ne me suivait pas à la trace avec un air de gamine attardée, cela me suffisait. Et puis avec le temps, j'avais appris à la connaître et à oublier qu'elle appréciait ce que je faisait, même si dans un sens, cela me flattait.

Je m'étais donc installé sur le canapé, face à la petite table basse du salon. Lyssa m'avait donné son cahier de partitions et j'étais entrain de le lire alors qu'elle avait repris la parole. Je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un sourire à ses paroles alors qu'elle tapotait sa cuisse pour former un tempo. « C'est très bon. » Je ne savais pas pourquoi je la rassurais comme je le faisais. Peut-être parce que je croyais en elle et parce que je la savais talentueuse alors je ne voulais pas la décourager. J'avais composé moi même pas mal de chansons comme elle le disait pour mon groupe. C'était venu tout seul, tout comme elle. Je n'avais pas pris de cours sur la composition, je n'avais aucun « bagage » mais cela ne m'empêcher pas d'écrire. Et je souhaitais que ce soit la même chose pour elle. Elle avait besoin que quelqu'un puisse croire en elle. Et en deux ans, j'avais vu tout le talent dont elle pouvait faire preuve. Je savais qu'elle était capable de faire encore mieux. « Je peux t'aider si tu veux... J'ai déjà co-écrit des textes alors cela ne me dérangerai pas de travailler avec toi. » Je tournais une autre page, lisant une autre composition qui me semblait elle, parfaite. Je levais ensuite mon visage sur elle quand elle reprit la parole d'une petite voix. Je fronçais les sourcils. Est-ce que j'aurais commis un impair dans mes paroles? Décidément, je ne semblais pas encore tout à fait la comprendre. J'ajoutais alors, à la suite de ses paroles. « Tu as beaucoup de talent Lyss', sinon je ne prendrais pas la peine de te lire, je ne serais même pas venu ici. » Je lui souriais. Il n'y avait qu'avec elle, que je me sentais bien. « Je plaisante, enfin pour la dernière partie. Mais oui, on peut manger ces pâtes, j'ai une faim de loup. » Je reposais le cahier sur la table basse avant de me relever et de demander. « Est-ce que tu peux m'indiquer la salle de bain? J'aimerai me laver les mains. »

Reedan était le seul qui parvenait à me déstabiliser et me réconforter en même temps. J'avais beau être de celle qui résiste à tout, à chaque fois qu'il s'intéressait un peu à moi, j'avais comme du mal à rester moi-même. J'avais l'impression de me comporter comme toutes ces femmes qui l'ennuyaient à mourir et ça me mettait hors de moi. A côté de ça, il y avait son sourire rassurant quand il lisait mon travail ou me forçait à monter sur scène. j'ignorais pourquoi, mais il voulait croire en moi. C'était le seul après ma mère et mon vieux prof, à s'intéresser à autre chose qu'à mes fesses et ma façon de servir une bière. Sans le savoir, c'était ça qui m'impressionnait chez lui : cette façon qu'il avait de veiller sur moi. Je ne savais vraiment pas pourquoi, mais c'était comme s 'il savait tout, comme s'il voyait que j'avais besoin qu'on me pousse, qu'on m'aide. Je devais oublier et ça je ne pourrais pas le faire seule, même si je jouais à la dure. Malheureusement pour moi, s'il avait ce désir de m'aider, jamais il ne verrais en moi autre chose. Quelque part, ça me désespérait. Il serait sans doute un grand frère parfait qui sourit en voyant sa petite soeur grandir et éclore comme une rose fragile. Seulement, il me manquerait en tant qu'homme, j'en étais sûre... Ces pensées me désarçonnait et en même temps, me rassuraient : je ne devais pas lui parler du livre ni de ce type immonde, je ne devais rien dire au sujet de mon frère et de sa maladie. Je devais rester une artiste à ses yeux, c'était tout. Et puis de toute façon, il devait s'en foutre royalement de mes états d'âme... Et puis il y avait ces autres filles... Alors moi, je préférais être son amie qu'une fille d'un soir... Un choix facile à mes yeux.

J'espère bien que tu plaisante ! Espèce de goujat, c'est pas comme ça qu'on parle à une Dame ! Je souris, aux anges d'avoir évité la catastrophe. Les secrets étaient des secrets justement parce qu'ils devaient le rester. ça tombe bien, j'en ai fait pour quatre ! Viens par ici. Je l’entraînais vers le fond du salon, une porte donnait sur ma chambre qu'il fallait traverser pour arriver à la salle de bain. Je jetais un regard dépité sur les fringues éparpillés sur le lit et les chaussures par terre. Désolée pour le bordel. C'est là. Désignant la porte, je souris puis fis demi-tour pour amener les plats à table. Silencieusement, je priais pour avoir eu le bon sens de ranger mon maquillage sans m'en souvenir. Sinon le pauvre allait devoir faire du déblayage avant de se laver les mains. En chantonnant Never let me go de Florence and the machine, j'emplis les assiettes creuses et les apportaient à table. J'espérais ne pas retomber dans un romantisme à vomir avant la fin de la soirée. Ce serait sans doute impossible mais on peut bien rêver.

Je me relevais donc du canapé où j'avais pris place afin de me diriger vers la salle de bain. J'étais parti tout de suite du Und' et je n'avais pas eu le temps de faire un brin de toilette. Je suivais donc la jolie brune à travers son appartement. Apparemment, elle n'avait qu'une salle de bain. Et pour y accéder, nous devions traverser sa chambre. J'évitais de poser les yeux sur cette pièce qui devait être une partie d'elle, par respect et surtout parce que le bordel qui y régnait, n'était pas mon problème. J'entrais dans la salle de bain après l'avoir remercier. La pièce était plutôt petit et surtout encombré par tout un bric-à-brac féminin comme je l'imaginais. Je faisais couler l'eau, faisant attention à ne rien faire tomber dans le lavabo. Je me lavais les mains, m'éclaboussant un peu le visage pour me rafraichir au passage. Je prenais ensuite une serviette éponge qui était accroché afin de m'essuyer. Après ce petit intermède, je revenais dans la cuisine. Lyssa était entrain de mettre la table. « Tu permets que j'ouvre le vin? » Bon, je n'allais pas la laisser tout préparer. Même si en faisant ça, j'avais l'impression d'être à un rencard. A son acquiescement, je prenais la bouteille en main avant de la débouchonner. J'appréciais un bon verre de vin de temps en temps. Je venais en mettre dans le verre de la barmaid avant de me servir à mon tour. Je m'installer ensuite à table après avoir laisser la demoiselle y prendre place.

Le dîner était vraiment bon. Je ne pensais pas que Lyssa était une bonne cuisinière. J'avais plutôt l'impression qu'elle détestait ce genre de truc. Je l'aidais à débarrasser la table avant de dire: « Tu veux faire une pause ou te mettre tout de suite à la compo? » Je mettais les assiettes sur le meuble de cuisine puis j'ajoutais: « Parce que là, j'ai l'impression que tu as une autre idée en tête. » Je m'adossais au meuble derrière moi tout en l'observant. Elle avait les joues légèrement rosies, ce qui me fit légèrement sourire. Je ne pouvais pas nier que Lyssa était une très belle femme. Et elle était l'une des seules, voir la seule qui n'était pas chieuse quand on avait une discussion. On arrivait à parler normalement sans se prendre la tête. Elle semblait m'apprécier pour ce que j'étais et pas pour ce que je représentais. J'étais un mec simple qui ne se prenait pas la tête. Je ne laissais pas facilement les gens venir vers moi, par choix. Mais parfois, je me sentais irrésistiblement attiré par certaines personnes... Je levais ma main pour la passer sur la hanche de Lyssa. « Est-ce que j'ai le droit à un desert? » Je plantais mes yeux bleus dans les siens, attendant de voir sa réaction.

La soirée se déroulait mieux que bien. Le tremblement de mes doigts s'était apaisé et j'avais enfin l'impression d'être moi. La fille assise à cette table était bien la Lyss que j'étais, souriante et blagueuse, capable de faire rire son ami. Un ami très cher, celui qui était toujours là pour me soutenir. Grâce à lui, j'étais devenue bien plus belle : il m'avait fait un cadeau magnifique. J'étais bien plus sûre de moi et ça se voyait. Et puis surtout, il m'inspirait, j'avais repris l'écriture plus que jamais. Une moue tendre et j'attrapais le verre de vin qu'il m'avait servi. A vrai dire, le plat que nous dégustions était à peu près tout ce que j'étais capable de faire. Ma mère avait passé beaucoup de temps à l'hôpital avec mon frère et pendant presque six mois, j'avais mangé des pâtes tous les soirs préparées avec mes petites mains malhabiles. N'empêche qu'il avait l'air d'aimer. Il se resservit plusieurs fois sans jamais exagéré, un peu comme s'il voulait faire durer le repas. Evidemment, je en pouvais m'empêcher de raconter des conneries mais ça semblait le détendre, le mettre à l'aise. Un peu comme si nous nous connaissions depuis toujours, il anticipait chacun de mes mouvements, déplaçant ses jambes en même temps que moi, tendant la main vers la bouteille quand je voulais me resservir. Le vin me faisait un peu tourner la tête, à moins que ce soit lui et ses sourires, ses regards. Il me couvait des yeux, un peu comme si j'étais une petite chose fragile qu'il fallait tenir à l'oeil. Étrangement, plutôt qu'en être mal à l'aise, ça me rassurait.

Quand la casserole fut vide, Reed se leva à l'instant même où je reculais ma chaise, me prenant les assiettes des mains. Je déposais la casserole dans l'évier. Alors que je me retournais, il était juste derrière moi, appuyé sur le plan de travail où il avait posé les assiettes. Le problème étant que dans cette position nonchalante, il était incroyablement sexy. Le rose me monta immédiatement aux joues. Brusquement, je me sentais comme adolescente qui vient de rencontrer le mec populaire du lycée. Un sourire confus naquit sur mes lèvres et pourtant, je ne pouvais décrocher mon regard de cette vue idyllique. J'avais presque envie de me foutre une claque pour être certaine que je ne rêvais pas. Mais là, c'était réel, ses mots glissaient sur moi comme de l'eau. Je posais une main dans son cou et m'approchait lentement en murmurant : "ça dépend ce que tu appelles dessert..." Je m'arrêtais à deux millimètres de ses lèvres puis me détournais vivement pour déposer un baiser sur sa joue. Ma main libre effleura la mousse au chocolat prête sur le rebord de la fenêtre et je lui dessinais une goutte sur le nez. Mon coeur battait à cent à l'heure et c'était la seule idée qui m'était passée par la tête. Et si c'était un test ? S'il voulait voir si j'étais juste une groupie prête à tout pour un baiser ? Je ris intérieurement. C'était absurde ! Je déposais un baiser sur son nez, puis l'embrassais, les lèvres légèrement chocolatée.

J'avais hésité à venir ce soir là. J'avais passé mon temps à faire la comptabilité du club et à revoir quelques livraisons qui étaient programmées pour les semaines à venir. J'étais fatigué mais cela ne m'avait jamais empêché de sortir ou de faire autre chose, même après une journée bien chargée. Mais je ne pouvais pas refuser une invitation de Lyssa. Surtout quand elle voulait me montrer ses propres compositions. J'étais toujours partant pour travailler sur une composition de musique. D'ailleurs, moi même j'avais commencé à écrire pour le groupe il y a déjà quelques années. Cela avait débuté par l'écriture de couplet jusqu'à l'entière écriture d'une chanson. Et maintenant c'était devenue une habitude. J'avais écris la plupart des chansons du dernier album du groupe. Et je savais que je ne pourrais plus me passer d'écrire. Jouer une chanson sans la composer en totalité ou en parler, c'était comme faire un gâteau et oublié l'ingrédient principal. Alors travailler un peu avec Lyss' sur une compo' me bottait pas mal. Jouer me manquait même si je ne l'avouerai pas pour tout l'or du monde. J'avais ma fierté. Et pour l'instant, cette dernière était mise à mal par mon incapacité à jouer plus de trois titres d'affilé. Cela m'énervait. Je n'avais pas envie de devoir patienter encore pour que cette foutue main fonctionne de nouveau comme avant mon accident. Je savais que cela n'allait pas se faire tout de suite. Cela faisait à peine six mois que j'avais quitté la rééducation et les visites d'hôpital. Malgré tout, j'étais impatient et déçu en même temps de constater que cette rééducation était aussi douloureuse et prenait autant de temps. Parfois j'avais envie de tout envoyer dans le mur, ma basse y compris. Mais cela signerait mon arrêt de mort. C'était certain.

Et je me retrouvais donc dans son sa cuisine, après avoir apprécié son repas de pâtes. Je l'observais qui débarrassait la table tout en me jetant un regard gêné. Je ne lâchais pas sa silhouette des yeux. Je la regardais venir jusqu'à moi avant de frôler mes lèvres pour esquiver ses dernières et m'embrasser sur la joue. J'aurais très bien pu l'embrasser à mon tour mais je la laissais jouer. Je n'avais pas envie de l'interrompre. Cela me fit sourire. Mes lèvres s'étirèrent légèrement quand elle déposa ce peu de chocolat sur le nez. Je venais ensuite poser mes mains sur ses hanches. Encore une fois, j'étais étonné par la finesse de son corps. J'avais l'impression de pouvoir la briser en un geste brusque. Je posais mes yeux bleus dans les siens, restant silencieux. Je pouvais voir un peu de chocolat sur le coin de ses lèvres. Je venais passer un doigt sur ces dernières. « Je crois qu'on pense à la même chose... » Je gardais ma main sur sa joue avant que mon visage ne s'approche du sien. Je venais l'embrasser avec envie, mêlant ma langue à la sienne. Je la prenais ensuite par les cuisses, la soulevant de terre sans cesser le baiser. Je murmurais ensuite entre deux baisers. « Il est encore temps pour qu'on arrête... » Je l'observais ensuite, cessant le baiser. Je n'avais pas envie de la brusquer ou d'amener une chose dont elle n'aurait pas envie. J'avais assez de considération pour elle pour penser à ce qu'elle voulait. Parce qu'elle n'était pas l'une de ses filles que je ramenais d'un bar. Parce qu'elle était différente des autres et que j'avais envie de la traiter autrement. J'avais trop souvent aperçu sa fragilité sous son fort caractère pour me permettre de négliger qu'elle avait des sentiments et que je n'avais aucun droit de jouer avec elle. Même si là, ce que nous étions entrain de faire, était loin d'être un jeu.

Il y avait une énorme différence entre lui et moi. Reedan avait la chance d'être sûr de lui et incroyablement talentueux. J'avais cette timidité qui m'assaillais dés qu'il était question de musique et ma sensibilité pour entrer dans le monde où il était tout naturellement. Je me souvenais encore de cette première fois sur la scène de l'Underground. Cette sensation qui vous étreint quand les premières notes résonnent, ce noeud au ventre qui disparaît dés les premiers accords. Je ressentais encore les basses sous mes pieds et l'intensité des rayons lumineux. Ce moment inoubliable, la minute où la salle plongée dans le noir devient une foule d'inconnus qui sont là uniquement pour nous. Je sentis les battements de mon coeur s'accélérer à nouveau, au souvenir de cet instant parfait. Cette minute de bonheur que m'avait offert Reed. Puis je réalisais que ça n'avait rien à voir. Ses doigts glissèrent sur mes hanches avec douceur et nos lèvres s'unirent comme si c'était naturel, normal, évident. L'espace d'une seconde, je faillis le repousser, lui rappeler qui nous étions, ce qu'il était... Tous mes mots moururent dans notre étreinte. J'avais l'impression de flotter, d'être sortie de mon corps mais c'était juste la passion entre nous. Il m'avait soulevée de terre, emmenée avec lui vers les cieux, comme aujourd'hui, c'était rapide. Peut-être trop ? J'enroulais mes jambes autour de sa taille malgré tout, grisée par sa douceur violente, sa force tendre. Mes bras enlacèrent son cou, mes doigts glissant dans ses mèches fauves. C'est alors qu'il rompit le contact.

A ses mots, je ne sus trop que dire. Immobile dans ses bras, je tentais de reprendre ma respiration et ma première réaction fut d'embrasser sa gorge et son cou. Cette fameuse nuit sans nom, ce type ne m'avait pas demandé mon avis. Il avait juste poser ses horribles mains sur moi, forcer des baisers immondes sur mes lèvres... Le simple fait que Reedan me demande mon avis me fit complètement perdre pied. Bien sûr j'avais eu des relations depuis mais c'était toujours tellement "protocolaire". Le type me désirait, je lui permettais d'approcher mais jamais je n'avais eu envie d'être dans les bras d'un homme. Je relevais les yeux et croisais son regard océan et glacial. Le rose sur ses joues du à notre baiser me fit sourire. Je posais mes lèvres sur les siennes avec tendresse puis déserrais les jambes. Quand mes pieds touchèrent le sol, je me lovais contre lui. "Je voudrais que ça ne s'arrête jamais... Mais je ne..." Je déglutis doucement et glissais une main sur sa joue. Je désirais se gars comme une dingue, j'en dormais mal... Mais je savais ce qui arriverait s'il jouait avec moi. Effondrée et à nouveau "salie", je serrais irrécupérable. "Je veux pas que ça change quoi que ce soit..." Si on couchait ensemble, viendrait-il encore m'aider pour mes compos, viendrait-il encore m'encourager juste avant de monter sur scène. J'avais peur de perdre tout intérêt si je craquais comme n'importe quelle fille, même si j'avais envie de lui à en hurler. Et malgré mes résolution mes doigts glissèrent sur sa peau, remontant son t-shirt dans son dos. J'étais folle à lier, j'étais dingue... J'étais enfin moi.

Cette soirée devait être une soirée simple, juste un peu de composition, un peu de conversation et beaucoup de musique. Au lieu de cela, je me retrouvais contre Lyssa qui avait posé ses mains sur mon dos, levant le t-shirt que je portais. Je ne savais même pas pourquoi nous en étions arrivés là. Elle m'avait demandé de venir pour l'aider à terminer un texte, à poser des notes sur une mélodie. Il n'était pas question de l'embrasser, de la toucher... et pourtant, c'était ce qui entrain de se passer. Cette femme me rendait fou. J'avais oublié l'espace de quelques secondes, qui elle était, où on se trouvait et ce que nous faisions les minutes plus tôt. Je m'étais laissé emporter par les gestes de la demoiselle, oubliant les bonnes résolutions que j'avais prise sur la gente féminine. Je ne cherchais pas d'histoire sérieuse. Je les fuyais à vrai dire. C'était par choix. Je n'avais pas envie de donner de la place à une véritable relation dans ma vie privée. Et je n'en ressentais pas le besoin. Alors pourquoi mes mains étaient posées sur Lyssa? Je savais mieux que quiconque, que derrière les apparences, elle était une femme fragile qui se cachait derrière des répliques légères. Je n'étais pas dupe. Moi même, j'étais du genre à tout enfouir en moi. Je savais comment elle fonctionnait parce que dans un sens j'étais pareil mais pas pour les mêmes raisons. Je voyais qu'elle était différente des autres et pourtant, à cet instant précis, je la traitais comme toutes les autres. Ces paroles stoppèrent mes élans. Elle avait raison. Si le cap était franchi, les choses seraient différentes entre nous. Et je n'étais pas certain non plus, de le vouloir.

Jusqu'à présent, elle était la seule femme avec qui je pouvais avoir une conversation tangible et agréable, sans me prendre la tête. La seule qui était sur la même longueur d'ondes que je l'étais. Je ne savais pas si je voulais risquer de perdre tout ça, juste pour quelques moments intimes. Elle avait posé ses pieds au sol, signe qu'elle doutait de ce qu'elle voulait. Je soupirais à ses propos. Les bras baissés, je venais les poser sur les hanches, la repoussant légèrement. Je venais ensuite passer une main dans ses cheveux. « Oui... c'est probablement mieux comme ça... » Je m'avançais ensuite vers le salon où nous nous étions installés quelques minutes plus tôt. J'essayais d'oublier ce qui venait de se passer, passant une main dans mes cheveux avant d'ajouter. « On a pas fini ta compo. Tu me montres le reste. Je t'accompagnerai à la guitare si tu veux. » Je savais que Lyssa avait ce qu'il fallait. Et jouer un peu, me ferait du bien. Je n'avais pas envie de gâcher cette soirée et je crois que ce n'était pas non plus l'intention de la jolie brunette. Je prenais place sur le canapé alors qu'une envie folle de coincer une cigarette entre mes lèvres, se faisait sentir. Son cahier en main, je tournais les pages, lisant ce qu'elle y avait écrit. Je pensais alors à mes propres textes qui m'attendaient chez moi. Je savais que ce soir, j'allais passer une longue soirée et écrire tout ce qui pouvait me trotter dans la tête. Je reportais mon regard bleuté sur Lyssa qui n'avait pas bougé.

Électrisée, ma peau vibrait encore lorsqu'il s'éloigna légèrement de moi. Que pouvais-je faire ? Il était le seul à pouvoir interrompre tout ça, mon subconscient était déjà aller trop loin dans cette idée folle que ce serait une vengeance sur la vie si je m'abandonnais dans les bras d'un homme. Mais Reed n'était certainement pas la bonne personne pour que mon ego se lance ce genre de défi, simplement parce qu'il était lui. Ce gars était le seul à croire en moi, ce qui se rapprochait le plus d'un ami à mes yeux. Je souris doucement, pétrifiée d'être abandonnée tout en l'adorant pour sa raison. S'il avait lui aussi lâché prise cette histoire aurait probablement mal tourné. La raison était simple : il était un mec sans attache et ne désirait probablement pas en avoir alors que moi j'étais trop fragile pour être abandonnée une fois encore, même si mes sourires disaient le contraire. Je m'en voulais brusquement d'avoir commencer ce jeu mais après tout, il avait répondu mille fois à mes avances peu discrètes. Je fis la moue en le voyant s’asseoir sur le canapé. Enfin, les battements de mon coeur retombèrent doucement. Je souris et hochais la tête, la gorge encore serrée, incapable de prononcer un mot. J'ignorais pourquoi j'étais si soulagée et en colère à la fois. Me mordillant les lèvres, je parvins à bouger pour repousser une mèche folle derrière mon oreille. Mon esprit était un incroyable sac de noeuds mais je savais que tout ça était dans l'ordre des choses. Cette soirée ne devait pas se passer autrement : musique, bière et ambiance enfantine. C'était ce qu'il connaissait de moi, ce qu'il voyait en me regardant et c'était tout aussi bien. Si seulement il savait combien mon corps me dégoûtait par moment, il s’enfuirait probablement en courant comme les autres.

Après un geste vers l'étui à guitare dans le coin du salon, je retournais à la cuisine où je décapsulais deux Carlsberg avant de revenir vers mon ami. C'était exactement ce qu'il était : un ami. Et j'adorais le petit pli au-dessus de ses sourcils alors qu'il était penché, concentré sur mon cahier. Une seconde, je trouvais injuste qu'il voit coucher sur le papier tous mes rêves, mes passions et mes souvenirs. Moi je ne savais rien de lui... enfin pas grand chose. Je souris et lui tendis la bière en lui arrachant presque le carnet. En tournant les pages, je tombais sur une chanson ancienne. Le texte datait d'avant mon arrivée ici mais j'avais seulement trouvé les accords la semaine dernière. "Celle-là, tu veux bien ?" Ces mots étaient pour mon petit frère, cet imbécile qui foutait sa vie en l'air. Après tout ce que nous avions fait pour lui... Mon coeur se serra parce que je ne pouvais pas lui en vouloir. Je l'aimais.

Un hochement de tête et je commençais à taper le rythme sur ma cuisse, les yeux rivés sur les doigts de Reed, à deux millimètres des cordes. Un sourire et les accords s'élevèrent de ma vieille guitare folk.

Don’t tell me love is something you won’t try again
That’s just not true
But baby right now maybe what you need‘s a friend
Well, I'm here for you

[Chorus:]I will be by your side
If ever you fall deep in the dead of the night
Whenever you call
And I won’t change my mind
No, I’ll see you through
And I won’t give up
No, I won’t give up
I won’t give up on you

You need someone who knows you from the inside out
The way I do
I seen you walk the wire never looking down
I believe in you

[Chorus]

Je relevais la tête alors que les derniers mots quittaient mes lèvres, cachée derrière deux mèches brunes. "Désolée, c'est pas terrible. A côté de tes chansons, c’est vraiment nul, mais bon au moins c'est récent." Je haussais un sourcil et lui lançait une moue taquine en lui balançant cette pique puis posais les lèvres sur le goulots de ma bouteille.