C’était bien la première fois que je mettais les pieds dans ce club. L’underground était pourtant ouvert depuis plusieurs mois et rencontrait apparemment son succès. Chaque soir, le club proposait à ses clients un concert. Un concept plutôt attrayant. Étant une grande fan de musique, il peut paraître étonnant que je ne sois pas venue ici avant. Il faut dire que j’ai mes habitudes dans d’autres clubs, mais il ne s’agit pas que de ça. Le proprio de L’und’ est mon ami d’enfance. Du moins, l’était. Les choses ne se sont pas très bien terminées entre nous, puisque celui-ci à quitté Gold Coast et coupé les ponts avec moi il y’a longtemps. D’ailleurs, j’ai été très étonnée d’apprendre le retour de Reedan en ville. Je ne pensais pas qu’il reviendrait un jour, parce que son but en partant était de s’éloigner de sa famille. Comme moi, Reedan avait des parents plutôt envahissants. Le genre de parents qui veulent décider de votre avenir pour vous. En fait, j’ai très bien compris ce qui l’a poussé à partir, mais ce que j’ai eu du mal à saisir, c’est qu’il me laisse sur le côté, qu’il est rompu le contact avec moi. Reedan et moi nous étions toujours soutenus face à nos parents. J’étais proche de lui, parce qu’il traversait les mêmes épreuves que moi et de ce fait, on se comprenait très bien. Quand il est parti, je me suis sentie abandonnée. Surtout qu’il à choisi de s’en aller au moment où j’aurai eu le plus besoin de lui. Je rentrai à peine du pensionnat où mes parents m’avaient envoyés. Je n’étais pas très bien à ce moment là et lui, il est parti. Qu’elle est belle l’amitié, n’est-ce pas ?

Ce soir, je décidais donc de me rendre à l’underground. Pourquoi éviterai-je son club ? Si il n’était pas là ce soir, parfait ! Et si il était là, parfait aussi ! Quand je pense qu’il est là depuis plusieurs mois et qu’il n’a même pas cherché à me contacter. Je dois dire que ça renforce ma rancœur contre lui. Je suis quelqu’un de très, voir d’excessivement rancunier lorsqu’on me fait du mal. Il m’en à fait en s’en allant et en m’ignorant. J’ai eu l’impression de ne jamais avoir exister à ses yeux, puisqu’il est parti sans remords. Il m’a raillé de sa vie aussi facilement que ses parents. Il y’a de quoi être déçue, n’est-ce pas ? Malgré tout, j’ai toujours eu un « œil » sur lui, car Reedan est entré dans un groupe de musique assez connu. Disons que j’avais des nouvelles de lui via les médias.

C’était le début de la soirée lorsque j’arrivais à L’underground. Je portais une robe bleue m’arrivant au dessus du genou, ainsi que des chaussures ouvertes à talons. Mes cheveux étaient légèrement ondulées et retombaient dans mon dos. Le concert ne commencerait que dans quelques minutes, alors je me dirigeais vers le bar en attendant.

Spoiler:

La moto roulait vers l'avenue principale de Gold Coast. La nuit s'était installée et les phares du bolide sombre rejetaient un peu de vie sur la rue déserte. Le moteur ronronnait de cette façon que j'appréciais. Pour moi, c'était aussi mélodieux qu'un bon accord sur ma basse. Au fur et à mesure que j'arrivais à proximité du centre ville, les gens se faisaient plus nombreux. La ville ne s'endormait jamais. Et cela, c'était bon pour mon commerce. J'arrivais près du Und'. Il y avait quelques personnes hors de l'établissement qui discutaient ou fumaient une cigarette. Je garais la kawasaki avant de couper le contact. Le moteur redevint silencieux. Je me relevais tout en retirant mon casque et mes gants de cuir. Je mettais ensuite pieds à terre et je me dirigeais vers l'entrée du club. J'avais acheté une vieille bâtisse il y a quelques mois. C'était un endroit à l'abandon qui allait probablement finir en ruine après le passage de la municipalité. J'avais fais une bonne proposition et j'avais passé les semaines suivantes à remettre aux normes le bâtiment. J'y avais passé mes soirées, mes journées quand je revenais de la rééducation. J'avais besoin à ce moment là de m'occuper l'esprit même si au niveau de ma main, les mouvements étaient parfois incohérents. Et finalement, l'Underground avait vu le jour. Je ne pensais pas vraiment à une côte de popularité quand je l'avais ouvert. Le fait est que le club avait plu et que le principe de la scène ouverte avait attiré pas mal d'artistes en devenir. Bref, l'Und' marchait bien et j'en étais content. Même pendant la pause du groupe, je pouvais me consacrer à quelque chose.

J'entrais dans le club, mon casque contenant mes gants, à la main. Je me dirigeais d'un pas tranquille jusqu'au bar où Max était de service. Je lui serrais la main. « Tu peux me sortir une bière s'il te plait, je reviens dans cinq minutes. » Je quittais le bar avant de rejoindre mon bureau qui se trouvait au fond d'un couloir privatif. Je poussais la porte et j'arrivais dans un second couloir avec trois portes dont l'une menait à mon bureau. Je déverrouillais la porte avant d'entrer dans la pièce. Je déposais mes affaires pour ensuite me poser cinq minutes sur le fauteuil en cuir. Je soupirais. Je levais ma main l'observant. Encore une fois, une douleur sourde se faisait sentir. Je la massais un peu avant de me saisir d'une télécommande. J'appuyais sur une touche afin d'allumer les moniteurs de surveillance. Je zoomais sur l'un des écrans, cherchant une personne du regard. Je l'avais bien reconnu oui... Et j'avais l'impression que c'était mon passé qui me revenait à la figure et c'était une sensation très désagréable. Je soupirais. Je reposais ma tête sur le dossier avant de me décider à me lever. Je prenais en main le planning de la soirée, regardant les groupes qui étaient prévus puis je la reposais avant de sortir de la pièce.

J'arrivais au bar, observant de dos, la chevelure blonde qui gâchait un peu la vue. Je m'approchais, prenant la bière que me tendait Max avant de le remercier. Je m'installais sur une chaise. Je buvais une gorgée de la bouteille avant m'accoucher sur le bois. Je savais très bien que la conversation n'allait pas être facile. Mais nous étions devenus tous les deux des adultes, dix ans s'étaient écoulés. Je prenais ensuite la parole, voyant qu'elle n'avait pas de boisson. « Tu veux quelque chose à boire? » Inutile de faire comme si on ne s'était pas reconnu mutuellement. Elle m'avait reconnu à mon arrivée, comme je l'avais reconnu. Et pendant un instant, le temps s'était figé.

Je n’y avais pas véritablement réfléchis, mais maintenant que je me retrouvais dans ce club, je me demandais ce qui se passerait si je croisais Reedan. Quelle serait sa réaction fasse à moi ? Est-ce que Reed à un jour regretté de m’avoir laissée ou est-ce qu’il à poursuivi son chemin comme si de rien était ? Tout ce que je sais, c’est que moi, j’ai eu beaucoup de peine quand il a coupé les ponts. Bien sûr, je m’en suis remise. J’ai envoyé bouler mes parents moi aussi et j’ai fait ma vie. J’ai beau manquer un peu de confiance en moi, je dois dire que je suis contente de ce que j’ai accompli. Aujourd’hui, je fais ce que j’aime. Mes deux passions sont aussi mon métier. Alors, je suis très contente et heureuse la plupart du temps. Dans le fond, Reedan n’est plus qu’un lointain souvenir maintenant. Nous avons un temps, partager le même chemin et il s’est séparé il y’a longtemps. Malgré tout, je n’ai jamais oublié Reedan, puisque je me suis toujours plus ou moins tenue informée de ce que faisais Reedan via son groupe, les DarkShines.

Je fus tirée de mes pensée quand justement, l’objet de celles-ci apparu devant mes yeux. Reedan était bel et bien dans son club ce soir. Il se postait à côté de moi et m’adressais la parole, me demandant ce que je voulais boire. Intérieurement, je bouillonnais déjà (oui, ça va très vite chez moi). Il me posait cette question banale, comme si on s’était quitté hier. Il se foutait de moi ! Je le fixais un moment sans rien dire. Je l’avais vue dans la presse et à la télévision, mais c’était la première fois que je me retrouvais face à lui depuis dix ans. Oui, dix longues années s’étaient écoulées. Pourtant, je me souviens très bien de tout. Les moments qu’on a passé ensemble lorsqu’on était amis. Nos parents qui faisaient tout pour gâcher nos vies. Le départ de Reedan et la réaction que ça a provoqué chez moi. Je n’y avais pas pensé depuis un moment, mais depuis qu’il est revenu en ville, ça m’a de nouveau occupé l’esprit. Le voir aujourd’hui ne faisait ressurgir le passé davantage – « Une vodka. » - demandais-je en me tournant vers le barman, lui adressant un léger sourire. Sourire qui s’effaçait quand mes yeux se posaient sur Reedan. Je suis pourtant une fille souriante la plupart du temps, mais je ne sais pas mentir. Je ne porte jamais de masque. Si je n’ai pas envie de sourire, je ne souris pas. Je me fiche de « sauver » les apparences comme mes parents l’ont toujours fait. Si je ne suis pas triste ou en colère, ça se verra forcément sur mon visage. Et alors ? Bref. Tout ça pour dire que Reedan devait bien se douter que je n’allais pas l’accueillir en le serrant dans mes bras. Que j’étais loin d’être contente – « Tu te souviens de moi ? Comme c’est étonnant. » - Lançais-je sur un ton assez amer. Au moins, il savait tout de suite à quoi s’en tenir. Je remerciais le barman qui m’avait apporté ma vodka avant de siroter quelques gorgées – « Très bel endroit. Vraiment. Ça à du prendre des mois à mettre tout ça en place… » - Dis-je reposant mon verre. J’insinuais par là qu’il était donc de retour à Gold Coast depuis un petit moment – « Ça fait des mois que t’es revenu et tu n’a même pas cherché à me voir ou même entrer en contact avec moi. » - lançais-je, vraiment déçue – « Alors pourquoi est-ce que tu viens m’adresser la parole maintenant, comme si de rien était… comme si on s’était vus hier ? »

La création du Underground, les heures que j'y avais pensé et l'énergie que j'avais dépensé pour qu'il puisse ouvrir un jour, était quelque chose qui me tenait à cœur. On pourra toujours raconté ce que l'on veut sur moi mais le plus important c'est que je sache la vérité. Ce club était à moi. S'il était ce qu'il était à présent, c'était à force de travail et surtout parce que j'avais fait preuve de détermination. Alors cet endroit, c'était mon chez moi bien plus que la villa que j'avais acheté sur Currumbin face à la plage. Je passais plus de temps au club qu'à la villa. Je me sentais bien ici. Peut-être parce que je gardais contact avec ma passion, que je pouvais écouter de la musique, découvrir des artistes. J'avais toujours mal à la main. Je n'ai pas encore retrouvé sa maitrise totale. Cela me frustre plus que je ne peux le dire. Toutefois, j'essaie de voir le bon côté des choses et je tente de trouver un exutoire. L'Underground restait donc un havre de paix. Et j'y venais donc assez souvent. Tout le monde ou presque à Goldcoast savait que j'avais repris ce club. Les canards en avaient fait leurs choix gras. J'avais encore eu le droit aux paparazzis car même ici, ils ne me lâchaient pas. Bon maintenant, les filatures avaient cessé. Ils avaient fini par comprendre que j'étais un mec banal qui faisait des trucs banales. Bon, il n'y avait pas de scoop, pas d'histoire de drogues, pas d'alcool, pas d'agressions sur autrui. J'avoue, j'étais peut-être pas bon vendeur pour les magazines people. Mais je ne vais pas m'en excuser. Je crois que ma vie ne regarde que moi.

Donc quand on mettait un pied à l'Underground, on pouvait être quasiment sur de m'y trouver. Donc la présence de Lussy ici n'était pas anodine. En venant dans le club, il y avait une forte probabilité de m'y trouver. Alors son attitude me lassait autant qu'elle m'ennuyait profondément. J'avais presque oublié à quel point les femmes dans leur ensemble pouvait être exaspérantes. Je prenais une nouvelle gorgée de ma bière alors qu'elle partait dans une tirade digne des grosses daubes à l'eau de rose. Je reposais la bouteille avant qu'une fille suivie d'une autre, ne vienne jusqu'à moi pour que je leur signe un autographe. Une fois fait, je restais silencieux. La présence de Lussy refaisait resurgir mon passé. Et ce passé, je l'avais rayé de mes souvenirs. Je m'étais concentré sur le moment présent, sur la vie que je construisais. Et là, elle venait tout chambouler dans cet endroit qui était mon chez moi. « Ce ton sarcastique me manquait. C'est fou, je croyais qu'en dix ans, tu avais quand même un minimum grandi. Mais apparemment ce n'est pas le cas. » Nous avions tous les deux grandis, enfin je le croyais. Le passé était le passé et franchement, je n'avais aucune envie d'en reparler. Puis à ses secondes paroles, j'ajoutais: « Pourquoi serais-je venu te voir? Pour avoir ces mêmes remarques? Tu sais très bien que j'ai horreur de ce genre de truc. » En effet, elle savait très bien que je n'étais pas un gars très expressif. Que tout ce que je ressentais, je le gardais pour moi. Que je n'étais pas un mec à faire des déclarations. Elle le savait très bien. « Si je suis parti, c'est qu'il y avait une bonne raison. Tu savais aussi bien que moi qu'on avait besoin d'aller de l'avant. » Je me demandais même pourquoi on avait cette conversation. « Tu es venu ici en sachant que je suis le proprio. Donc qu'il y a de bonnes chances de m'y trouver. Alors si tu ne voulais pas que je t'adresse la parole, t'aurais du aller ailleurs. Après j'ai assez d'éducation et assez de respect pour toi, malgré ce que tu peux penser, pour venir te saluer et d'adresser la parole quand tu te trouves face à moi. »

Reedan et moi avions beau avoir quelques points communs, nous étions aussi très différents. Aussi loin que je me souvienne, Reedan n’a jamais été quelqu’un de très expansif. On ne sait jamais ce qu’il peut penser ou ressentir. Je dois dire que c’est parfois très énervant, surtout pour moi qui suis tout l’inverse. Je ne cache jamais ma façon de penser et je déborde de sentiments. Chose qui l’a sûrement déjà exaspéré. Mais bon, on est comme on est et étant plus jeunes, cela ne nous a pas empêché d’être proches. Je ne fus donc pas étonnée de la façon dont Reedan réagissait à ce que je lui disais. Au moins, il n’avait pas changé sur ce point là. Deux filles s’approchèrent de Reedan pour lui demander un autographe. Oui, celui qui avait été mon ami d’enfance était une célébrité maintenant. Je restais silencieuse face à ce spectacle tandis-ce que les deux fans semblaient toutes heureuse d’avoir leur autographe. Elles allaient rêver de cette soirée encore longtemps. Reed ne me répondit qu’une fois seuls à nouveau. Je répondais à sa première phrase par un soupire. Que voulait t-il que je lui dise en même temps ? Je n’allais pas l’accueillir comme si de rien était – « A quoi est-ce que tu t’attendais ? Vu tout ce qui s’est passé, c’est quand même normal que je te fasse des remarques. Tu trouves peut-être ma réaction stupide ou gamine, mais c’est comme ça. Je te dis ce que j’ai à dire. » - Répondis-je sans trop lui laisser le choix. De toute façon, Reedan m’avait bien connue étant plus jeune. Il sait que je dis tout ce que j’ai a dire et que si ça plait pas, bah tant pis.

Comme d’habitude, Reedan me répondait sans vraiment me donner de réponse. Il était parti parce qu’il y avait une bonne raison. Merci, je suis au courant. Cela n’explique pas le fait qu’il est coupé les ponts avec moi au moment où j’avais le plus besoin de lui. Enfin, j’ai arrêté de croire il y’a longtemps que Reedan a le sens de l’amitié – « Je ne te reproches pas d’être parti, Reedan. Je comprends tout à fait pourquoi tu l’as fait. Mais tu n’étais pas obligé de couper les ponts avec moi. Et en plus, tu sais très bien que tu l’as fait au moment où j’avais le plus besoin de toi. A l’époque, je croyais qu’on pouvait compter l’un sur l’autre, quoi qu’il se passe. Mais je me suis trompée. Enfin bref. Je suis pas venu là pour parler du passé. » - Reedan n’avait pas idée de combien il m’avait déçu. Je crois qu’il n’y à rien de pire que d’être déçu par quelqu’un a qui l’ont tient.

Je me demandais vraiment pourquoi il m’adressait la parole. D’après moi, nous sommes devenus des inconnus et on à absolument plus rien à se dire. Je l’écoutais me répliquer qu’il avait assez de respect (tu parles) pour moi et d’éducation pour venir me saluer. Ajoutant, que si je ne voulais pas qu’il me parle, j’avais qu’à aller ailleurs – « Je ne vais pas éviter ce club parce qu’il appartient à monsieur Reedan Carson. » - Éviter les gens, ce n’est pas mon genre. Je choisi le plus souvent de faire face. Je me fichais un peu de lui, par pour être méchante, mais juste parce qu’à ce moment là j’étais agacée. Je pris mon verre avant d'en boire quelques gorgées.

Lussy avec son attitude, me rappelait à quelle point ma vie d'avant, avait été merdique à cause des autres. Je venais d'un milieu aisé. Je n'ai jamais eu à me plaindre question fric. Je pouvais m'acheter ce que je voulais, quand je le voulais. Mais je détestais ma famille. Je détestais la façon dont mes parents faisaient de moi, leur jouet, leur pantin. Le genre d'objet qu'on sortait pour les grandes coassions et qu'on remettait immédiatement au placard quand les invités étaient partis et la parade terminée. Je ne me souvenais même pas d'avoir eu au moins, un moment de partage avec ma mère et encore moins avec mon père. Je crois qu'ils étaient bien trop occupés pour faire attention à moi. A la fin, j'en ai eu marre et j'ai voulu vivre ma vie sans entraves. J'ai fais le mur, j'ai découché, je me suis retrouvé dans divers commissariats de la ville ou de la région. Ce n'était pas pour les emmerder, enfin si peut être un peu. C'était surtout pour que je devienne enfin un gosse comme les autres. J'en avais marre de faire ce que l'on me disait de faire ou qu'on me demandait de dire. J'en avais assez de tout ça. Lussy à cette époque, était pareille. On se ressemblait par le fait qu'on était étouffé par nos parents et qu'on manquait tous les deux de liberté. Mais nous avions toujours eu des caractères diamétralement opposés. Autant elle pouvait être expansives et ouvertes, autant j'étais silencieux et secret. Et c'était ça qui nous opposait aujourd'hui malgré le fait que nous avions été amis par le passé. Là, elle me tapait vraiment sur le système. Pourtant, je restais de marbre face à ses propos. Rien dans mon attitude ne reflétait le moindre agacement si ce n'est, mes paroles. « A vrai dire je ne m'attendais à rien. Et franchement j'en ai rien à foutre de tes remarques de femme blessée. Si jsuis parti c'est parce que ça devenait impossible entre nous, entre tes crises de nerfs pendant lesquelles tu ne m'écoutais même pas et le harcèlement de nos parents, j'avais franchement pas envie de rester. Mais apparemment tu t'en es bien sortie. T'as grandi, t'es devenue une femme indépendante sans papa, sans maman. Ce n'est pas ce que tu voulais? »

Je prenais une autre gorgée de ma bière quand Max se pencha vers moi pour me murmurer quelques mots au sujet du planning de ce soir. Je jetais un oeil à la scène où les premiers artistes se préparer pour leur prestation. Le club était bondé ce soir là. Je restais toujours impassible malgré ses propos qui m'agaçaient. Je n'aurais pas du partir comme je l'avais fait mais je l'avais prévenu que je l'aurais fait et Lussy ne m'avait pas cru à cette époque. Cette séparation nous avait fait du bien. Elle nous avait permit d'aller de l'avant même si cela avait été difficile. Qu'elle pense ce qu'elle voulait. Mon départ de GoldCoast n'avait pas été simple mais j'étais parvenu à oublier l'amertume et je m'étais construis, sans entrave. Je reposais ma bouteille et j'ajoutais avec un ton très calme. « Pitié, ne me sors pas ces répliques dignes d'une ado prépubert. Tu n'as pas d'autres arguments à sortir? Si t'as rien de plus intéressant, j'te conseille de ne plus m'adresser la parole dans ce cas. » Je n'avais pas envie de lui pourrir sa soirée alors elle était libre d'aller ailleurs mais surtout de parler à quelqu'un d'autres. Je prenais le planning que me donnait Max qui lorgnait sur le décolleté de Lussy au passage. Muni d'un crayon, je vérifiais l'emploi du temps. Je doutais que Lussy puisse encore m'adresser la parole et surtout qu'elle cesse de me jeter son venin à la figure. Je n'avais pas envie de me disputer avec elle mais je n'avais pas non plus envie de supporter sa colère alors que ce passé, nous l'avions vécu à deux et que les blessures, on les partageait à deux, même si pour l'un, cela était plus voyant que pour l'autre. Elles étaient quand même là.

Vous ne savez pas à quel point cela peut être agaçant d’avoir à faire à un mur. Oui, Reedan est un véritable mur, car il n’exprime rien du tout. J’ai l’impression que rien de ce que je peux lui dire ne le touchera. Pire que ça, il à l’air d’en avoir strictement rien à faire et la conversation lui passe au dessus de la tête. Je sais même pas pourquoi je parle avec lui, parler avec lui, c’est comme parler seule. Je gaspille de mon énergie pour rien il faut croire. D’un autre sens, lui cracher mon venin me fait un bien fou. J’avais besoin de lui dire tout cela qu’il l’écoute ou non. Maintenant, c’est dit – « Oui, je sais bien que tu en as rien à foutre. Tu te fous de tout, c’est bien connu. » - Lâchais-je, vraiment agacée. C’est limite si je n’avais pas envie de lui foutre deux tartes et de le secouer pour qu’il réagisse. Enfin, je crois que cela ne servirait à rien, parce qu’il n’y a absolument rien à tirer de Reedan. En le voyant face à moi aujourd’hui, je me demande comment est-ce qu’on à pu être amis ? On à rien en commun et on est trop différent. On s’est rapprochés uniquement parce que nos parents étaient amis et qu’on vivait mal le fait d’être étouffés par nos familles respectives – « Alors toi dès que quelque chose va de travers où que ça devient difficile, tu choisis la fuite ? C’est bien une réaction de mec, tiens. A chaque fois que ça devient trop compliqué, vous vous barrez. » - Je ne comprenais pas. Oui, à cette époque là les choses étaient très compliquées, oui je n’étais pas facile à vivre, mais ce n’était pas une raison pour couper les ponts. L’amitié, c’est d’être là pour l’autre quoi qu’il arrive. Enfin apparemment, je n’avais pas beaucoup d’importance à ses yeux. Heureusement qu’Elyna était là, bien qu’elle ne puisse tout comprendre. Reedan avait vécu les mêmes choses que moi avec sa famille, c’est pour ça qu’on devait se soutenir. Reed se moquait complètement de moi, de ce que j’avais pu ressentir à l’époque, quand il à choisi de disparaître de ma vie. Comment est-ce qu’on peut s’en foutre à ce point ? Finalement, Reedan est comme mes parents. J’ai jamais été très importante pour lui et ce qu’il peut m’arriver, il s’en fiche royalement. C’est assez dur à encaisser, parce que malgré tout ce qui à pu se passer, je pensais qu’il tenait un peu à moi.

Mon ancien ami était toujours très calme, tandis-ce que je me sentais qu’à l’intérieur de moi, ça bouillonnait. Je terminais mon verre tandis-ce qu’il se moquait de mes répliques – « De toute façon, je n’ai vraiment plus rien à te dire. Tu m’entends, mais tu ne m’écoutes même pas, alors ça ne sert à rien. » - Je détournais mon attention de Reedan pour la porter sur le groupe installé sur scène. Reedan m’avait déçu par le passé, il me décevait encore aujourd’hui par sa façon de réagir. En même temps, j’aurais du m’en douter. Je savais bien que Reedan réagirait comme il la fait. Il se passait plusieurs minutes sans qu’on ne s’adresse la parole. Est-ce qu’il nous restait au moins quelque chose à nous dire ? Finalement, je brisais la glace – « Qu’est-ce qui t’as décidé à revenir à Gold Coast ? » - Demandais-je par pure curiosité. Il s’était éloigné de cette ville pour des tas de raison, alors pourquoi revenir maintenant ? Je me demandais bien ce qui l’avait poussé à le faire.

Je n'ai jamais été le genre de type à s'épancher sur ce que je ressentais. Je n'en voyais strictement pas l'intérêt. Je n'ai jamais eu besoin des autres pour me sentir bien et encore moins pour avancer. Et je ne vois pas en quoi parler de mes sentiments allait arranger les choses. J'étais ainsi. Lussy m'avait toujours connu comme ça. J'avais le même caractère que lorsque l'on s'était rencontré. Alors pourquoi faisait-elle l'étonner quand je restais silencieux? Ce que je déteste le plus après la bêtise, c'était les bavardages inutiles. Je ne parlais jamais pour ne rien dire. Et j'étais excédé par les personnes qui parlaient des heures sur des sujets futiles qui n'intéressaient personne à par elles mêmes. Je ne prenais même pas la peine de répondre à la blondinette quand elle reprit la parole. Non je ne me foutais pas de tout mais il y avait des choses qui me tenaient plus à cœur que d'autres. Et prendre des nouvelles des personnes qui faisaient parties de mon passé n'était pas ma priorité. Sinon je ne serais pas parti d'Australie. J'aurais continué à avoir un lien avec elle. Mais nous avions besoin d'autre chose, que ce soit elle ou moi. On devait être séparé l'un de l'autre pour commencer à avancer. Et c'était ce qui s'était passé. En dix ans, nos vies avaient radicalement changé, et en bien. Enfin je l'espérais pour elle. Je n'avais plus à supporter mes parents, la vie étouffante de GoldCoast, les impératifs qui y étaient liés. Par contre, ce qu'elle disait à la suite, était faux, strictement faux. « C'est faux et tu le sais. Je n'ai aucunement pris la fuite. Je te l'avais dis que je partais. Mais tu ne m'as pas cru. Tu as fais la sourde oreille. J'ai toujours été là pour toi jusque là. J'ai fais pour toi des choses que je n'aurais jamais du faire et tu le sais. » Je n'aimais pas qu'elle utilise le passé pour parler de certaines choses que je n'arrivais pas encore à oublier. Lussy avait passé des instants difficiles et j'avais été là à chaque fois qu'elle avait téléphoné. J'étais venu, même en pleine nuit. Je me demandais si j'étais le seul à présent, de me rappeler ces souvenirs. Ce que j'avais fais pour elle, je l'avais fais même si cela m'avait couté. Alors elle pouvait me traiter de tous les noms d'oiseaux, elle ne pouvait pas dire que je n'avais pas été là pour elle. C'était faux. Le silence s'installa à nouveau entre nous. Je me soulevais légèrement du siège sur lequel j'étais assis afin d'en sortir un paquet de clopes, légèrement aplatit. Le paquet ne contenait plus que quelques cigarettes, cinq ou six. J'avais repris la clope il y a quelques mois, en fait depuis mon accident. Et j'avais à nouveau du mal à m'en défaire. Enfin je n'étais pas un fumeur compulsif. Je fumais plutôt de façon sporadique.

Le club était interdit aux fumeurs, par ordre de ma part, je ne pouvais pas rester au bar à fumer. Pourtant l'envie ne me manquait pas. Cette conversation et la présence de Lussy avaient le don de me mettre légèrement sur les nerfs. Je jetais nonchalamment le paquet sur le comptoir devant Max. « Je te devais des clopes. » Le barman m'observa amusé, avant de mettre le paquet dans sa poche après un « merci patron » discret. Puis à la question de Lussy, je posais à nouveau mes yeux bleus sur elle. Il est certain que sans une bonne raison, jamais je n'aurais remis un pieds ici même si l'Australie était ma terre natale. Je reprenais une gorgée de ma bouteille. Je ne savais pas si Lussy avait appris que j'avais rejoins un groupe de rock, que j'en étais la bassiste et que ma vie s'étalait à présent dans les magazines people, malgré moi. Tout le monde aux États-Unis était au courant de mon accident de moto, de mon hospitalisation et de sa médiatisation. Ici, je n'avais pas cherché à savoir. Je m'en foutais. Je voulais juste qu'on me laisse tranquille et qu'on m'oublie un peu. « Le surf. Ça me manquait de ne plus aller piquer une tête dès sept heures du mat'. »

En effet, si Reedan m’avait prévenue de son départ, j’avais formellement refusé de le croire. Je ne voulais pas le croire. Je lui ai donné des tas de raisons pour ne pas partir, comme son jeune âge. Qu’est-ce qu’un jeune homme de dix sept ans irait faire tout seul à l’aventure ? Et puis, je ne voulais pas qu’il m’abandonne alors que tout allait de travers. Comment ferais-je pour supporter mes parents et les siens sans son épaule pour me soutenir ? Je sais, ça peut me donner l’air d’être faible, mais j’avais juste besoin de soutien. Tout le monde en a besoin à un moment ou un autre, n’est-ce pas ? – « M’avoir prévenu ne veut pas dire que tu n’as pas pris la fuite. Tu as fuis cette vie là, ne dis pas le contraire. » - Lui répondis-je immédiatement. Je devais reconnaître que Reedan avait été très présent pour moi quand on était plus jeune. D’ailleurs, c’est pour ça que j’ai souffert quand il est parti. En partant, il me laissait me débrouiller toute seule. Il ne serait plus jamais là pour moi et il n’avait pas l’air d’avoir de remords. Il ne semblait pas avoir plus de remords ce soir. Reedan n’en avait strictement rien à foutre de m’avoir fait du mal et de m’avoir laisser tombée comme la dernière des serpillières – « Oui et j’aurais préféré que tu ne fasse rien si c’était pour te barrer et me tourner le dos après. Ça aurait été beaucoup plus facile pour moi de vivre ton départ. Parce que tu m’as laissé croire que tu étais une personne sur qui je pouvais compter, alors qu’en fait, tu n’es qu’un sale type égoïste a qui on ne peut même pas se fier. » - Je le regardais droit dans les yeux avant de baisser la tête, triste et déçue. Je ne mâchais pas mes mots. Mon but n’était pas de le blesser. Le jour où Reedan parviendrait à être blessé par moi ou quelqu’un d’autre n’existe pas, je crois. Rien n’atteint jamais Reed. A-t-il au moins une once d’humanité et de sentiments à l’intérieur de lui ? En tout cas, il sait très bien le cacher. Je comprends pas ce truc de vouloir à tout pris tout enfouir en sois. D’accord, Reedan est un homme, les hommes n’aiment pas dévoiler leurs faiblesses et leurs sentiments. Mais quand même ! Il pourrait au moins montrer qu’il est humain.

Je commandais un second verre de vodka au barman. Je ne suis pas une grande consommatrice d’alcool, mais là, j’en avais bien besoin. Affronter Reedan et le passé qu’il faisait ressurgir rien que par sa présence était loin d’être facile. J’essayais de me concentrer à présent sur ce que jouait les musiciens qui étaient sur scène. La musique m’a toujours beaucoup aidée, quelque soit ce que je traverse. Après plusieurs minutes de silence, j’adressais – j’ignore pourquoi – encore la parole à mon ancien ami. Il me répondit qu’il était la pour le surf et sa réponse me décrochait un léger rire. C’était un peu nerveux – « Le surf ? Parce qu’il faut spécialement revenir à GC pour faire du surf ? » - Il y avait des tas d’autres villes et pays où il aurait pu aller surfer. C’était une fausse raison de revenir d’après moi, mais qu’importe ? Je sirotais de nouvelles gorgées de vodka. Le silence s’installait à nouveau. Mes yeux étaient rivés sur mon verre à moitié vide. Si je continuais à boire, j’allais même plus pouvoir rentrer chez moi avec la mustang. Tout ça me faisait vraiment mal au cœur. Notre passé qui ressurgissait et le comportement de Reedan, après toutes ces années. J’aurais aimé qu’il se montre moins froid, plus concerné par la situation. Qu’il n’est pas l’air d’en avoir rien à fiche de moi et du mal qu’il à pu me faire en coupant le contact.

Lussy s'était mis des œillères sur les yeux. Malgré mes défauts et j'en avais des tas, j'avais toujours été franc avec elle. Même que j'étais parfois le seul à l'être. J'avoue que je n'avais pas toujours mis les formes mais j'étais un gosse à l'époque. J'avais à peine dix-sept ans. Mais j'étouffais là bas. Je n'en pouvais plus. J'étais devenu un autre pendant un an. Je ne me reconnaissais plus. J'avais besoin de souffler un peu. Je me fichais à présent qu'elle ne le comprenne pas. C'était qu'elle était aussi égoïste que je l'étais en fin de compte. Et puis, cette histoire était derrière nous. Je n'avais aucune envie de parler de ça, ni aujourd'hui, ni demain, jamais. Si j'étais ici, c'était dans le cadre de ma convalescence et pas pour renouer avec nos histoires passées. La page avait été tournée pour ma part. Et je n'avais aucune envie de revenir la dessus. Je n'écoutais même pas ce qu'elle me disait. J'écoutais plutôt la musique derrière nous. Le groupe venait de se mettre à jouer. Max avait eu du flaire en les programmant au club. Je reprenais une gorgée de ma bière avant d'en commander d'un geste de la main, une autre à Max qui nous observait du coin de l'œil. Aux nouvelles paroles de Lussy, je reportais mon attention sur elle. « Si je suis un sale type, égoïste de surcroit, pourquoi continues-tu à m'adresser la parole? » Je crois que si j'avais un tempérament différent, j'aurais pu m'énerver davantage contre Lussy. Mais je savais contrairement à elle, prendre du recul.

Je savais qu'elle était encore hantée par ce passé. Mais je n'y pouvais rien. Ce travail sur elle même, elle devait le faire toute seule. Je ne pouvais pas lui être d'une grande utilité, sauf me montrer présent. Bien que je doutais qu'elle souhaite encore ma présence à ses côtés. Je la laissais déverser sa verve, sachant qu'elle attendait cela depuis 10 ans, autant qu'elle se fasse plaisir. Puis je la vie recommander un autre verre à Max. Alors qu'il était clair qu'elle n'allait pas supporter tout cet alcool. Enfin, c'était une grande fille. Elle savait ce qu'elle faisait. Elle n'avait donc pas besoin d'un chaperon et surtout pas de mes remarques. Alors je m'abstenais. Quand elle parla du surf, je haussais doucement les épaules. J'avais toujours aimé surfer. C'était une façon pour moi de me vider la tête, de penser à autre chose, de me retrouver moi même. « A croire que Goldcoast est unique en son genre. » Je n'avais pas envie de m'étaler sur les raisons de mon retour ici. J'avais envie de profiter de ce petit anonymat que me procurait ma ville natale. Ici, le groupe était connu mais seulement par de bons connaisseurs de musique. Aux États-Unis, la célébrité du groupe était devenu un réel problème au fil des années. Si bien que je n'arrivais même pas à sortir de chez moi sans être filé par un moustique. Et c'était très agaçant. Ici, je goutais à nouveau à une relative sérénité. Je tenais à distant les quelques journalistes qui venaient parfois au club. Je reposais la bouteille sur le comptoir avant de jeter un œil à Lussy. Elle semblait vraiment être mal et je prenais à être pris de remord face à son visage où transparaissait la tristesse et la déception. Je soupirais. « J'ai jamais été très fort pour parler de moi... Tu veux que je te dise quoi Luss'? Que partir était une connerie? Qu'on était trop jeune tous les deux et que j'avais besoin d'autre chose? Dis-moi. » J'avais dis ces mots sans aucune amertume, ni même de froideur. Je voulais simplement la comprendre. « Tu as toujours compté pour moi, même encore maintenant. Même quand tu prend cet air, que tu me fais des yeux de tigresse … tu restes celle avec qui je partageais mes fous-rires et mes balades de hors la loi.... »

Pourquoi est-ce que j’étais incapable de passer au dessus de tout ça ? Dix ans étaient passés et je lui en voulais encore énormément. Je me trouvais incapable de le revoir ce soir et de lui « sauter » dans les bras comme si de rien était. Il m’avait fait du mal et quand on me fait du mal, je pardonne rarement. C’est comme ça. Alors peut importe que ça se soit passé il y’a longtemps. Ça c’est passé et je ne peux pas avoir d’autre réaction que celle que j’ai maintenant. Je ne répondais pas à ses propos, lorsqu’il se demandait pourquoi je lui adressais la parole si je le considérait comme un « sale type égoïste ». A mon avis, je suis un peu masochiste. Je suis venue ici en sachant pertinemment qu’il était le propriétaire du club. Finalement, j’aurais peut-être du rester chez moi et on ne se seraient pas croisés. On se serait peut-être même jamais recroisés de nos vies. Gold Coast est assez grand pour ça. Je me taisais, n’ayant rien de plus à ajouter à la conversation. C’est parfois très difficile de parler avec lui. Il n’aime pas s’étendre, ni parler pour rien dire. En fait, ça ne m’a jamais vraiment dérangé par le passé, mais je dois dire que ce soir, ça m’agace. Il se montre impassible et je n’ai aucune idée de ce qu’il peut penser de tout ça. Si il se sent concerné par la conversation ou si il s’en contre fou.

J’attrapais mon verre pour en finir les dernières gorgées, pensant à quitter le club, mais Reedan brisa la glace à son tour. Je relevais les yeux sur lui, il parvint même à me décrocher un demi sourire lorsqu’il me dit que je comptais, même quand je lui lançais mon regard de tigresse. Je me demandais comment est-ce que je pouvais encore compter pour lui maintenant ? On avait passé dix ans sans se voir. Quand on tient aux gens, on ne les abandonne pas. Du moins, je n’abandonnerai jamais une personne chère à mon cœur – « Je ne sais pas ce que je veux. Tu n’as même pas idée de combien je t’en ai voulu et de combien je t’en veux encore. Parce que je reste convaincue que ne plus se parler était loin d’être la meilleure solution. » - Dis-je d’une voix calme, mais qui laissait transparaître la déception que je ressentais – « Je t’avais placé haut dans mon estime. Ensemble on a vécut les meilleurs et les pires moments et après tu as fait comme si je n’existais plus. Alors, oui je l’ai très mal pris. Ma réaction est proportionnelle à la déception que j’ai ressentie. Je sais que tu n’aimes pas parler de toi et que tu n’es pas expansif. Je ne te demande pas de changer. Seulement, j’ai besoin de savoir que tu ne t’en fiches pas. » - Ajoutais-je, croisant son regard un instant.

Je me rendais compte au fur et à mesure de la conversation que mon attitude et la décision que j'avais prise dix ans auparavant avait pu faire du mal à Lussy. Pourtant je lui avais dit que je partais. Je ne pouvais pas rester à GoldCoast et je savais qu'elle ne serait pas parti avec moi à ce moment là. Pendant toutes ces années, j'avais fais abstraction à tout ce qui s'était passé. C'était une façon pour moi d'aller de l'avant. Avec ce passé, je sais que j'aurais été incapable d'avancer comme je le voulais si je gardais ces entraves. Alors j'étais parti. Cela ne voulait pas dire que j'avais renoncé à tout et surtout pas à Lussy. Elle avait fait partie de ma vie, même avec seize milles kilomètres qui nous séparait. Je crois même que ce serait toujours ainsi. Malgré tout, ces mots avaient du mal à sortir. J'avais ma fierté. Et surtout, je n'ai jamais été habitué à parler de moi ou de ce que je ressentais. Mes parents ne m'ont pas appris à avoir ce genre de comportement. Les fois où ma mère m'avait montré un peu d'attention, je pouvais les compter sur les doigts d'une main. Quant à mon père, il était quasiment absent durant mon enfance. Je ne connaissais rien de lui. Je ne connaissais pas son sport ou sa chanson préférée. Bref je n'avais pas eu ce qu'on appelait une famille. Mais avec Lussy, c'était différent. Elle a été la première personne à être tactile avec moi. La première qui m'a prise dans ses bras. Ouais c'est con mais rien que ça, ça m'avait mis mal à l'aise et j'avais mit du temps à m'y faire. Je savais à présent que cela faisait parti d'elle.

Elle avait besoin de ça, comme toutes les femmes. Plus encore elle parce que je connaissais son passif et que ce manque, Lussy l'avait aussi ressenti. Mais elle l'avait exprimé, contrairement à moi qui avait toujours gardé le silence, encore maintenant. J'avais beau faire des efforts, je n'y arrivais pas. Mais cela ne voulait pas dire que j'étais un mur sans sentiments, sans aucune réaction. Et je savais que je l'avais blessé. En même temps, je ne me voyais pas la prendre dans mes bras, en tout cas pas ici, dans mon bar à la vue de tout le monde. A ses paroles, je l'observais. Elle voulait que je ne m'en fichais pas? Que pouvais-je lui dire? Que je regrettais d'être parti de cette façon? Je restais silencieux un instant alors que la plupart des clients étaient occupés à écouter la musique, les yeux rivés sur la scène. Je soupirais légèrement. Je me redressais avant de passer une main sous le col de mon t-shirt. J'en sortais un pendentif avec une pierre minérale que je mettais dans la main de Lussy. Cet objet était symbolique et je savais qu'elle allait comprendre que non, je ne me fichais pas d'elle, ni même de ce qui s'était passé il y a dix ans. Cette pierre que je gardais toujours autour du cou, en était la preuve.

Je sais que c’est peut-être pathétique, mais j’ai besoin qu’on me dise les choses, ou du moins qu’on me les fasse sentir. J’ai été élevée par des parents qui étaient de vrais glaçons. Ils ne m’ont jamais dit qu’ils m’aimaient et ils me l’ont encore moins montré. J’ai toujours eu l’impression d’être inexistante à leurs yeux. Quand Reedan est parti, j’ai aussi eu le sentiment de ne plus avoir aucune importance. Ça m’a fait du mal, parce qu’on était proches. A l’époque, je n’avais que deux personnes véritablement proches de moi : Elyna et Reedan. Heureusement qu’Elyna n’est pas partie, parce que sinon, j’aurais très certainement pété un plombs. Comme mes parents m’insupportaient, je découchais souvent et j’allais dormir chez Ely. Enfin bref. Mes yeux rivés sur Reedan, je venais de lui livrer ce que je ressentais véritablement. Est-ce que Reedan était capable de me montrer qu’il n’en avait pas rien à faire, de moi et de ce qu'il s'était passé ? Je suis bien consciente que pour, lui c’est plus difficile de se livrer et de montrer les choses.

Je l’observais retirer un pendentif attaché autour de son cou avant de le mettre dans ma main. Je le reconnaissais immédiatement, très surprise de constater que Reedan l’avait encore avec lui. Mes yeux se posaient derechef sur Reed, ne cachant pas mon étonnement et mon émotion – « Tu… l’as avec toi depuis tout ce temps ? » - Demandais-je alors que la lueur dans mes yeux trahissait mon émotion. Il portait ce pendentif ce soir alors qu’il n’était pas censé savoir qu’il me verrait. Reedan n’est pas un grand bavard, mais ce pendentif signifiait bien plus qu’un long discours. Il me faisait comprendre qu’il n’en avait pas rien à faire de moi et surtout, qu’il ne m’avait pas oubliée – « J’arrive pas à le croire que tu l’ai encore. » - Cependant, cela ne retirait pas le mal qu’il avait fait. Je ne suis pas prête d’oublier, je n’oublie jamais. Je dois tout de même admettre que je suis touchée qui ait le pendentif avec lui. J’ignore ce qui me passa par la tête, mais je me levais de mon tabouret pour venir serrer Reedan dans mes bras. L’émotion, sûrement. Et puis, il faut dire que même si je lui en veux, il m’a aussi manqué. Je finis par desserrer mon étreinte, le pendentif toujours dans ma main - « Ça ne veut absolument pas dire que je te pardonne et que j’ai oublié. » - précisais-je. Pas pour être méchante, mon ton était plutôt doux, c’était juste une précision – « Mais merci, c’est important pour moi de savoir que tu ne t’en fiche pas. » - Ajoutais-je toujours sur le même ton.

Ce que je détestais ça! Je détestais les effusions sentimentales en public. Et surtout quand cela se passait dans mon club devant mes employés et les clients. Heureusement un bon nombre d'entre eux étaient occupés à écouter et observer les artistes qui se produisaient sur scène. Mais Max me jetait un œil, assez surpris. Oui le pauvre, avait discrètement tenté de draguer Lussy quelques minutes plus tôt. Avec son sérieux penchant pour la perversion, il devait déjà s'imaginer certaines choses. Choses qui étaient bien sûr parce qu'il était certain qu'il ne se passait rien entre la jolie blonde et moi. Lussy avait simplement ressenti le besoin d'avoir un réconfort de ma part. Le fait de savoir que son souvenir et sa présence ne m'avaient pas quitté ces dernières années, devait l'avoir rassuré dans un sens. Et je pouvais comprendre cela. Elle avait toujours été du genre tactile, à mon inverse. Mais je ne lui disait rien. Je la laissais faire, sachant pertinemment qu'elle en avait besoin et peut-être que moi aussi dans un sens. A ces derniers mots, je l'observais à nouveau, posant mes yeux bleus sur elle. « Oui je sais... » Et pour le pardon je savais également, qu'il allait avoir du mal à venir. Et dans un sens, c'était compréhensible. Seul le temps allait pouvoir aplanir vraiment ce qui s'était passé dix ans plus tôt. Pour l'instant, je crois qu'elle avait besoin de digérer ces informations.

Je l'observais garder le pendentif dans la main. Ce dernier ne m'avait pas quitté en dix ans. Je l'avais toujours gardé autour de mon cou. C'était la seule chose qui me rappelait mon passé. L'unique chose que j'avais gardé dans mon existence et que je n'avais pas cherché à jeter aux oubliettes. Je laissais ensuite la jeune femme s'asseoir à nouveau sur son siège. Je crois que l'alcool l'avait un peu grisée. Ces yeux étaient brillants. A moins que ce ne soit l'émotion de ces retrouvailles. Je ne pouvais m'empêcher de sourire. Lussy n'avais jamais supporté l'alcool, déjà quand nos étions adolescents. Et je constatais que c'était encore le cas aujourd'hui. Je laissais le silence revenir entre nous avant de demander. « Est-ce que tu as rentré ta hache de guerre? » Je voulais savoir si je devais encore faire attention à mes paroles ou si on pouvait enfin avoir une réelle conversation. Dans un sens, j'étais rassuré de voir qu'elle avait prise sa vie en main comme je l'avais fais. Elle semblait s'être épanouie et je me demandais même si elle avait gardé contact avec ses parents.

Reedan ne repoussait pas mon étreinte, bien qu’il ne soit pas fan des effusions dans ce genre. Surtout en public. Je le connais bien, mais je n’avais pas pensé une seule seconde à ça en le prenant dans mes bras. En fait, je n’avais pas vraiment réfléchis. J’en avais juste ressenti le besoin. Je suis comme ça. J’étais déjà comme ça quand nous étions adolescents. Le pauvre Reedan qui détestait les effusions avait du faire avec mon côté tactile.

Il ne gagnerait pas mon pardon en l’espace d’une soirée. C’était impossible. Honnêtement, je suis incapable de dire si je serais un jour capable de lui pardonner complètement. Ma rancœur ne sera probablement pas toujours aussi forte, mais je doute de pouvoir totalement pardonner. Rien ne serait plus jamais pareil. J’ignore si nous allions doucement reprendre le contact ou continuer notre petite route chacun de notre côté. Quoi qu’il en soit, nous ne serions certainement plus aussi proche que nous l’avions été. Je me sens incapable de lui refaire confiance à ce point. Reedan est parti une fois, il repartira certainement. Je n’ai pas très envie que notre passé se répète, alors je serais beaucoup plus méfiante.

Je regagnais mon tabouret haut sous le regard du barman. Mes yeux se portaient de nouveau sur Reedan qui avait reprit la parole. Je souriais à moitié : « Oui, mais c’est trop facile, tu me donnes le pendentif et je me radouci. » - Ce que je suis faible pensais-je – « Alors que tu aurais au moins mérité une bonne claque. Tu as été méchant tout à l’heure. » - Ajoutais-je d’une voix douce, mais avec franchise. Je lui fis mes grands yeux de chien battu pour accompagner la fin de ma phrase. C’est vrai qu’il avait été méchant, mais je faisais plus ça pour l’embêter qu’autre chose à vrai dire. Je jetai un œil autour de moi. Reedan n’avait pas raté sa vie, il avait même plutôt très bien réussi entre son groupe, Dark Shines et ce night-club. Je dois dire que je suis plutôt fière de lui – « Comment t’es venu l’idée de créer l’underground ? » - Demandais-je, bien curieuse de le savoir.

J'avoue que là, je n'avais pas chercher la facilité. Je ne savais même pas ce soir là en venant au club, que j'allais retrouver Lussy après tant d'années sans l'avoir vu, ni même parlé. Le temps était passé et je me rendais compte malgré tout, que ce temps nous avait séparé. Nous avions fais notre vie chacun de notre côté et dans un sens c'était tant mieux. Mais je ne savais pas encore si nous avions encore des points communs à part ce passé qui nous hantait tous les deux. J'avais l'impression de devoir réapprendre à la connaître. Même si je savais que nous n'allions pas pouvoir rattraper le temps perdu. Et puis, je trouvais cela inutile. Le temps ne pouvait pas être rattrapé. Et en fait, je préférais, surement comme elle, me consacrer au présent. Ce pendentif, je ne l'avais jamais quitté. Je n'avais jamais songé à m'en débarrasser. C'était mon passé. Et même si je ne voulais pas m'y arrêter, il faisait parti de moi.

Aux paroles de Lussy, je posais mes yeux bleus sur elle. Un demi sourire s'afficha sur mes lèvres. « J'avoue que j'attendais la gifle. Apparemment, tu t'es assagi avec l'âge. » Je savais bien que je l'avais blessé mais pourtant je ne regrettais pas mon choix. Je l'aurais surement refais. C'était simplement la façon dont cela se déroulait, que je regrettais mais rien d'autre. Puis quand elle parla de l'Underground, je regardais un peu la salle et les clients qui semblaient passer une bonne soirée. « Par hasard. » Je pris la bouteille de bière et en avala une gorgée avant d'ajouter. « Je me baladais un soir sur l'avenue et j'ai vu ce bâtiment à l'abandon. J'avais besoin de m'occuper alors je l'ai racheté. » Et c'était en gros ce qui s'était passé. C'était par hasard que j'étais venu jusqu'ici. J'avais eu un coup de cœur pour le lieu et je l'avais racheté. Le quartier manquait d'un bon club de musique sans marketing et publicité à outrance. « Je l'ai retapé et il a finalement marché. » J'avais eu de la chance. La clientèle avait été présente dès le départ. « Et toi, raconte. Tu es devenue photographe? » Je me souvenais qu'à l'époque, elle appréciait beaucoup le monde de la photo. Mais en fait, je n'en savais rien. Elle aurait très bien pu faire autre chose.

Je me relevais m’approchant de Reedan une nouvelle fois, non pas pour le serrer dans mes bras, mais pour lui remettre le pendentif autour du cou. Je trouverais mon tabouret quand Reedan déclarait qu’il s’attendait à une claque. Cela me fit sourire – « Oh mais si tu l’attendais, ça peut toujours s’arranger. » - Mon sourire s’élargissait. Je le taquinais, bien que lui donner cette gifle m’avait véritablement démangé. Je m’étonnais d’avoir résister à une telle tentation. Est-ce que je me suis assagi avec l’âge, comme le dit Reedan ? Rien n’est moins sûr…

Je questionnais le bassiste sur l’underground, le club qu’il avait créé et que je découvrais pour la première fois de ma vie. Je ne pouvais que constater que l’affaire fonctionnait plutôt bien. La clientèle était venue en nombre ce soir pour assister au concert – « Ouais, je vois ça. Il y’a du monde. Honnêtement, je trouve que le concept est plutôt sympa. » - Reedan n’avait rien inventé. Il y avait des tas de club qui proposaient des concerts, mais j’aimais ce genre d’endroits. Reed avait trouvé ce bâtiment en ruine et en avait fait un club branché. Bravo, paris réussit – « Et ta main ? » - Demandais-je. J’avais lu des articles en ligne à propos de la blessure de Reedan au niveau de la main. Étais-ce pour ça qu’il avait ressenti le besoin de s’occuper ? Parce que la main de « travail » du bassiste était blessée ?

Puis, Reedan se questionnait sur mon parcours à moi. Il savait que j’étais passionnée par la photographie et par les animaux. Ce sont mes deux grandes passions depuis petite, mais j’ai aussi des tas d’autres centres d’intérêts. J’aime la vie et j’aime découvrir les choses – « Oui. Je suis photographe indépendante. Photographe Animalier plus précisément. » - Répondis-je – « Et j’ai fondé une association pour la défense animale. » - Si il se souvenait bien de celle que j’avais été, cela ne l’étonnerait pas. Je veux sauver les animaux depuis plus loin que le collège. Aujourd’hui, j’ai vraiment les moyens de pouvoir leur venir en aide et j’en suis très heureuse.

Je laissais Lussy remettre la chaine avec la pierre autour de mon cou. Je pensais qu'elle allait le garder mais en fin de compte, je voulais le laisser sur mon torse. D'ailleurs, il ne m'avait pas quitté depuis tout ce temps. Bref, je prenais la pierre en main pour la remettre sous mon t-shirt comme au début. Puis les propos de l'australienne me firent légèrement sourire. Je savais bien qu'elle y avait réellement pensé. Je la connaissais. Je savais comment elle agissait même si elle avait mûri, elle restait la fille que j'avais connu quand j'étais gosse. J'étais rassuré dans un sens de voir que ses parents n'avaient plus d'emprise sur elle. Je me demandais toutefois si elle côtoyait toujours ses parents. Moi même j'avais dit adieu à ma vie d'avant en coupant tous les ponts, surtout ceux avec mes géniteurs.

Parler du Underground, j'adorais. Je crois qu'en dehors de la basse, c'était être au club que j'aimais le plus. Je m'y sentais bien, chez moi. J'avais tellement voyagé avec le groupe, que j'avais du mal à me sentir chez moi quelque part. Alors finalement quand j'avais un peu de temps libre, je restais ici, à l'Underground. Je pouvais en plus jouer quand je voulais vu que le club possédait tous les équipements dont on pouvait avoir besoin pour faire une scène. « Je n'ai rien fais d'extra. J'ai juste donné la chance à certains, et ça gratuitement. » Contrairement aux autres clubs, je ne faisais pas payer les artistes qui monter sur ma scène. Je trouvais ça incorrect de faire payer des types pour jouer devant un public alors que la plupart d'entre eux, ramaient pour finir leur mois. Je n'avais pas besoin de fric mais même si cela avait été le cas, je n'aurais pas demandé d'argent sur la scène. Hors de question. Puis elle me demanda implicitement si ma main allait bien. Je posais mes yeux bleus sur elle. Ainsi, elle était au courant? Évidement, j'aurais du me douter qu'elle avait surement lu des articles sur mon groupe ou moi même. Bien sûr, mon accident avait fait la une des feuilles de chou. J'observais ma main en question. Sur le dos, on pouvait y voir une cicatrice de plusieurs centimètres. Je passais machinalement mes doigts dessus. Elle me faisait encore souffrir certains soirs et parfois je me disais que je n'allais jamais réellement reprendre le contrôle intégral malgré les heures de kiné, d'exercices. Je soupirais légèrement. « Ça va mieux... »

La conversation se tourna ensuite vers Lussy. Comme je m'y attendais, elle avait fait de la photographie, son métier. Je hochais légèrement de la tête à ses propos. « Cela ne m'étonne pas. » Lussy avait toujours eu un don pour s'occuper des animaux. Et elle avait aussi tendance à ramener tous les chiens galeux de la terre. Mais c'était cool ce qu'elle faisait. J'avais moi même récupérer un chien husky abandonné à mon arrivé à Gold Coast et depuis, il vivait avec moi. C'était peut-être un autre point commun que nous avions.

Il avait de quoi être fier de son club, puisqu’il rencontrait un franc succès. J’écoutais le bassiste me raconter qu’il offrait sa scène gratuitement aux artistes qui voulaient s’y produire. Chose assez rare, car la majorité des clubs font payer les artistes afin qu’ils puisse jouer sur scène. Je trouvais l’idée de Reedan plutôt bonne. Il donnait à des artistes peu connus l’opportunité de se faire entendre. On sait tous combien ce milieu et difficile. Je me demandais cependant comment il faisait pour sélectionner ceux qui pouvaient se produire sur scène. A mon avis, beaucoup de jeunes groupes devaient avoir envie de montrer sur la scène de l’Underground, sachant qu’ils n’auraient rien à versé pour pouvoir donner un concert – « Tu ne dois pas manquer de choix. Si tu leurs permets de venir jouer gratuitement, beaucoup doivent être attirés par cette offre. » - Répondis-je avant de m’intéresser à l’état de sa main. Je pouvais distinguer sa cicatrice tandis-ce qu’il m’affirmait que ça allait mieux. Maintenant, il savait que j’avais suivi un peu ce qu’il faisait. Les journaux avaient relayé son accident. Je dois dire que ça m’a inquiété quand j’ai appris ça dans la presse, mais heureusement, Reedan allait bien. Ça aurait pu être plus grave. Il aurait pu aussi y perdre la vie. J’ai beau l’avoir un peu détesté durant ces dernières années, je n’ai jamais souhaité qu’il lui arrive quelque chose de mauvais – « Tu penses que tu pourras reprendre la basse ? Et pour le groupe, on pourra de nouveau vous entendre ensemble un jour ? » - Demandais-je alors que je savais que le groupe était en pause actuellement. J’aimais bien leur musique. C’était tout à fait le genre que j’aimais écouter. Reedan et moi écoutions beaucoup de rock ensemble quand on était plus jeunes.

Reedan ne s’étonna pas de mon parcours. Malgré les années qui étaient passées, je n’avais pas beaucoup changé et il se souvenait très bien de celle que j’étais. Le silence s’installait entre nous tandis-ce que je décidais de commander un autre verre. J’optais pour un cocktail, plus doux que ce que j’avais bu auparavant. J’avais envie de pouvoir rentrer chez moi au volant de ma mustang sans me mettre dans le décor. Cela serait idiot – « Et tes parents ? Tu as contact avec eux ? Ou tu as de leurs nouvelles ? » - Demandais-je. C’était sûrement le sujet à ne pas aborder, mais je suis douée pour mettre les pieds dans le plat. Cette question me trottait dans la tête, alors je la posais le plus simplement du monde. Est-ce qu’avec son retour, Reedan avait repris contact avec ses parents ? Je n’avais plus de nouvelles d’eux depuis des lustres. Je ne cherchais pas à en avoir a vrai dire. Je n’avais plus non plus de nouvelles de mes propres parents et ça m’était complètement égale. Qu’ils aillent tous se faire voir. Ils nous avaient fait assez de mal comme ça dans notre jeunesse. Je buvais quelques gorgées de mon cocktail.

« Je ne manque pas de choix mais la qualité n'est pas toujours au rendez-vous. J'aimerai être équitable avec tout le monde mais parfois c'est impossible. » Je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un leger sourire avant d'ajouter. « Certains sont vraiment très mauvais. Je n'ai pas envie qu'ils fassent fuir ma clientèle. » Je commandais une nouvelle bière à Max qui s'exécuta. Le club commençait à être vraiment bondé et quand c'était le cas, je m'isolais souvent dans un coin de la salle afin de ne pas être ennuyé. Mais là, j'étais en bonne compagnie et à vrai dire, la conversation me plaisait assez pour avoir envie de la poursuivre. « Mais j'aime ce concept. J'aurais aimé pouvoir faire ce genre de scène. Mais à l'époque, j'étais fauché et j'avais déjà du mal à payer mon loyer. » Mes premières années aux États-Unis, n'avaient pas été faciles. J'avais galéré pas mal de mois en accumulant des jobs qui ne me correspondaient pas. Je bossais pour bouffer et payer ma piaule et surtout pas par plaisir. Puis j'ai eu de la chance de pouvoir percer dans le milieu, de faire de ma passion, mon métier. Aujourd'hui, je pouvais en vivre mais je savais ce que ces jeunes artistes en devenir pouvaient ressentir. Et si je pouvais leur faciliter un peu la tâche, je voulais le faire. Puis la conversation dévia sur ma main et son état. Si je pensais reprendre la basse? Oui. Et c'était déjà le cas. Enfin avec plus ou moins de réussite certains jours. « J'ai déjà repris. Et j'ai racheté une moto. » Je ne pouvais pas abandonner, ni l'un, ni l'autre. Même si la moto avait failli me couter la vie, je ne pouvais pas m'en passer. Pareil pour ma basse. J'y allais petit à petit. J'avais repris la basse, quelques jours après ma sortie d'hôpital. C'étaient les deux choses vitales qui occupaient mon existence. Sans ça, je n'étais pas réellement moi. Je n'étais pas doué dans d'autres matière. Seule la musique m'intéressait vraiment. Je ne me lassais pas de jouer. Puis aux paroles de Lussy, je comprenais qu'elle avait suivi ma carrière et donc celle du groupe. Je me demandais si elle appréciait toujours le rock. Je n'aurais pas pu faire d'autres musiques que celle-ci. « C'est prévu. On fait une pause mais on préparer un nouvel album, le quatrième. » J'avais déjà écris quelques chansons. J'en avais déchiré pas mal mais c'était en bonne voie. Je m'étais mis à la composition au deuxième albums. Cela me destressait et puis, j'arrivais mieux à exprimer ce que je ressentais sur papier, qu'oralement. Je n'ai jamais été doué pour parler de moi et cela ne changera jamais.

Je buvais une gorgée de ma bière alors que j'observais la salle. Je remarquais deux filles qui ne cessaient de m'observer depuis un bon quart d'heure. Je les vis venir vers moi. La première m'adressa la parole. Elle semblait être la moins « timide » du duo. Bien sûr, comme je m'y attendais, elle me demanda un autographe. Je soupirais avant de lui dire que j'étais occupé et qu'elle pouvait revenir plus tard. Elle jeta un œil à Lussy avant de se pencher près de mon oreille pour me murmurer quelques mots. Puis elle posa sa main sur la mienne avant de partir avec sa copine. Je soupirais légèrement. J'ouvrais ma main pour y découvrir un numéro de téléphone. Puis je repris la parole, mettant le numéro de téléphone dans le fond de la bouteille vide devant moi. « Je ne les ai pas vu depuis plus de dix ans. Et je n'ai strictement pas envie de leur reparler. Je me débrouille très bien sans eux. Pas toi? » Lussy tout comme moi, nous n'avions jamais été très proches de nos parents. Et personnellement, ils ne me manquaient pas.

Reedan était un passionné de musique depuis tout jeune. Si j’ai toujours aimé la photographie, son élément à lui a toujours été la musique. Reed ne laissais jamais rien transparaître de ses émotions, mais lorsqu’il parlait musique, on ne pouvait que remarqué qu’il aimait parler de ça et que cela avait une très grande importance dans sa vie. J’esquissais un léger sourire lorsqu’il me confia que certains groupes étaient mauvais et qu’il avait peur qu’ils fassent fuir sa clientèle. Reedan faisait donc pour d’autres ce qu’il aurait aimé qu’on fasse pour lui, en offrant gratuitement le droit de jouer sur scène. Quand il a tourné le dos à sa famille, il a aussi tiré un trait sur leur fortune, mais bon Reedan s’en ai plutôt très bien sorti finalement. Il fait ce qu’il aime, c’est l’essentiel. Aujourd’hui, comme moi, il est libre de vivre la vie qu’il à envie de vivre. Nos parents ne sont plus un obstacle pour nous. Ils nous en on fait bavé, mais on s’en est sorti – « Ouais. Tu n’as pas pu faire ce genre de scène et j’imagine qu’il y’a eu de grands moments de galère, mais tu t’en ai sorti et ça tu ne le dois qu’à toi-même. » - Lui répondis-je alors. Reedan avait eu un accident et sa main avait été blessée. Je me demandais si il avait repris la basse depuis, chose qu’il avait évidement faite. Tout comme il avait racheté une moto, l’engin a cause du quel il avait faillit mourir. Ce n’était pas moi qui allais lui faire la morale. Reedan était grand et libre de faire ce que bon lui chante. Il m’informait ensuite que le retour de son groupe, Dark Shine était déjà prévu. J’avais déjà à la maison leurs trois premiers albums. Le quatrième serait tout aussi bon. J’avais confiance en les talents de ce groupe, en les talents de Reedan. Finalement, il a toujours fait parti de ma vie, même quand il était plus là et que je le détestais – « C’est super ! Parce que je ne vais pas te cacher que j’aime beaucoup ce que le groupe et toi faites. Enfin tu sais bien que j’aime le rock. » - Dis-je avant de prendre quelques gorgées de ma boisson. C’est marrant, pendant qu’on parlait de cela, je ne repensais plus à ce qui s’était passé, son abandon, ma rancœur et ma déception. Bien sûr, cela revint l’instant d’après.

Deux filles s’approchèrent de nous. Encore des fans de Reedan pensais-je ? On ne pouvait pas être tranquilles ? Je me demandais si c’était ainsi tous les soirs. Est-ce qu’il y avait systématiquement des pimbêches qui venaient lui mendier des autographe ? Je croisais le regard de l’une des filles et la fusillais de mes yeux. Elle dérangeait. Non pas que j’étais jalouse, mais elle venait interrompre notre conversation et ça, ça m’énervait un peu. Elle chuchotait quelque chose à l'oreille de Reedan. Je n'étais pas en mesure d'entendre. Elle et sa copine nous laissais tranquille tandis-ce que Reedan découvrait le papier qu’elle avait glissé dans sa main. Apparemment, cela semblait le gonfler plus qu’autre chose.

On peut dire que les parents de Reedan et les miens nous ont pourris la vie. Alors, la réponse de Reedan à ma question ne m’étonnait pas. J’avais juste été curieuse de savoir, mais je me doutais un peu de la réponse. Qui reprendrait contact avec des parents pareils ? Ils ont été pendant trop longtemps comme des parasites dans notre existence. J’espère que si je deviens mère un jour, capable d’être une bonne mère. La mienne ne m’a jamais vraiment aimé, ni apporté d’affection. Comment est-ce qu’on peut être une bonne mère si on n’a jamais vraiment su ce que c’est ? Cette question vint perturbé mon esprit et pensé à cela me rendait assez triste – « Je me suis sentie vraiment vivre à la minute où j’ai pris mon indépendance. Alors, oui, je me débrouille aussi très bien sans eux. Je ne les aie pas vu depuis des années. Ils sont quelque part aux États-Unis ou peut être ailleurs. Je m’en fiche du moment qu’ils ne sont pas trop près de moi. » - Je repris quelques gorgées de mon cocktails. Le verre était désormais rempli de moitié – « Je vois que tu fais toujours des ravages. » - Déclarais-je après quelques minutes de silence. Je ne pouvais évidement pas m’empêcher de commenter l’éruption des deux filles tout à l’heure – « Ça arrive souvent ? Les fans qui viennent te demander un autographe et qui te file leur numéro de téléphone après ? » - Je riais, c’était assez marrant. Comme si il allait « sortir » avec une fille qui lui demande un autographe. A moins que ça soit une déesse, cela m’étonnerait.

Lussy disait vrai. Ce que j'avais maintenant, je ne le devais qu'à moi même. Quand j'ai quitté l'Australie, j'ai quitté le monde huppé dans lequel j'étais né. J'ai dit adieu à la fortune de ma famille, aux relations, aux avantages que m'avait offerte ma simple naissance. A présent, je vivais bien. J'avais beaucoup d'argent mais je n'étais pas dépensier. Je vivais avec peu. Je n'achetais pas grand chose à part dernièrement, une nouvelle moto, la copie conforme de l'ancienne. Je n'avais jamais fait attention à l'argent. Je jouais de la musique parce que c'était ma passion, parce que j'aimais ça. J'étais égoïste parce que je montais sur scène pour moi même et pas pour les fans. J'adorais ce que je faisais. J'adorais me retrouver sur une scène, entendre le public chanter nos chansons, faire le tour du monde. J'aimais ma vie comme elle était et pour moi c'était le plus important. Le reste je m'en foutais. Je n'avais à dire merci à personne. Ce que j'avais fais pour les autres, était un coup de pouce que je n'avais pas eu à l'époque. J'avais dû payer pour passer sur des scènes avec les autres membres de mon groupe. Heureusement, nous avions été très vite repéré. Mais d'autres amis avaient galéré pas mal de temps. Et je n'avais pas envie que ce soit la même chose dans mon club. Tout était gratuit pour les artistes qui montaient sur scène. Parfois, il y avait de bonnes surprises, à d'autres moments, je me disais que toutes les musiques se ressemblaient. Bien sûr, je sélectionnais quand même les gars qui passaient sur scène. Je n'avais pas envie de plomber la notoriété que le club avait acquis. Je choisissais des gars qui en voulaient, et qui avaient un bon son. Après, c'était un mélange de goût. J'en avais recalé certains mais la porte ne leur été pas fermé définitivement. S'ils s'amélioraient, ils pouvaient repasser au club. Parfois, certains étaient trop orgueilleux pour le faire, d'autres le faisaient et finissaient par monter sur scène, après avoir bien travaillé.


Aux paroles de Lussy, je reportais mon visage sur elle. Elle aussi avait finalement quitté le domicile familial. Et c'était une bonne chose. Parce que je connaissais ses parents. Ils étaient comme les miens et ils avaient toujours voulu régenter sa vie. D'ailleurs, elle non plus n'avait plus nouvelles d'eux. A croire que cela ne nous empêchait pas d'avancer. « Ils ont tout gagné à vouloir régenter nos vies. » Je parlais non seulement de ses parents mais aussi des miens. Je n'avais plus de nouvelles et je n'en voulais pas. Pour moi, ils étaient morts et enterrés et jamais je ne remettrai les pieds chez eux. « Je me demande ce qu'ils peuvent foutre. Vu qu'ils ont plus leur passe temps préféré. » Je me doutais que ma mère avait du poser son dévolu sur mon cher cousin qui représentait toutes ses aspirations. Je soupirais légèrement. Décidément, je détestais ce sujet. Puis aux paroles de Lussy, je posais mon regard sur les deux filles qui étaient venues vers nous. « Ça arrive trop souvent à mon goût. » La fille qui m'avait laissé son numéro, ne cessait de m'observer. En fait, elle n'était pas vilaine du tout. Elle était même plutôt bien foutue, ce que je n'avais pas remarqué au premier abord. « C'est ça aussi la célébrité. Les femmes aiment les rockeurs. » Je souriais. C'était ironique. Je ne cherchais nullement l'attention des autres et surtout pas des midinettes en chaleur. Mais cela m'arrangeait parfois. J'étais un homme. J'avais des besoins, des désirs. Et ce soir là, c'était le jour de chance de la jolie brune. Je buvais la dernière gorgée de ma bouteille puis je la reposais avant de me lever de mon siège. « Je vais te laisser... » Je me penchais ensuite vers Max pour lui murmurer quelques mots. Je lui demander de faire attention à Lussy, sachant qu'elle avait un peu bu et qu'elle était seule avant de lui dire que j'offrais ce qu'elle avait bu. « N'hésite pas à repasser. Peut-être que je pourrais t'apprendre quelques notes à la basse. » Je la laissais ensuite, aller retrouver la jolie brunette qui était au fond de la salle. Après quelques mots, nous prenions la porte de secours juste à côté.

En effet, à vouloir régenter nos vies, nos parents nous avaient perdus. Personnellement, je crois que mes parents s’en fichent éperdument. Je ne crois pas qu’ils m’aient aimé un jour. Leur « bébé » ça a toujours été leur société, Winston Clothes. Je baissais la tête un instant en pensant à cela. Je n’aime pas mes parents, la façon qu’ils ont d’être, c’est tout ce que je déteste. Mais ça me rends triste d’avoir eu des parents comme eux : Des coquilles vides incapable de m’aimer. J’aurais aimé naître dans une autre famille je crois – « Ce qu’ils peuvent faire maintenant ? Les miens sont sûrement entrain de compter l’argent que leur rapporte Winston Clothes. C’est la seule chose qui compte dans leurs vies vides de sens. » - Oui, je ne voyais pas ce que tout ça pouvait leur apporter ? A quoi bon amasser tout cet argent ? Pourquoi ne vivre que pour le travail ? Pourquoi vouloir toujours prétendre être parfaits ? A quoi est-ce ça rime ? Pour moi, ce n’est pas ça le plus important. L’important, c’est de pouvoir réaliser ses rêves et vivre de ses passions. Mais l’essentiel dans la vie, c’est l’amour. Que ce soit l’amour qu’on peut porter à un homme/une femme ou à ses amis.

Reedan me confiait que ça lui arrivait trop souvent de se faire accoster par des femmes ici ou alors qu’on vienne lui demander des autographes. Reedan fait parti d’un groupe de rock connu et il est plutôt sexy, il faut le dire. Ce n’est pas étonnant – « Mon pauvre canard, victime de ton succès. » - Le charriais-je. Reedan avait toujours eu beaucoup de succès avec les filles, même lorsqu’on était ado. Je me souviens, au lycée de toutes ses filles qui avaient des « vus » sur lui. Ce que Reedan ignore, c’est que parfois certaines d’entre elles venaient me voir pour me demander des conseils. J’étais souvent avec lui et étant proches, elles pensaient que je pouvais leur donner quelques tuyaux. Je dois dire que ça m’énervait un peu. Elles avaient qu’a se débrouiller non ? Parfois, je m’amusais à donner de mauvais conseils, c’était très amusant. Ce que je suis mauvaise. Cette pensée me décrocha un léger sourire. Reedan quittait son tabouret en m’annonçant qu’il me laissait. Je le vis murmurant quelques mots à son barman sans rien entendre, mais ce dernier me lança un regard – « Okay. Bonne soirée. » - Me contentais-je de lui répondre. J’ignorai si j’avais envie de laisser Reedan entrer de nouveau dans ma vie, mais en était t-il réellement sorti ses dix dernières années ? Je crois que j’avais surtout besoin de réfléchir à tout ça avant d’envisager de le revoir et de faire comme si nous étions de nouveau les « meilleurs amis du monde ». Alors, les leçons de basses (bien que ce soit tentant) ce ne serait pas pour demain. Reedan disparaissait de ma vue assez rapidement. Il y avait pas mal de monde et je portais mon attention sur le barman. J’engageais la conversation avec celui-ci. Je terminais ma soirée en sa bonne compagnie. Il était près d’une heure du matin quand je décidais de rentrer chez moi. Max me proposait de me raccompagner après son service ou même de m’appeler un taxi pour rentrer. Le jeune homme ne me pensait pas en état de conduire, mais je lui affirmais que tout allait bien. C’était vrai, je me sentais très bien. J’étais capable de rentrer à la maison avec la mustang. Il n’y avait que quelques kilomètres à parcourir. Le trajet se déroula sans problème. Lorsque j’arrivais à la maison, Elyna ne dormais pas. On restait debout encore deux bonnes heures à papoter. Je lui racontais ma soirée et le fait que j’ai croisé Reedan. Il était finalement trois heures et demi du matin quand on décidait à se coucher. Demain, ça serait grasse mat !

HJ : FIN DU TOPIC