PIPPA & REEDAN

Je jetais un œil sur la pièce, pinçant les cordes de ma basse avec mes doigts tout en gardant le rythme de la chanson. Voilà ce que j'appréciais surement le plus dans mon boulot, pouvoir monter sur scène quand je le voulais. Ce que je faisais ce soir. J'accompagnais l'un des groupes qui passaient ce soir. Il m'arrivait de temps en temps de jouer pour d'autres. Pour l'instant, mon propre groupe était en pause alors je pouvais faire ce que j'avais envie. Même s'il me tardait de rejouer à nouveau. Cela faisait bien deux ans que je n'avais pas rempli de salle avec mon groupe. Cela commençait à me manquer. Je continuais de jouer, laissant mes doigts sur ma basse. La chanson dura encore quelques minutes avant que les applaudissements me fassent revenir sur terre. Quand je jouais, j'oubliais tout le monde qui m'entourait. J'étais ailleurs et le réveil était parfois brutal. Je laissais le groupe poursuivre alors que je retirais la sangle de la basse pour la poser dans l'arrière scène. Je quittais la scène pour aller jusqu'au bar, évitant de donner de l'attention aux fans qui étaient dans la salle. Je venais jusqu'au comptoir pour prendre une bière. Je jetais un œil à Max qui venait de servir un client. Je me penchais alors que le bois pour me servir directement. Je décapsulais la bouteille avant de boire une gorgée.

Je m'accoudais au bar, observant la salle. Je jetais ensuite un œil à ma montre. J'avais de la paperasse administrative à faire et je ne pouvais pas rester ici plus longtemps. Je voulais me débarrasser de cette corvée le plus vite possible. J'avalais donc une nouvelle gorgée avant de reposer la bière, je profitais de la présence du barman pour lui dire que je comptais sur lui ce soir pour fermer l'Underground. Il était rare que je délègue cette responsabilité mais ce n'avait pas le choix ce soir. Je savais que je pouvais faire confiance et qu'il pouvait se débrouiller tout seul. Une fois ma bière finie, je quittais la salle, je me dirigeais vers mon bureau. J'y entrais, refermant la porte à clé derrière moi. J'avais horreur qu'on puisse fouiner dans mes affaires. Je venais récupérer un papier avant d'enfiler ma veste de moto, mettant le papier dans la poche intérieure. Je refermais le blouson renforcé en cuir avant de prendre le casque qui se trouvait sur l'un des casiers de la pièce. Je soupirais. Je détestais ce que je m'apprêtais à faire. Je n'avais pas envie de consacrer ma soirée à ça mais le comptable venait demain et tout devait être bien carré à son arrivée. Je détestais laisser les choses en plan, surtout quand cela concernait la gestion du club. Si j'avais écouté mon instinct, j'aurais filé à l'autre bout de la ville pour rouler un peu sur ma moto et rentrer plus tard, tôt le matin. Quand j'étais sur ma Kawasaki, je ne voyais pas le temps passer. Mais il y avait certaine chose que je ne pouvais pas déléguer. Et puis autant s'en débarrasser tout de suite pour que je puisse enfin être tranquille.

Je pris mes clefs, éteignant mon bureau avant de sortir par la porte de derrière que je verrouillais à nouveau. Cette porte donnait sur une ruelle qui rejoignait Surfers Paradise. Il n'y avait personne dans cette rue à part ces trois filles qui marchaient devant moi. Leurs talons martelaient le sol dans un bruit perçant. Je plongeais ensuite une main dans la poche de mon blouson pour y placer mes clefs. C'est en relevant le visage que j'entendis mon téléphone émettre un son à l'arrivée d'un message. Je prenais le téléphone en main tout en m'installant sur la moto. Je mettais le contact, faisant vrombir le moteur.