La seule chose qui ne me change pas trop depuis mon arrivée à Gold Coast, c’est le climat ! Bien qu’il fasse plus chaud qu’à Wilmington, je suis habituée aux hautes températures et aux étés prolongés. Il faisait donc encore très bon en ce début du mois d’octobre à GC. N’étant pas de service ce soir, j’avais décidé d’aller faire un tour à la plage. Autant profité de la chance que j’ai d’être ici, n’est-ce pas ? La plage est beaucoup trop peuplée en pleine journée, c’est pourquoi j’avais décidé d’attendre la soirée pour venir. Alors que la plupart des gens rentraient chez eux pour dîner, j’allais profiter de la mer et de ces belles vagues. Je m’étais mise une idée en tête depuis que j’étais là : Apprendre à surfer. Enfin, ce n’était pas la première fois que j’essayais à vrai dire. Logan, mon frère est un vrai fan de surf. C’est son passe temps préféré et il à déjà essayé à de nombreuse reprise de m’apprendre à tenir sur la planche. Ce qui fut – il faut le dire – à chaque fois un véritable désastre. Mais je ne suis pas du genre à abandonner. J’allais bien finir par tenir sur cette fichue planche, non ? En véritable inconsciente, je décidais en plus de partir à l’aventure toute seule, sans moniteur pour m’aider. J’allais très certainement le regretter bien vite. J’avais attaché mes cheveux en une natte que j’avais placé sur le côté. Je regardais l’horizon. Quelques surfeurs étaient déjà entrain de saisir les vagues. Allez, il fallait que je montre à Logan que j’étais tout à fait capable de surfer. Du moins, si il décidait de venir me rendre visite ici un jour. Lui et Charlee m’en voulait un peu de les avoir quitté pour aller faire ma vie ailleurs. En réalité, c’est très dur pour nous trois d’être séparés, parce qu’on l’a jamais vraiment été. Ne pas être avec eux, c’est comme si j’avais perdu tout mes repères. J’essaie simplement de me rappeler que rester à Wilmington m’était insupportable. Je ne pouvais pas rester là pas, je devais partir.

La planche sous le bras, j’avançais doucement vers l’océan. J’avais effectué quelques échauffements sur le sable avant cela. Une fois dans la mer, je posais ma planche sur l’eau avant de venir sur la planche. Je pagayais pour arriver avancer. C’était la seule partie qui n’était pas trop compliquée. J’avais bien pris garde d’attacher ma planche à mon poignet pour éviter de la perdre en cas de chute. C’était la première leçon que Logan m’avait donné. Une fois arrivée assez loin, je décidais d’essayer de me mettre debout… avec beaucoup d’hésitation. Résultat, je réussi à me casser la figure à la première vague. Je ne me laissais pas démonter et tentait de remonter sur ma planche. Je m’essayai avant de me remettre debout. Cette fois-ci, la vague à capturer était trop grosse, je tombais immédiatement avant même d’avoir réussi à trouver mon équilibre. Je bus une grosse tasse d’eau salée et ma planche vint m’assommer. Je buvais une seconde tasse, paniquée j’avais du mal à garder la tête hors de l’eau…

Ce que j'aimais faire quand je quittais le club, pas trop tard, c'était enfiler ma combinaison de surf et venir happer quelques vagues sous la douce luminosité de la lune. La plage à cette heure là de la soirée, était calme et quasiment déserte à part quelques surfeurs qui venaient comme moi, à cette heure là, attirés par la quiétude du lieu. J'avais donc enfilé ma combinaison , la laissant ouverte à ma taille. Je n'aimais pas particulièrement l'avoir totalement fermé. Bref, je prenais ma planche sous le bras et je me dirigeais vers les premières vagues. Le vent était un peu fort et il fallait faire attention à l'arrivée de certaines vagues qui venaient s'écraser méchamment sur le sable. Je posais la planche devant moi et je m'y allongeais avant de me laisser porter par l'eau, poussant avec mes bras pour avancer. Une fois à bonne distance, attrapant une première vague, je me levais sur la planche, un pied légèrement devant l'autre afin de me maintenir en équilibre. Je voyais au loin d'autres surfeurs mais nous étions assez éloignés les uns des autres pour profiter chacun, de ce moment. Je surfais plusieurs vagues. Le vent s'engouffrait parfois entre ma silhouette et ma planche. A certains moments, mon équilibre était perturbé et je devais faire un effort pour rester sur la planche. Ce n'était pas une nuit de pleine lune mais la houle était assez forte, de quoi déstabiliser les novices en la matière. D'ailleurs, en parlant de novices, je voyais une silhouette plus loin. Et cette personne avait bien du mal à rester debout. Normal, elle prenait le vent de face la plupart du temps sans prendre la peine de sonder la brise et d'attendre le bon moment pour se lever de sa planche. C'était une femme. Normal. Je continuais à profiter des vagues, essayant d'en capturer des plus fortes, ce qui me ramenait plus près du sable. Je plongeais à deux reprises afin de repartir plus loin sur l'eau.

Je prenais une nouvelle vague. Je commençais à fatiguer. Cela faisait à présent une bonne heure que j'avais enfilé ma combinaison. Il me fallait me reposer un peu. Et vu l'heure, je n'allais pas tarder à reprendre le chemin de chez moi. C'était la réflexion que je me faisais en reportant mon regard bleu sur l'inconnue. J'étais assis sur ma planche, mes jambes de chaque côté de cette dernière. Je voyais la jeune femme dans l'eau. Apparemment, elle avait encore bu la tasse. D'ailleurs, plus je l'observais et plus je le disais que quelque chose n'allait pas. Je soupirais avant de me mettre à ramer vers elle. Elle était à quelques mètres d'elle. Et pourtant, je l'entendais suffoquer. Je me laissais tomber de ma planche, retirant l'attache à mon pieds. Je poussais la planche devant moi pour la mener à la plage avant de venir vers la fille qui commençait à paniquer. Elle allait se noyer si elle continuait. Je venais vers elle, l'attrapant par les épaules pour l'aider à remonter à la surface. Mon mètre quatre-vingt cinq me permettait de la maintenir à la surface de l'eau, sans problème. « Calmez-vous...Vous allez encore boire la tasse sinon. ». J'attendais qu'elle se calme un peu pour la lacher et lui permettre de regagner sans mal, la terre ferme.

Quelle cruche, vraiment ! Partout où je passe, il faut que j’offre mon lot de catastrophe. Alors expérimenter le surf et ce en pleine soirée était loin d’être une bonne idée. Qu’est-ce qui m’avait pris ? J’ai moi-même du mal à répondre à cette question. Tout ce que je sais, c’est que j’aurai certainement du m’abstenir, mais quand j’ai quelque chose en tête, je ne l’ai pas ailleurs. Alors que j’étais encore tombée dans l’eau, je laissais la panique me submerger, buvant la tasse à plusieurs reprises. Ma planche était aussi venue se cogner contre ma tête et j’en ressentais la douleur.

Soudain, je senti quelque chose me soulever et me permettre de garder la tête or de l’eau. Enfin quelque chose… plutôt quelqu’un. Un homme, un surfeur très probablement, mais j’étais trop préoccupé pour porter réellement mon attention sur lui. Je l’entendis m’adresser quelques mots. Le son de sa voix me disait vaguement quelque chose. J’avais comme l’impression de l’avoir déjà entendu quelque part. Je restais distraite par cela un moment. Il me demandait de me calmer – « Mais je suis calme ! » - Répondis-je, mais c’était un mensonge. Il le verrait très certainement, car le ton de ma voix prouvait tout l’inverse. Je tachais de reprendre mon souffle et ainsi, ma tranquillité. Je restais silencieuse un instant, les yeux rivés sur l’homme qui me maintenait. J’avais du mal à distinguer ses traits correctement, car il faisait trop sombre pour cela. Au bout de quelques minutes, j’avais retrouvé mon calme – « C’est bon, ça va mieux. Merci. » - Signalais-je d’une voix plus posée. Le surfer me relâchait et je récupérais ma planche qui était toujours attachée à mon poignet. J’appuyais un de mes bras dessus tandis-ce que mon autre bras me permettait d’avancer dans l’eau. Je n’avais aucune envie et surtout plus le courage de remonter sur cette maudite planche. L’inconnu restait à mes côtés. Heureusement qu’il était intervenu, parce que j’aurai sans doute fini par me noyé à cause de ma crise de panique. Je sais pourtant très bien nager, mais il faut dire que la panique me fait perdre tous mes moyens.

Enfin arrivé sur la terre ferme, je m’étalais sur le sable, épuisée, profitant de l’air pour respirer à pleins poumons. Je passais ma main sur mon crâne et grimaçais à l’endroit où je m’étais cognée. Mon poignet était désormais libéré de l’attache qui le reliait à la planche. Je portais de nouveau mon attention sur celui qui était venu à mon secours – « Encore merci d’être venu m’aider. » - Dis-je avec reconnaissance. Je me redressais avant d’ajouter : « Vous avez bien du vous marrer, je suis sûre... » - Comme toujours, il fallait que j’accorde de l’importance à ce qu’il avait pu voir et penser de moi. Il devait probablement être un surfer confirmé parce que les novices ne viennent pas surfer le soir. Puisqu’il m’avait vu en difficultés et était venu à mon secours, je supposais qu’il avait aussi vu ce qui c’était passé avant. Mes chutes à répétions et ma façon très « spéciale » de m’y prendre avec les vagues.

La demoiselle était loin d'être calme. Voilà pourquoi j'avais gardé mon emprise autour de sa taille afin de la maintenir à la surface de l'eau et lui éviter une nouvelle fois de boire la tasse. Après quelques secondes, elle finit par se calmer et s'immobiliser quelque peu contre moi alors que les vagues se faisaient toujours un peu plus fortes. Ma planche était à mes côtés, flottant sur l'eau. La jeune femme reprit ensuite la parole et je desserrais l'étreinte de mes bras autour de ses épaules jusqu'à la lâcher, m'assurant qu'elle tenait sur ses jambes. Elle récupéra sa planche et se dirigea vers la plage. Je l'observais un instant. Apparemment, sa mésaventure l'avait décidé à ne plus rien tenter pour ce soir. Et j'étais loin d'être étonné. Je fis de même, reprenant ma planche avec moi pour retourner sur le sable. Je sentais la brise tiède sur mon torse et dans mes cheveux, encore mouillés. Je plaquais ces derniers afin que l'eau ne ruisselle pas sur mon visage. Je marchais d'un pas régulier jusqu'à sortir de l'eau. Je lâchais ensuite ma planche qui tomba à mes pieds. Je reportais mon attention sur la jeune femme qui s'était étalée sur le sable. Je fronçais les sourcils alors que la lune me faisait entre-apercevoir les traits de son visage. Il ne m'était pas inconnu... J'étais quasiment certain de l'avoir déjà vu. Mes yeux examinèrent sa silhouette. On ne pouvait pas dire qu'elle était vilaine. Loin de là. Mon attention se porta à nouveau sur la demoiselle quand elle me remercia. Heureusement que j'étais là oui, sinon elle aurait fini trois mètres sous l'eau. Je ne comprenais pas les inconscients qui prenaient la mer sans même se renseigner sur l'état de la météo et celui des vents. Des personnes s'étaient déjà noyés ici et cela avait fait la une des journaux locaux.

Je me penchais ensuite pour attraper la serviette que j'avais posé près de mes affaires. Je m'essuyais le visage puis les avant-bras. « Si je n'avais rien fait, cela aurait été de la non assistance à personne en danger. » Je savais qu'elle comprenait qu'elle l'avait échappé belle. Je l'observais à nouveau quand elle prononça ces paroles suivantes. « La bêtise ne m'a jamais fait rire. » Je retirais ensuite ma combinaison de surf, me retrouvant en boxer. Je prenais ensuite mon jean que je remettais. Je la voyais ensuite trembler légèrement. « Est-ce que ça va aller? » Je n'étais pas sûre qu'elle soit en mesure de rentrer chez elle dans cet état. Je soupirais intérieurement. Dieu, s'il existait, avait apparemment décidé de m'envoyer toutes les gonzesses en péril. Je remettais mon t-shirt blanc ainsi que ma veste de motard. Je lui passais ensuite ma serviette pour qu'elle puisse s'essuyer à son tour. Je n'avais vu aucune fringue sur la plage. Je suppose qu'elle était venue sans rien. Ce qui ne m'étonnait pas vraiment.

Je posais mes yeux sur le visage du surfer, asseyant d’examiner ses traits. Ce qui était étrange, c’est qu’il me disait quelque chose. La luminosité était faible, certes, mais j’avais l’impression d’avoir déjà vu ce visage quelque part. Tout comme plus tôt, sa voix m’avait eu l’air familière. Je ne parvenais cependant pas à me souvenir pourquoi ce visage m’était familier. Où avais-je bien pu le rencontrer ? Je ne le quittais pas des yeux, comme si le fixer ainsi allait me donner la réponse – « Ah donc vous m’avez aidé, car la non assistance a personne en danger vous aurait causé des problèmes. » - Répliquais-je en ne plaisantant qu’a moitié – « Je plaisante. Ça m’arrange que vous l’ayez fait, donc peut importe merci. » - En effet, je serais certainement au fond de l’eau, inerte si il n’était pas intervenue. Qu’importe ce qui l’avait poussé à me venir en aide ce soir, il l’avait fait et j’étais là. Alors tant mieux. Je lui en étais véritablement reconnaissante. Je l’observais discrètement tandis-ce qu’il retirait sa combinaison, se retrouvant en boxer avant d’enfiler ses vêtements. Il était plutôt bien foutu. Mais je détournais le regard lorsqu’il m’observait. Je ne voulais pas avoir l’air de le « mater » - « Oui, c’était plutôt bête de venir surfer ici en pleine nuit alors que je ne sais pas surfer. Je ne sais pas ce qui m’a pris. » - Déclarais-je. C’était de la bêtise il n’y avait pas de doutes ! Je n’avais pas une seconde pensé au danger et pourtant, je suis généralement du genre à toujours m’imaginer le pire. Je crois que le fait de me retrouvée perdue dans une ville et un pays où je ne connais rien commence à me rendre dingue.

Le surfer me tendait sa serviette afin que je puisse m’essuyer. Je me relevais avant de m’essuyer, j’allais attraper froid si je restais mouillée, bien que l’air soit plutôt doux – « Oui, ça va aller. » - Lui répondis-je, la voix légèrement tremblotante. J’étais encore quelque peu secouée par l’incident qui venait de survenir. On ne m’y reprendrait plus, c’était certain ! Je plaçais la serviette sur mes épaules pour me réchauffer. Je lançais un coup d’œil à l’horizon pour chercher du regard mes affaires. J’avais laissé mes vêtements sur la plage, un peu plus loin. Puis, je reportait mon attention lui. C’était très perturbant d’avoir l’impression de le connaître sans savoir d’où me venait ce sentiment. Peut-être que je me trompais. Après tout, si on s’était déjà rencontré il devrait me reconnaître lui aussi, non ? Je restais un moment ainsi, silencieuse à l’observer. J’étais bien décidé à trouver une réponse à mes interrogations, alors je demandais : « Vous vivez à Gold Coast depuis longtemps ? » - Ma curiosité l’étonnerait peut-être ou lui déplairait, mais je voulais savoir. C’était invraisemblable que l’on se soit déjà rencontré si il était depuis toujours en Australie. J’avais passé deux séjours de vacances ici étant enfant. J’éliminais cette possibilité tout de suite, certaine de ne pas l’avoir rencontré à ce moment là de ma vie. Et puis, autre chose me traversa l’esprit : Peut-être que je l’avais rencontré à une mauvaise période de mon existence ? Cette période que j’essayais à tout prix d’oublier…

Je boutonnais mon jean alors que la demoiselle reprenait la parole. A vrai dire, je ne savais pas pourquoi j'étais venue à son secours. Je n'avais rien d'un bon samaritain mais je ne restais pas impassible quand quelqu'un était en danger. Et c'était ce qui s'était passé ce soir là. J'avais agi par instinct. Je n'avais pas pensé à quoi que ce soit d'autre, qu'à lui venir en aide. J prenais ensuite mon portefeuille que je fourrais dans ma poche de blouson. Je n'étais pas du genre à m'inquiéter qu'on me vole quoi que ce soit. Je laissais toujours mon porte-feuille avec mes vêtements sur la sable quand j'allais me baigner. Elle me remercia. Ce que je trouvais inutile. Elle n'avait pas à me remercier. Je posais à nouveau mon regard bleu sur elle. Je ne savais pas non plus pourquoi elle avait été dans l'eau, avec une planche de surf alors qu'elle ne savait pas surfer. C'était inconscient. Elle aurait pu se noyer si je n'avais pas été là. Que pouvais-je répondre à cela? Qu'elle avait été idiote de tenter de surfer alors que le vent était violent et qu'on n'y voyait rien à dix mètres de là? Elle savait parfaitement qu'elle n'avait pas agi de façon logique et censée. Il était inutile de relancer la conversation sur ce fait. Je la laissais s'essuyer avec la serviette éponge que je lui avais donné. Je l'observais. Je ne voyais pas très bien son visage à cause de la semi pénombre. Pourtant, elle me semblait familière. J'avais l'impression d'avoir déjà entendu sa voix quelque part. Et en matière de voix, j'avais une bonne mémoire. Je fronçais les sourcils alors que je passais une main dans mes cheveux encore tout humides.

A sa question, je reportais mon regard sur elle. Pourquoi me posait-elle cette question? Je ne le savais pas. Mais tout comme je pouvais l'intriguer, elle m'intriguait elle aussi. Parce que plus, elle parlait (et elle parlait), plus j'avais vraiment l'impression de l'avoir déjà croisé quelque part. « J'y suis né mais j'ai vécu dix ans à New York. » Je n'aimais pas parler de moi mais là, c'était du donnant, donnant. Puis je mis enfin un nom et surtout un souvenir sur la demoiselle qui me faisait face. Ces yeux bleus magnifiques, plus azur encore que les miens, cette longue crinière brune et ces lèvres roses et appétissantes... « Lennon? » J'étais quasiment certain de ne pas me tromper de personne. Quoi qu'à l'époque de notre rencontre, elle semblait un peu plus délurée et moins sage qu'elle semblait l'être à cet instant. Je passais une main sur ma nuque. Je me souvenais bien d'elle et de la soirée puis de la nuit que l'on avait passé ensemble. Je la voyais rougir vivement à mes paroles. « Tu as quitté les États-Unis? ». Je voulais savoir à présent, ce qu'elle faisait ici. Si je me souvenais bien, elle venait d'un petit bled de Virginie.

Plus je l’observais et plus j’étais persuadée de l’avoir déjà rencontré. C’était tellement agaçant de chercher dans mes souvenirs et de ne pas parvenir à situer cette rencontre. L’homme n’était pas vraiment bavard, il se contentait de répondre par des silences à mes paroles. A côté de lui, je devais avoir l’air d’une bavarde, pourtant, je ne le suis pas forcément, surtout pas à des inconnus. Sauf que lui, ce n’était pas un inconnu comme les autres. Et puis, il déclarait avoir vécu dix ans à New York et c’est à cet instant précis que tout me revint. New York. C’était là bas que nous nous étions rencontrés. Lors de mon premier et unique voyage dans cette ville immense. La « grosse pomme » comme on l’appelle. J’avais rencontré cet homme, Reedan (ça me revenait maintenant) lors d’une soirée. Il connaissait l’ancienne moi, celle que je voulais à tout pris oublier. Je me contentais de hocher la tête silencieusement priant pour qu’il ne se rappelle pas de moi. Malheur ! L’instant d’après il m’appelait par mon prénom, prouvant qu’il se souvenait de notre rencontre aussi – « Euh non désolée, moi c’est Emily. » - Mentis-je en essayant d’être le plus crédible possible. Emily était mon second prénom. Je ne le quittais pas des yeux et tachais de ne pas bouger. Je n’avais pas envie d’être trahie par mes gestes – « Vous devez vous tromper de personne. Après tout, j’ai un physique assez commun. » - Ajoutais-je. Des brunes aux yeux verts, ça court les rues, n’est-ce pas ? Je lui tendais sa serviette, impatiente d’aller récupérer mes affaires et de m’éloigner le plus possible de lui. Si je suis venue vivre à Gold Coast, c’est pour me refaire une vie et je n’ai aucune envie qu’il me ramène à mon passé. Je ne suis pas très fière d’avoir couché avec le premier venu. Qu’est-ce que ça fait de moi ? Une fille facile ? Je n’ose même pas imaginer ce qu’il pense de moi, sûrement pas du bien en tout cas ! – « Encore merci. Je dois renter, il se fait tard. Au revoir. » - J’attrapais ma planche et tournais les talons, avant aller récupérer mes affaires qui étaient restées seules sur le sable, un peu plus loin. J’enfilais rapidement ma robe et rassemblait le reste de mes affaires avant de quitter cette plage. Arrivée à la sortie de la plage, non loin du parking, ma maladresse légendaire parla de nouveau. Je trébuchais sur un caillou et chutait – « Aie ! Merde ! » - Alors que je ramassais mes affaires avant de me relever doucement, j’entendis un bruit. Reedan. Il fallait que je le croise à nouveau…